22 novembre 2024
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« Le déclassement français » : au cœur des relations franco-algériennes

Le déclassement français

Quel poids la France a-t-elle en Algérie ? Le système est-il otage de sa léthargie? Subit-il les directives de l’Elysée ? Comment la gérontocratie d’Alger se maintient-elle contre vents et marées ? Autant de questions auxquelles le livre « Le Déclassement Français, Quai d’Orsay, DGSE: les secrets d’une guerre d’influence stratégique » aurait tenté de répondre.

Publié le 13 janvier 2022, aux éditions Michel Lafon par Christian Chesnot, un spécialiste du Moyen-Orient, qui travaille à la rédaction de France Inter depuis 2005 et Georges Malbrunot, grand reporter au Figaro et spécialiste du Moyen-Orient et du conflit israélo-palestinien, l’ouvrage est une plongée dans les coulisses du système.
A travers  les confessions de plusieurs diplomates et gradés du renseignement français, on se retrouve au cœur de l’énigme algérienne avec toutes ses zones d’ombre. Les dessous secrets des relations franco-algériennes ont été passés à la moulinette dans le troisième chapitre (près d’une trentaine de pages) intitulé : « Algérie : le champ de mines de la mémoire ». De prime abord, on comprend que l’Algérie est un sempiternel casse-tête au plus haut sommet pour les officiels français!
Pour preuve, « lors d’une réunion à l’Élysée consacrée à des scénarios de crise dans le monde, Emmanuel Macron a eu cette réplique : «Un jour, l’Algérie nous pétera à la figure ! » Comme une bombe à retardement… », révèle même le livre-enquête qui met ainsi en lumière l’importance stratégique de l’enjeu de la stabilité de l’Algérie aux yeux de la France et ses divers dirigeants.
Pour la France, le sujet de préoccupation n°1, étant d’ordre démographique. La population algérienne augmente au rythme d’un million de naissances par an, un taux de croissance comparable à celui de l’Egypte.
Ce qui, selon les analyses des deux auteurs, mènera « logiquement » à une islamisation croissante du pays d’ici quelques années. L’influence conservatrice de l’islamisme irrigue toute la société, ce qui provoque une menace pour la France laïque et ses valeurs.
L’islamisme est de moins en moins soluble dans les banlieues françaises et menace le vivre-ensemble et le socle républicain. Au tout début d’ailleurs les deux analystes évoquent la visite de Macron en Algérie 2017 où ce dernier aurait lancé aux caciques du régime ceci : « Vous êtes responsables du malheur de votre jeunesse et cette jeunesse vient me poser des problèmes dans les banlieues françaises ».
 Autre souci majeur pour l’Elysée, c’est ce qui est décrit dans le livre comme « anarchisation » de la société, ou plutôt « un pays en voie d’anarchisation » (paroles d’un ancien diplomate ayant requis l’anonymat). Celui-ci considère l’Algérie comme un pays fragile et quelque peu déglingué, déprimé psychologiquement et socialement. Cela est dû, d’après lui toujours, à une « calcification » du pouvoir en place qui perd de légitimité à chaque élection.
« Certes, confient de nombreuses sources aux deux journalistes, pour les décideurs français, l’Algérie n’est pas un dossier simple, mais ceux-ci devraient être mieux informés de la réalité du pouvoir algérien, qui est toujours dans une posture de rapport de force avec Paris».
Un pouvoir qui nous connaît mieux les officiels français que ceux-ci le connaissent, compte tenu de l’importance de la diaspora et ses relais en Hexagone. Les deux journalistes mettent en exergue le fait qu’il y a, ces dernières années, un désintérêt croissant en Hexagone concernant le Maghreb, en particulier l’Algérie.
« À la cellule diplomatique de l’Élysée, notent-ils, il existe bien un conseiller Afrique du Nord et Moyen-Orient, mais ce dernier est en réalité happé par les affaires du Levant et du golfe Persique qui monopolisent toute son énergie ».
La France se désintéresse-t-elle du coup de l’Algérie? Les deux spécialistes qui ont évoqué aussi dans cet ouvrage le Liban, l’Iran, la Libye, ne semblent pas être catégoriques là-dessus, se contentant de  «la nomination à l’Élysée d’un conseiller spécialement en charge des trois pays maghrébins (Maroc, Algérie, Tunisie) ne serait pas du luxe, compte tenu des enjeux stratégiques majeurs de l’autre côté de la Méditerranée (migrations, consolidation des implantations chinoise et turque aux portes de l’Europe, montée en puissance d’un conservatisme religieux, voire d’un islamisme radical, etc.) ».
Kamal Guerroua
« Le Déclassement Français, Quai d’Orsay, DGSE: Les secrets d’une guerre d’influence stratégique », Michel Lafon, 19.95 euros.

3 Commentaires

  1. Mister Guerroua a le don pour me rassurer et a me guerrir de mes mauvaises influences.

    J’ai apprécié ce paragraphe

    « ….La population algérienne augmente au rythme d’un million de naissances par an, un taux de croissance comparable à celui de l’Egypte.
    Ce qui, selon les analyses des deux auteurs, mènera « logiquement » à une islamisation croissante du pays d’ici quelques années. L’influence conservatrice de l’islamisme irrigue toute la société, ce qui provoque une menace pour la France laïque et ses valeurs…. »

    Faut-il comprendre qu’on naît islamiste on ne le devient pas ? quand je disais que chinou on est biologiquement musulman je ne me rendais pas compte .

  2. « Publié le 13 janvier 2022, aux éditions Michel Lafon par Christian Chesnot, un spécialiste du Moyen-Orient, qui travaille à la rédaction de France Inter depuis 2005 et Georges Malbrunot, grand reporter au Figaro et spécialiste du Moyen-Orient et du conflit israélo-palestinien, l’ouvrage est une plongée dans les coulisses du système. »

    Merci de m’informer que l’algérie se trouve au moyen orient
    Il y a un écervelé avec l’aide des Bedouins qui a décrété le « MENA » Midle East North Africa et les ensorcelés le suivent comme des moutons
    Cette affaire de MENA coute à l’Algérie et au pays (lybie, tunisie , algérie et maroc « TAMAZGHA ») 10 Milliards de DOLLARS par an au bas mot
    je peux plus explicite si vous voulez
    et ça mérite un article plus élaboré
    Quant à considérer un spécialiste du moyen (fut il Mr MAKBRUNOT) orient comme un connaisseur de TAMAZGHA c’est une ignorance ou une aliénation aveugle
    REVEILLEZ BORDEL

    Je préfère être colonisé par un éclairé que par un arriéré

  3. « Le déclin français », titre du livre de Christian Chesnot et Georges Malbrunot, deux grands reporters de guerre, autant que grandes oreilles des services secrets de leur pays dans les nouvelles guerres du Levant, en ce XXIème siècle. Un titre qui fleur la nostalgie du bon vieux temps des colonies, lorsque français et britanniques se répartirent, par l’Accord Sykes-Picot, leurs rôles respectifs pour faire la Loi dans tout l’espace Afrique du Nord – Moyen Orient, dénommé, plus tard, « Grand Moyen-Orient » par les théoriciens néoconservateurs de George.W.Bush.
    N’ayant pas lu ce livre, je bornerais ma critique aux propos rapportés sur la politique algérienne de la France. Contrairement à ce qu’en disent les auteurs, la politique algérienne de la France, n’a jamais manqué de clarté, sauf pour les non-voyants. Après la courte période, qui va de 1962 à 1969, durant laquelle le général de Gaulle tenta, à mon avis sincèrement, d’élaborer un partenariat stratégique gagnant- gagnant avec l’Algérie indépendante, la France apportant son soutien financier, technique et technologique au développement de l’Algérie, l’Algérie apportant à la France post coloniale l’immense aura dont elle bénéficiait alors en Afrique, en Asie, et en Amérique Latine au lendemain de son indépendance. Ce projet ne survécut pas à la retraite politique du Général. Les choses ont changé, radicalement, le 24 février 1991, après la décision algérienne de nationaliser ses ressources pétrolières et gazières. En riposte, le Président George Pompidou, ancien Fondé de pouvoir de la Banque Rothschild, et dont les intérêts personnels auraient été lésés dans cette affaire, décida des représailles économiques contre l’Algérie, en boycottant le pétrole algérien déclaré « pétrole rouge » et en rappelant immédiatement tous les techniciens français travaillant dans le secteur pétrolier algérien. En attendant que fut élaborée, dans les laboratoires de l’Ecole de Guerre française et au Quai d’Orsay la nouvelle politique française en Afrique du Nord dont la ligne stratégique était de « neutraliser le centre par les ailes », entendez par là : contenir les ambitions de l’Algérie, en ameutant contre elle, chaque fois que nécessaire, la Tunisie à l’Est, le Maroc à l’Ouest et, au besoin, ses partenaires au Sud. Cette stratégie, confirmée par l’opération militaire Lamantin sous le septennat de Valéry Giscard d’Estaing, puis en 1984 par la Président Mitterrand, lors de sa rencontre tenu d’Ifrane avec Hassan II, à l’insu de son Ministre des Affaires étrangère, Claude Chayson, qui à l’inverse, prônait un rapprochement avec Alger et a dû démissionner du Gouvernement. Cette ligne politique demeure inchangée, à ce jour : les gouvernements français successifs continuent d’apporter au Maroc, à la fois, soutien militaire et diplomatique dans toutes les enceintes internationales, tout en abreuvant le pouvoir de fait d’Alger de leur discours lénifiant, prétendument amical, pour mieux maintenir captif et sans contrepartie, un marché si précieux à leurs entreprises. Ou plutôt, une connivence avec les képis qui nous tiennent lieu de gouvernement, pour le pillage en commun des ressources de notre pays, en contrepartie de la maltraitance à huis clos de notre peuple! De la momie ambulante à la marionnette léguée par Gaid Salah!
    A en croire MM. Chesnot et Malbrunot, le Président Macron aurait déclaré aux autorités d’Alger, je cite : « Vous êtes responsables du malheur de votre jeunesse et cette jeunesse vient me poser des problèmes dans les banlieues françaises ». Sans nous dire ce que fut la réponse de ses interlocuteurs supposés. J’espère que ces derniers lui ont rappelé que nos herragas, lorsqu’ils n’ont pas servi de nourriture aux poissons de la Méditerranée, vivent traqués dans l’hexagone, la peur et la faim au ventre, et ne posent nul problème dans les banlieues françaises. Le vrai, et le seul problème de ces banlieues, provient de la mise à résidence surveillée, d’hommes et de femmes de couleurs arc en ciel, français de seconde zone et émigrés de n générations, discriminés et bannis en périphérie des grandes villes. En parlant des problèmes de ses banlieues, le Président Macron semble se référer aux seuls problèmes posés par les tenants de l’islamisme radical. En exagérèrant volontairement, un prétendu lien entre émigration, banlieue et terrorisme islamique, pour expliquer, voire justifier l’exclusion sociale des français d’origine nord-africaine et subsaharienne comme vecteurs de désordre, de criminalité et, pour tout dire, de terrorisme! Jupiter aurait mieux fait de tourner plusieurs fois la langue dans la bouche avant de parler « d’Algérie en voie d’anarchisation » pour qualifier la grande révolte nationale du 22 février, pensant probablement aux Gilets jaunes qu’il n’a pas hésité à réprimer violemment.

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