Reporters sans frontières a classé l’Algérie à la 134e place sur 180 pays, à côté du Maroc mais un classement plus mediocre que celui des pays comme le Mali, l’Ethiopie en guerre ou le Soudan Sud.
On le sait, la situation de la liberté de la presse est pour le moins catastrophique. Elle est muselée par le régime.
De fait, l’ensemble du secteur est crise. D’abord par le fait d’un régime qui ne veut plus s’encombre de la liberté d’expression en général et de celle de la presse en particulière. Ensuite, le chantage qu’exerce le régime sur la publicité (le silence, voire la compromission contre des pages de pub) expose de nombreux médias à une crise structurelle.
Le rapport de Reporters sans frontières ne fait que confirmer ce que tout Algérien avertit connaît déjà. Les médias qui refusent de devenir de simples vassaux des autorités en place vivent la pire séquence de l’histoire de la presse privée depuis 1989.
Aux nombreuses fermetures de journaux comme La Tribune, Liberté, s’ajoutent l’emprisonnement de journalistes comme Mohamed Mouloudj, des sites comme lematindalgerie.com dont l’accès est bloqué depuis deux ans par les autorités, des journalistes qui s’autocensurent sous les coups de boutoir d’un régime chatouilleux, voire nerveux et une situation économique particulièrement délétère.
De nombreuses chaînes d’information étrangères ont vu leurs bureaux fermés d’autorité à Alger, des journaux comme Le Monde diplomatique, Jeune Afrique, etc., ne sont plus en vente dans le pays… l’Algérie s’est fermée de plus en plus à l’expression libre. La séquence Tebboune marquera les esprits par sa brutalité, le démantèlement systématique de tous les acquis. Elle coûtera très cher à la presse mais à l’Algérie entière.
En Afrique, estime RSF, la liberté de l’information revêt plusieurs visages sur ce continent, où coexistent à la fois la presse foisonnante du Sénégal (73e du classement) ou d’Afrique du Sud (35e) et le silence assourdissant des médias privés en Érythrée (179e) ou à Djibouti (164e). Donc il y a une prese prometteuse mais aussi une autre moribonde, selon les vœux des dirigeants en place.
L.M.