22 novembre 2024
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Législatives 2022 : un scrutin avec de nombreux enjeux

Législatives

Choix du gouvernement, recomposition politique, financement des partis… Les élections législatives des 12 et 19 juin sont déterminantes à bien des égards.

Depuis vingt ans, elles suivent de quelques semaines la présidentielle et sont bien moins médiatisées. Les élections législatives sont pourtant tout aussi importantes dans la vie politique française, car elles permettent à tous les électeurs de choisir les 577 députés qui siègeront à l’Assemblée nationale pour fabriquer la loi et contrôler l’action du gouvernement.

Cette année, le scrutin a lieu les dimanches 12 et 19 juin, près de deux mois après le second tour de la présidentielle. Alors que l’abstention menace à nouveau d’atteindre des sommets, franceinfo a listé huit raisons de s’intéresser à cette élection capitale pour le second quinquennat d’Emmanuel Macron.

Parce que l’identité du gouvernement dépend de l’Assemblée nationale

« C’est l’enjeu principal de ces législatives », assure à franceinfo Mathieu Gallard, directeur d’études à l’institut Ipsos. Le choix du Premier ministre et la formation du gouvernement appartiennent, dans la Ve République, au président de la République. Celui-ci doit néanmoins suivre les résultats des législatives pour composer son équipe gouvernementale, sous peine de voir ses choix contrecarrés par les nouveaux députés. « Depuis 2002, avec le quinquennat et l’inversion du mode de scrutin, rappelle Mathieu Gallard, le président obtient une majorité absolue et les législatives sont une élection de confirmation » pour lui.

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Cette année, « c’est la première fois qu’il y a un léger doute » sur cette majorité, estime le sondeur. Entre la majorité absolue et la perte sèche de la majorité, « un autre scénario est possible », selon le politologue Pascal Perrineau.

« Il pourrait y avoir une majorité relative, ce qui entraînerait une cohabitation à l’intérieur des différentes forces qui soutiennent le président de la République », selon Pascal Perrineau, politologue, à Franceinfo.

Cette coalition pro-Macron pourrait s’étendre jusqu’aux membres du Parti socialiste et des Républicains hostiles à la gauche radicale et à l’extrême droite.

Parce qu’Emmanuel Macron va tenter d’asseoir sa légitimité, contestée

Nettement réélu le 24 avril avec 58,54% face à Marine Le Pen, Emmanuel Macron aborde les législatives en favori, avec le soutien des différents partis de la majorité : La République en marche, le MoDem, Horizons, Agir ensemble, En commun et Territoires de progrès. « Qu’il n’ait pas de majorité est une hypothèse extrêmement improbable, mais il va devoir mobiliser son électorat », souligne Mathieu Gallard. S’il n’a pas la majorité, Emmanuel Macron ne pourra pas appliquer son projet.

A l’inverse, s’il remporte l’Assemblée en juin, « il pourra s’appuyer sur sa propre élection et la confirmation avec les législatives, deux arguments solides pour dire que les Français ont validé son programme », observe le spécialiste. De quoi mieux contrer les procès en illégitimité qui lui ont été faits au lendemain du premier tour, notamment à gauche.

Parce que l’union de la gauche veut créer la surprise

Un nouvel acronyme a fleuri depuis quelques semaines. Il s’agit de la Nupes, pour Nouvelle Union populaire écologique et sociale, l’alliance des formations de gauche pour les élections législatives. Elle est composée de La France insoumise (LFI), force principale de ce bloc de gauche grâce aux 22% de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, avec Europe Ecologie-Les Verts (EELV), le Parti socialiste (PS) et le Parti communiste français (PCF), partis désunis à la dernière présidentielle et aux législatives de 2012.

Avec la Nupes, Jean-Luc Mélenchon a demandé aux Français de « l’élire Premier ministre », dans un raccourci entre l’élection des députés et la nomination du locataire de Matignon. « Le message de Jean-Luc Mélenchon, c’est de mettre en place une cohabitation » avec Emmanuel Macron, explique Mathieu Gallard, pour qui cette option « paraît extrêmement improbable ». Toutefois, « son objectif prioritaire, qui est de s’installer comme la première force d’opposition, est réaliste ». En s’approchant du cap des 150 députés, soit plus d’un quart du Palais-Bourbon, le troisième homme de la présidentielle pèserait davantage sur le mandat que lors des cinq années précédentes.

Parce que Les Républicains veulent échapper au pire

Les Républicains étaient la première force d’opposition parlementaire sous le quinquennat précédent. Mais le faible score de Valérie Pécresse et les nombreuses divisions ont réduit leurs chances de conserver plus de 100 députés à l’Assemblée nationale. Dans le même temps, la majorité sortante a multiplié les signes d’ouverture à droite, avec des investitures accordées à des députés LR sortants, comme Constance Le Grip ou Robin Reda.

Surtout, Les Républicains pourraient pâtir de la dynamique de la Nupes. « Une partie de l’électorat LR peut se dire que face à la progression de la gauche et la perspective de voir Jean-Luc Mélenchon Premier ministre, il faut peut-être voter utile », analyse Mathieu Gallard. Dans ce contexte, cela se traduirait par un vote pour les candidats macronistes dès le premier tour et un affaiblissement mécanique des candidats LR.

Parce Marine Le Pen « veut empêcher le président de faire ce qu’il veut »

Marine Le Pen s’est une nouvelle fois qualifiée pour le second tour de la présidentielle. Mais comme en 2017, elle n’a pas su battre Emmanuel Macron en finale. Quelques semaines plus tard, elle aborde les élections législatives sans l’ambition de les gagner. « La logique des institutions veut que le président de la République ait une majorité. Tous ceux qui racontent autre chose racontent des fables », a-t-elle expliqué sur TF1, mardi 10 mai. Un tacle direct à Jean-Luc Mélenchon, qui tente de ravir la majorité à Emmanuel Macron.

La dirigeante du RN vise plutôt la constitution d’une minorité de blocage. « Le rôle d’une opposition ferme, efficace, convaincue, c’est d’éviter au président de la République précisément de faire ce qu’il veut », a-t-elle aussi défendu sur TF1. Celle qui souhaite être réélue dans le Pas-de-Calais a bien conscience des difficultés du Rassemblement national dans ces élections. « Il a peu d’ancrage local et une faiblesse structurelle à faire élire des députés, décrypte le sondeur de l’Ipsos. Il y a aussi un risque de démobilisation des classes populaires, alors que ce sont des électorats qui votent souvent pour elle. »

Parce que ce sont les premières législatives d’Eric Zemmour et de Reconquête

Structuré pour l’élection présidentielle et la candidature d’Eric Zemmour, le parti d’extrême droite Reconquête va tenter d’entrer au Parlement à l’occasion des élections législatives. La tâche sera très difficile après le petit score de 7% d’Eric Zemmour au premier tour et du faible nombre de candidats connus pour cette élection. Pour peser, l’ex-polémiste souhaite être élu dans la quatrième circonscription du Var, où il a réalisé le double de son score national. Dans ce territoire, Marine Le Pen est arrivée largement en tête aux deux tours et un candidat RN, Philippe Lottiaux, sera face à lui.

Parce que l’enjeu financier est énorme pour les partis

C’est « une élection capitale pour les partis », avance Mathieu Gallard. Pas seulement pour leur place dans l’hémicycle, mais aussi pour leur trésorerie. En effet, un député « rapporte » à son parti 37 400 euros par an, comme un sénateur. Un groupe de 20 députés permet à un mouvement de percevoir 3,7 millions d’euros sur l’ensemble du quinquennat.

Ce n’est pas tout : s’ils obtiennent au moins 1% des suffrages exprimés dans au moins 50 circonscriptions au premier tour, les partis reçoivent 1,64 euro par voix et par an. Avec environ 2,5 millions de voix aux dernières législatives, La France insoumise a pu compter sur une dotation de 20,5 millions d’euros de 2017 à 2022. « La loi est conçue pour que le financement soit à l’image du poids politique des partis », défend le politologue Bernard Dolez à France 3. « Ces dotations sont essentielles pour les partis en dynamique mais aussi pour ceux qui jouent leur survie, comme le PS et LR », renchérit Mathieu Gallard.

Parce que l’abstention pourrait rebattre les cartes

Traditionnellement, l’abstention est plus forte lors des élections législatives que pour la présidentielle qui les précède. En 2017, plus d’un électeur sur deux (51,3%) ne s’était pas rendu aux urnes pour le premier tour du scrutin. Contrairement à la présidentielle, cette abstention joue un rôle important dans le casting du second tour pour lequel trois, quatre, voire cinq candidats, peuvent théoriquement se qualifier. Un candidat doit en effet obtenir plus de 12,5% des voix des électeurs inscrits, et non exprimés.

Ainsi, si l’abstention atteint 50% dans une circonscription, il faut dépasser les 25% des voix exprimées pour valider son ticket pour le second tour. Ce seuil, relativement élevé dans un contexte de forte abstention, explique l’existence d’une seule triangulaire en 2017. « Il n’est pas impossible que la participation soit supérieure à ce qu’elle fut en 2017 si Jean-Luc Mélenchon arrive à mobiliser l’électorat de gauche », conclut Mathieu Gallard. Avec Francetvinfo

1 COMMENTAIRE

  1. En sorte , aucune hypothèse possible ou seulement probable n’est à exclure. On ne prend pas le risque de se tromper. Sauf les sondages qui eux continuent à nous donner à l’avance des faux résultats. Souvenons-nous que V. Pécresse était donnée au deuxième tour de la Présidentielle.

    Alors que les autres partis ont tiedi leurs ardeurs pour l’instant seule Nupes fanfaronne et gonfle ses prétentions.

    Iben moua je m’y risque , sans fioritures, en pariant sur la victoire de Renaissance. Majorité relative ou absolue , mais majorité kamim . Car quoi qu’il en soit aucun parti ni alliance n’est capable de faire mieux, tout simplement. Ipitite même , compte tenu du système électoral majoritaire et de l’abstention, que Renaissance fera une rasia sur les sièges.

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