Ce mardi 24 mai marque les trois mois depuis le début de la guerre en Ukraine, « l’opération spéciale » souhaitée par la Russie et qui n’aurait dû durer que quelques jours, Moscou pensant que Kiev serait vite prise par ses troupes.
Mais la guerre semble partie pour durer, comme le souligne de plus en plus d’experts. Une guerre très violente sur le terrain et une guerre d’images et d’informations. Si à l’heure actuelle ni Kiev, ni Moscou n’ont communiqué de chiffres précis sur les pertes au sein de leurs armées, les estimations qui circulent font état de pertes colossales du côté russe.
Après trois mois de conflit, la Russie aurait perdu presque le même nombre de soldats qu’après neuf ans de guerre en Afghanistan, estime le ministère britannique de la Défense dans son point quotidien sur la situation en Ukraine.
Selon des sources occidentales, entre 12 000 et 15 000 soldats russes auraient ainsi perdu la vie ces trois derniers mois. Un chiffre qui monte à plus de 29 000 selon le décompte du ministère ukrainien de la Défense.
Le nombre inconnu de civils morts
Des chiffres qui, s’ils correspondent à la réalité et si d’aventure la population russe en avait connaissance, pourraient bien entamer le soutien qui semble encore indéfectible des Russes en faveur de leur président Vladimir Poutine. Car, comme le souligne le ministère britannique de la Défense, « à mesure que les pertes en Ukraine continueront à augmenter, elles vont devenir plus visibles et le mécontentement public face à la guerre et l’envie de l’exprimer pourraient grandir ».
Si du côté russe les autorités minimisent les pertes, du côté ukrainien il est également difficile d’obtenir des chiffres. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky évoquait il y a plus d’un mois entre 2 500 et 3 000 soldats tués et plus de 10 000 blessés. Des chiffres qui ne prenaient alors pas en compte les civils morts lors des combats et des bombardements.
Sur les bords de la mer Noire, les canons de la défense antiaérienne rappellent constamment aux promeneurs que le conflit n’est jamais loin. Antonina Lyshinska, 20 ans, croit en la victoire de l’armée ukrainienne. « Je pense que la politique doit passer après la partie militaire. Nous avons réussi à stopper les Russes en de nombreux endroits. Et notre armée remporte des victoires. Bien sûr il y a des défis, mais je reste optimiste. » De nombreux Ukrainiens ont fui pour s’installer à Odessa, où la guerre a été moins destructrice. Kiril, 40 ans, vient de Mykholaiv. Il rêve simplement de retour dans sa ville natale. « J’espère rentrer avant la fin de l’été, retrouver une vie normale, reconstruire, revenir où j’ai grandi. Je préfère une solution diplomatique. Je ne veux pas que les gens meurent. Les politiciens doivent trouver une issue. Malheureusement trop de gens ont été touchés, et rien ne sera plus comme avant. » D’autres viennent de plus loin, comme Tania Kalujna, qui a fui Donetsk en 2014. Toute sa famille a été tuée, mais face à la tragédie, elle reste positive. « Aucune guerre n’est éternelle. A part celle entre le bien et le mal. Donc je garde espoir. J’ai rêvé qu’un jour je rentrais chez moi, à Donetsk, par le train. Et que la ville serait libérée et en Ukraine. J’ai l’espoir qu’un jour ce rêve se réalise. » Alors que les combats font encore rage sur plusieurs fronts, le rêve de Tania Kalujna semble encore bien loin de la réalité. RFI