22 décembre 2024
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Les procès de la honte 

Tribunal de Dar El Beida
Tribunal de Dar El Beida

Action-Détenus a suivi les procès de la session criminelle judiciaire actuelle, dans lesquels ont été jugés des détenus d’opinion défilant par vagues, ceux dits de la « solidarité » et ceux estampillés MAK ou Rachad par les services de sécurité. Des détenus qui, pour la plupart, n’ont aucun lien avec ces organisations abusivement qualifiées de terroristes pour justifier juridiquement la politique répressive du régime. 

Le suivi de ces procès a révélé à l’opinion publique le ventre immonde de l’injustice institutionnalisée. Sans état d’âme, celle-ci a broyé des morceaux de vies et semé l’effroi dans les familles en n’épargnant ni des toutes jeunes filles ni des sujets âgés à la santé précaire.

Pendant de nombreux mois, les pleurs des mères, la souffrance des enfants, le désespoir des épouses et époux et le douloureux désarroi des amis et camarades impuissants, ont accompagné ces détenus de l’arbitraire.  Des citoyennes et des citoyens algériens pacifiques se retrouvent jetés en prison et accablés des plus infamantes accusations pour avoir émis une opinion, y compris dans un lointain passé, ou coupables d’avoir accompli le geste le plus humain qui soit, faire œuvre de solidarité envers des personnes et des familles en détresse.

Toute cette souffrance imposée au peuple algérien qui venait de vivre d’autres tragédies (épidémie, incendies) a un seul but : mettre un terme au Hirak, seule force en capacité de mettre fin au système.

Cette stratégie de la terreur pour le maintien du régime, en ciblant les forces vives du mouvement de contestation en le décapitant, en cassant tous les ressorts et les liens, a pour objectif d’empêcher toute résurgence qui viendrait de nouveau le mettre en danger.

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Ces procès ont mis à nu la grande instrumentalisation de la justice à des fins politiques tel que le recours à des lois liberticides spécialement conçues pour semer la terreur comme la promulgation de l’article 87 bis du Code pénal et l’utilisation abusive de la détention provisoire.

Ces décisions répressives sont à l’origine du décalage consternant entre les verdicts rendus, allant jusqu’à l’acquittement après de nombreux mois de détention arbitraire, et le constat de dossiers vides, sans preuves ayant servi de supports aux lourdes réquisitions du parquet.

Le but de terroriser étant atteint, après une durée de détention provisoire la plus longue possible, la requalification des faits est de mise et la libération devient possible d’autant que le non-respect des pactes internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par l’Algérie commence à peser dans le regard critique des instances onusiennes.

Ces détenus d’opinion auront-ils une réhabilitation juridique complète, une réparation morale et financière pour les préjudices subis par eux et leurs familles ? La justice leur sera-t-elle enfin rendue ?

Action-Détenus a également suivi avec attention le jugement de l’affaire du crime odieux survenu à Larbaa Nat Irathen, en août 2021. Ce procès a défrayé la chronique par le constat de stupéfiantes anomalies constatées dans son déroulement expéditif et par les peines maximales distribuées en nombre dont une cinquantaine de peines capitales.

Certes, ce procès ne juge pas des détenus d’opinion, mais, il est indéniable que cette affaire est liée au Hirak ; il s’agit bel et bien d’un procès politique.

Au lieu de rechercher la vérité sur les circonstances de la survenue de ce crime atroce, on a plutôt assisté au procès d’un mouvement politique : le MAK. Ce dernier est accusé d’avoir commandité et exécuté ce crime sans aucune preuve tangible présentée lors de cette parodie de justice.

De plus, d’autres accusations ont été ajoutées dans le communiqué du  procureur de la République, à savoir : « la mise à feux de forêts ayant entraîné la mort de plusieurs personnes », « la fondation d’une organisation visant à commettre des actes subversifs ciblant la sécurité de l’État », « l’agression violente contre des agents de la force publique ».

Ces dernières accusations ne semblent pas avoir été notifiées préalablement aux accusés et n’ont donc pas fait l’objet d’un véritable débat contradictoire lors de cette audience !

Action-Détenus dénonce cette mascarade judiciaire avec des aberrations et des manquements scandaleux qui laissent de grandes zones d’ombre dans  le déroulement des faits. Beaucoup de questions restent sans réponse. La clarification des faits exigeait tout au moins la présence des services de police présents le jour du crime.

En effet, on est en droit de vouloir comprendre leur attitude pour le moins attentiste et irresponsable, qu’ils ont donné à voir. Pourquoi n’ont-ils pas été appelés à la barre, ne serait-ce que pour témoigner ? Créer un incident d’audience par la défense pour exiger leur présence aurait été amplement justifié au vu de la gravité des faits et de la lourdeur des peines encourues par leurs clients.

Quid des dysfonctionnements constatés et des versions contradictoires des différents services de sécurité, des anomalies de l’instruction qui n’a aucunement respecté la présomption d’innocence des prévenus et de leurs plaintes sur des allégations de torture et de contrainte ?

Non, la lumière n’a pas été faite sur cette innommable affaire et l’âme de Djamel Bensmaïl réclame toujours justice.

Que la recherche de la vérité s’impose pour que la justice puisse punir les vrais coupables reconnus par des preuves et qu’ils soient sanctionnés à la mesure de leur forfait, du commanditaire à celui qui a laissé faire.

Pour Actions-détenus, ce procès inique a démontré clairement que le but n’était pas  la vérité pour faire justice mais l’instrumentalisation de ce crime pour atteindre une région clé du Hirak, la Kabylie afin de la discréditer et de l’humilier. Il était impératif pour le régime de défaire moralement la Kabylie, de la stigmatiser pour diviser le Hirak en entretenant des campagnes de haine dans la société. Il y avait lieu également de faire oublier le constat, en cet été noir de 2021, de la grande faillite de sa gestion de l’épidémie et des incendies meurtriers pour lesquels le pouvoir a une grande part de responsabilité.

Si dans un État de droit, la Justice est toujours rendue au nom du peuple, dans « l’Algérie nouvelle », la Justice est pleinement et clairement instrumentalisée contre le peuple.

Le 28 novembre 2022 

Groupe Actions-Détenus 

1 COMMENTAIRE

  1. Oui, il faut le dire haut et fort. Ces condamnés sont innocents. Les assassins de Djamal Bensmail sont les services du DRS; les preuves existent et sont connues du public. Le procès est un procès politique à la stalinienne. Les policiers en civil qui ont arrêté le pauvre Djamal et l’ont présenté comme le pyromane responsable des feux, qui venaient de calciner des dizaines de personnes, pour le livrer à une foule dans le désarroi total sont les véritables assassins. Aucun d’entre eux n’a été interrogé. Juger plus de 100 personnes en 2 jours et prononcer 49 condamnations à mort … je ne trouve pas de qualificatif pour cette ignominie. Les responsables paieront !!

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