Il n’y a rien à dire, chaque président qui passe nous fait regretter le précédent et nous fait espérer le suivant ! Les gens de ma génération se souviennent certainement des aléas qui se dressaient devant nous pour voyager à l’extérieur du pays, celui d’avoir le cran et l’audace d’affronter l’administration de Boumediene pour décrocher, en plus du passeport, le ticket exigé pour chaque projet d’évasion, à savoir l’Autorisation de sortie du territoire national (ASTN).
Les obstacles liés à l’obtention de cette ASTN étaient nombreux, fastidieux, et bien souvent décourageants. À tel point qu’après l’avoir décrochée, nombreux sont les compatriotes à prendre un aller simple pour l’étranger, fatigués de vivre dans une prison à ciel ouvert.
Il a fallu attendre le débonnaire Chadli Bendjedid pour abroger ce cauchemar administratif !
Depuis Abdelmadjid Tebboune, traverser les frontières est désormais défendu pour tous ceux qui sont sous le coup d’une Interdiction de sortie du territoire national, la fameuse ISTN, cette mesure arbitraire qui touche de plus en plus de citoyens.
En effet, depuis fin 2021, de nombreux activistes, avocats, journalistes, artistes et citoyens lambda sont frappés d’une interdiction de quitter le pays sans avoir été notifiés, au préalable, de l’existence d’une ISTN. Les personnes concernées ne savent même pas comment ni devant qui contester cette décision !? Le dernier en date est le journaliste Khaled Drareni qui vient de rendre publique l’information sur l’ISTN qui l’empêche du coup d’aller en Espagne pour recevoir le prix dont il a été gratifié.
Le nombre de cas connus soumis à cette ISTN, imposée d’une manière illégale, ne cesse d’augmenter. Nombre de ressortissants vivant à l’étranger, rentrés pour les vacances, se sont vu interdire de quitter le territoire à leur retour (c’est le cas notamment de Muhend Taferka (*)). Réfugié en Tunisie, l’activiste, Zaki Hannache a récemment jeté un pavé dans la mare en révélant l’existence d’une « black-list » touchant un grand nombre d’activistes. Mais, aucun chiffre exact ou approximatif n’est disponible pour l’heure. Seuls les limiers du renseignement et de la justice sont au parfum.
Certaines indiscrétions parlent d’une liste de 17.000 personnes. Nombre excessif ? Peut-être bien, mais comment le savoir ?
Il se susurre que si certaines des personnes concernées par cette procédure ont choisi de médiatiser leurs affaires, beaucoup d’autres ont opté pour le silence, en tentant de résoudre leur problème, à l’amiable, ou peut être bien au moyen d’une tchipa conséquente ou encore d’une maârifa bien placée… Allez savoir dans ce flou artistique absolu !
Toujours est-il que le pouvoir ne recule devant rien pour appliquer sa loi. Il n’hésite pas à briser l’élan de nos artistes. En effet, samedi 8 janvier 2023, l’inimitable chanteur Oulahlou avait été refoulé à l’aéroport Houari Boumediene, alors qu’il s’apprêtait à partir pour une tournée internationale à l’occasion de Yennayer.
Quant à l’intrépide Amira Bouraoui, c’est façon James Bond qu’elle s’est faufilé à travers les mailles des filets de la police des frontières !
La Constitution algérienne est pourtant claire en ce qui concerne la liberté de circulation et l’interdiction de sortie du territoire national. « Le droit d’entrée et de sortie du territoire national est garanti. Toute restriction à ces droits ne peut être ordonnée que pour une durée déterminée par une décision motivée de l’autorité judiciaire », stipule l’article 49 de la Constitution de décembre 2020.
À cela s’ajoutent les conventions internationales ratifiées par l’Algérie, dont la convention internationale sur les droits civiques et politiques, la déclaration universelle des droits de l’homme (article 13-2), le Pacte international des droits de l’homme (article 12-2) et la Charte africaine des droits de l’homme.
L’ISTN, une mesure censée être exceptionnelle, est encadrée par le code de procédure pénale (Ordonnance 15-02 du 23-07-2015), amendé en 2015 du temps où Tayeb Louh était ministre de la Justice afin de définir les prérogatives des services de la sécurité intérieure.
Comment et par qui sont établies et transmises ces fameuses interdictions de sortie aux autorités de la paf ? Mystère et boule de gomme !
En tous cas, nous sommes nombreux à redouter tout voyage au pays, de peur de pâtir de cette ISTN – dégainée, à tout va, par une police des frontières et une justice peu affables – qui nous éloignerait de nos familles.
Elle n’est pas belle la nouvelle Algérie ?
Kacem Madani
De véritables hors-la-loi à leur tête Tebboune qui en plus de l’ISTN traite tout Algérien le moindrement contestataire de khabardji. De Boumediène à Tebboune. De « plus en plus pire » comme dirait l’autre! Même l’appellation du document en question a évolué dans le mauvais sens. À l’époque de Boumediène on parlait d’autorisation (dans le sens positif de permission de sortie) alors que Tebboune-lui impose l’enfermement (dans le sens négatif de fermeture, mamnou3 el khouroudj). Hormis les prix des hydrocarbures, l’Algérie a reculé de plus de 50 ans dans tous les domaines depuis la désignation de Tebboune à la présidence de la ripou(blique).
« La Constitution algérienne est pourtant claire en ce qui concerne la liberté de circulation et l’interdiction de sortie du territoire national. » – Ne comprenez vous pas qu’ils font ce qu’ils veulent comme si le pays, ses richesses, la justice, l’armée, la police, la gendarmerie et le peuple sont tous leur propriété privée ? Soit on comprend cette hypothèse initiale et principale on comprendra alors ce que veut vraiment dire la issaba. Comment expliquer que des gens condanmés a 20 ans de prison ou ont trafiqué la drogue sont libres pendant que ceux qui ont osé dire ou écrire un mot honnête et sincère sont envoyés en prison pour 10, voir 15 ans ? En gros ils libèrent qui ils veulent et jettent en prison qui ils veulent. La justice, la consitution et tout ce qui touche a la vie et a la mort des citoyens C’EST EUX. Le reste ? Pendant ce temps, continuons a scander inchallah et macha-allah et surtout scruter ce qu’a dit le réptile goudjil de 92 ans sur le mekhzen pour meubler nos journées vides.