21 novembre 2024
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2 ans après le putsch de Kaïs Saïed, la Tunisie plonge dans la crise

Kais Saied
Kais Saied en dictateur accompli

Le 25 juillet 2021, le président tunisien Kaïs Saïed instaurait un régime d’exception. Il limogeait le gouvernement de l’époque et suspendait les travaux d’un parlement qu’il a ensuite dissous en 2022.

Deux ans plus tard, une Constitution présidentialiste est en place tout comme un nouveau parlement aux pouvoirs restreints. Quant au bilan économique et politique du régime de Kaïs Saïed, il reste mitigé.

En l’espace de deux ans, la Tunisie a vécu de nombreux soubresauts politiques et le pays est entré dans une phase de sa transition démocratique difficile à définir. Les ONG et associations de défense des droits humains dénoncent fréquemment la régression des libertés.

Depuis qu’il a accaparé les pleins pouvoirs en un coup de force, le président tunisien, Kaïs Saïed, bafoue les acquis de 2011. Il gouverne par décrets-lois et essaie de « museler les voix critiques », selon Amnesty International. Les défenseurs des droits de l’homme dénoncent également des arrestations arbitraires et une ingérence dans la justice.

« Les libertés en Tunisie sont aujourd’hui menacées et le pouvoir est en dérive autoritaire », selon Hatem Nafti auteur de Tunisie : vers un populisme autoritaire ? « En deux ans, la Tunisie a chuté de 49 places dans le classement de Reporters sans frontières en matière de liberté d’expression, elle devient le quatrième pays arabe en termes de liberté d’expression, après avoir été leader pendant presque dix ans, souligne Hatem Nafti, joint par RFI. Les journalistes sont harcelés par un cadre juridique, notamment avec une loi contre les fake news qui crée une sorte d’autocensure. Le président-directeur général de la radio Mosaïque FM, la radio qui est la plus écoutée de Tunisie, a été mis en détention pendant quatre mois, car le président le soupçonnait de blanchiment d’argent, et surtout, le président s’en est pris à lui pour le ton utilisé dans sa radio, qui est assez critique par rapport au régime. Il y a pratiquement une trentaine d’opposants qui sont en prison. Le cercle des libertés ne fait que se restreindre et de plus en plus de gens ont peur de parler. Mais aussi, de plus en plus de gens soutiennent la dérive autoritaire parce que le président leur offre des boucs émissaires, ce qui permet de détourner le regard de la gravissime situation en Tunisie. »

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«Le pouvoir est dans une dérive autoritaire et liberticide » 

Et récemment, les mauvais traitements réservés aux migrants subsahariens et les discours anti-migrants de Kaïs Saïed ont provoqué l’indignation de la société civile. Lors d’une réunion, Kaïs Saïed avait tenu un discours extrêmement dur sur l’arrivée de « hordes des migrants clandestins » dont la présence en Tunisie était, selon lui, source de « violence, de crimes et d’actes inacceptables ». Il avait aussi insisté sur « la nécessité de mettre rapidement fin » à cette immigration.

Un discours qui a depuis plongé les migrants subsahariens dans une situation critique, car ils sont agressés, renvoyés de leur travail ou leurs domiciles. Certains sont même emmenés dans le désert, à la frontière avec la Libye, où ils sont abandonnés sans eau ni nourriture.

Enfin, sur le plan économique, les indicateurs sont au plus bas. Le pays fait face à des pénuries fréquentes de produits alimentaires faute de pouvoir payer à temps les fournisseurs et les discussions sur le prêt de 1,9 milliard de dollars que la Tunisie négociait avec le FMI depuis plus d’un an sont à l’arrêt.

Si peu de Tunisiens arrivent à se projeter, beaucoup sont résignés face au manque d’alternative politique à Kaïs Saïed qui garde, jusqu’à présent, un certain capital confiance au sein d’une partie de l’opinion. Un capital qui reste néanmoins en sursis face à la dégradation de la situation économique après ses deux ans au pouvoir.

Qu’est devenu Ennahda, le parti islamo-conservateur ?

En moins de 2 ans, la formation Ennahda semble avoir complètement disparu de la sphère politique publique. Dès le coup de force de Kaïs Saïed en juillet 2021, les militants ont dénoncé un « coup d’État ». C’est la ligne qu’ils tiennent jusqu’à aujourd’hui, se plaçant de fait dans l’opposition au président de la République et à son régime.

Ennahda est peu soutenu par l’opinion publique qui l’accuse d’avoir mené la Tunisie à sa crise économique et sociale actuelle. Victime également de problèmes de leadership en interne, le parti a dû faire profil bas ces deux dernières années.

Il a également fait l’objet de poursuites judiciaires constantes. Une vingtaine de ses militants et dirigeants ont été arrêtés dans le cadre de différentes affaires liées à des soupçons de corruption ou de malversations ou même à des déclarations politiques. Le cas le plus emblématique étant celui de son chef depuis plus de 30 ans, Rached Ghannouchi, en prison depuis avril dernier. Les bureaux régionaux d’Ennahda ont été fermés par les autorités et le siège principal à Tunis a été perquisitionné.

La situation reste différente des purges anti-islamistes qui avaient lieu sous la dictature de Ben Ali. Les cadres affirment tenir leur réunion à distance sous l’égide du président par intérim Mondher Ounissi. Ils disent vouloir éviter un face à face frontal avec Kaïs Saïed et plutôt tenter de mobiliser leurs troupes sur la durée plutôt que dans la rue.

Avec RFI

 

6 Commentaires

  1. Le chaos, la crise et la misere sont tout ce que savent faire les dictateurs. Ils ne pourront jamais vivre dans la paix, la democratie ou la transparence. Regardez tous les pays arabes: Syrie, Irak et Libye. On suit la logique.

  2.  » Qu’est devenu Ennahda, le parti islamo-conservateur ? En moins de 2 ans, la formation Ennahda semble avoir complètement disparu… »
    Vous croyez vous à, même à un semblant de, sa disparition partielle? Ou bien quand on ne voit plus quelque chose cela veut dire qu’il a complètement disparu?
    L’organisation des frères musulmans est comme l’hydre aux mille têtes. Pire, comme le virus du sida. Une fois qu’il a contaminé un corps et eux une société point de salut. Même quand on ne voit plus les pestiférés écumer les quartiers ce n’est pas pour autant que la société est redevenu saine. Beaucoup de porteurs , séropositifs, ignore même qu’ils sont contaminés étant donné qu’ils ne montre aucun signe de maladie. Jusqu’à ce qu’un jour se déclare.
    Donc, sans prévention, sans dépistage et sans suivi sérieux des malades ils demeurent des bombes à retardement qui vont continuer à contaminer et ronger la société en silence. Selon leur sainte maxime :  » at’masken Hatta tatmaken » (en gros,  » fait le gentil ou le conciliant Chez nous aussi le fis a disparu officiellement. Mais, a t-il disparu réellement comme fis. Ne parlons pas des nombreux frères et même fils du fils qui ont hérité de lui sinon la rhétorique et les méthodes au-moins l’idéologie. Le fis voulait prendre le trône par la force et les autres, ayant compris la leçon, sont en train, si ce n’est déjà fait, de prendre le pouvoir par petit bouts , par l’infiltration en sourdine.
    Donc, Al nahdha a peut-être disparu de vue, mais les quelques années de sa gouvernance lui ont largement suffit de placer ses pions et miné l’administration. Va toi les extirper. Ils sont autant de grains de sables dans les rouages de la machine et autant de points d’achoppement à la moindre réforme. Aussi, Kais Saied, au delà de ses qualités, ses compétences , ses intentions, a du pain sur la planche ne serait-ce que pour manœuvrer dans un terrain pour longtemps miné par les frerots. Le seul point positif, une chance pour la Tunisie, c’est que les Tunisiens, grâce à Bourguiba et puis ben Ali, sont encire en majorité cultivés, des écoles de qualité, et les frères musulmans n’avaient pas suffisamment de temps pour user le système éducatif pour abrutir les générations futures pour mieux les asservir à leur projets; dont le principal de tous, détruire leur propre patrie jusqu’au fondations en leur faisant croire qu’ils sont entrain de construire sur de bonnes bases de charia, car s’il ya une chose que frerots abhorre c’est la notion de partie. Pour pouvoir ensuite construire la leur de nation, la Oumma chimérique sur les ruines des nations existants réellement.

    • @ Ssipositoir mardi 25 juillet 2023 At 16h30
      Chez nous, le fis n’est pas dissout mais amplifié par la grâce de sa majesté bouteflika, ce qu’il (fis) n’a pas eu par les armes, il a eu avec la complicité du l’empereur qui est resté vingt ans au pouvoir.
      Bouteflika a mis à la disposition des islamistes des moyens lourds de l’état,
      Pendant que lui et sa clique s’occupaient à détourner des milliards de devises, ils ont jeté le peuple dans la bouche des charognards, en vingt ans ils ont suffisamment de temps pour nous abroutir, il n’y a qu’à regarder dans la rue pour voir les dégâts (dix ans de guerre civile pour ne pas vivre ce que nous vivons aujourd’hui pour rien).
      Apparemment ça ne semble pas en voie d’amélioration, car quand on voit un président honoré un enfant un réciteur du coran, on a tout compris.

  3. Complétez…
    Selon leur sainte maxime : » at’masken Hatta tatmaken » (en gros,  » fait le gentil ou le conciliant jusqu’à est-ce que la fortune ou les vents (re)deviennent favorables, autrement dit que tu (re) deviennes fort » Bref, ils t’entuberont , indifféremment, par la force ou par les sentiments.

  4. Nous sommes là devant la preuve la plus criante que la démocratie comme mode d’accès au pouvoir n’est pas plus une mécanique de développement que la roulette russe. Nous avons assisté pendant leur branlade populacière que tous ses suppos ici au Matin-Dized ont vite fait de qualifier de révolution à une armada de dévots qui ont prêché son exemple.

    Vouala un piyé qui a réussi sa révolution pacifique qu’ils nous ont asséné avant même que cette  »révolution » n’accouchât du moindre souriceau.

    Moua je disais que pour qu’il y ait révolution il faut qu’il y ait les conditions objectives de la révolution.

    On nous a vendu une Tunisie à la pointe de tous les progrès en nous montrant sa façade touristique qui cachait la Tunisie rurale qui elle somnolait en attendant l’occasion. Du jour au lendemain tous les politiques tunisiens se sont improvisés démocrates. Pendant que la société tunisienne pas vraiment moins tératogène que la nôtre attendait son moment pour accoucher des monstres qu’elle portait.

    Une société ne peut donner que ce qu’elle a. A ce train, ils vont nous dépasse sur le chemin de la régression profonde , et ils vont commencer à creuser avant même qu’on les rejoigne.

    • Ah non! La régression et la creusage sont notre apanage ; vite déposons le brevet ou au-moins cachons la pioche.
      Mais, tout compte fait, qu’ils rejoignent notre régression , c’est une bonne chose; a deux on ira plus vite et plus loin.
      Il ne faut pas oublier que quand ils étaient là grande Carthage nous n’étions qu’un bataillon de cavaliers numides qui se vendent indifféremment a Carthage ou à Rome. Seuls on a raté notre civilisation, au-moins avec eux on a plus de chance de réussir notre régression.

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