22 novembre 2024
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« Lalla Fadhma N’Soumer Vae Victis, une mémoire outragée, profanée » de Mohammed Aouli

Mohammed Aouli, auteur déjà de nombreux romans, vient d’offrir aux passionnés de l’histoire de la Kabylie, un de ses plus beaux ouvrages, celui qu’il a consacré à la résistance de Fadhma N’soumeur.  

« Vae Victis », malheur aux vaincus, comme le souligne l’auteur dans son titre. Mohammed Aouli pose dans le titre donc le décor de l’insupportable supercherie qui entoure l’histoire nationale et celle de la résistance d e la Kabylie en particulier.

« Dans ce récit, l’auteur loue le peuple kabyle laborieux et paisible, écrit l’éditeur en 4e de couverture, régi par une démocratie parfaite, sans fioritures, sans gourou ni leader, et ce grâce à une gouvernance républicaine dont rêvent les utopistes.

Sa terre n’ayant jamais été conquise, le Kabyle ne ressent aucune animosité envers l’allogène. Bien au contraire, ce dernier sera toujours bien accueilli et invariablement pris en charge si sa condition l’exige. Vingt-quatre ans après sa conquête de l’Algérie, le colonialisme français a décidé d’extraire cette libre et indomptable Kabylie, que son gouvernement a qualifiée « d’os en travers de sa gorge.

Mais c’était sans compter sur cet esprit citoyen et solidaire qui avait développé une stratégie rusée, une inédite façon de guerroyer.

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En ce mois de juin 1854, malgré les trahisons, les montagnards firent subir à l’armée napoléonienne et à son commandant en chef et gouverneur d’Algérie Jacques Louis Randon sa plus honteuse défaite. Mais ça, c’était avant que la condescendante religiosité, le fétichisme et la xénophobie ne s’en emparent ».

Avant de revenir plus longuement sur cet ouvrage qui vient à peine de sortir de l’imprimerie, retenons ces quelques lignes de l’auteur Mohammed Aouli en 4e de couverture :

« Notre guerre n’est pas une offrande sacrificielle pour un dieu anthropophage assoiffé du sang de nos jeunes victimes en quête d’une éventuelle place au paradis, elle est celle des hommes braves qui défendent leurs concitoyens d’un périlleux danger, leur honneur et leur territoire. Dieu et la religion sont si puissants pour être défendus par des pauvres et minuscules montagnards que nous sommes.

Nous avons appris qu’un peuple uni comme le nôtre, autour de ses valeurs qui ont toujours été les siennes est invincible, et que toute action qui engage notre communauté devra être continûment, impérativement consensuelle, au risque de créer de désagréables problèmes, ce qui est contraire à cette déontologie et lois qui régissent notre société, et ce, nous ne pouvons le tolérer. […]

Tant que ce foyer des résistances africaines ne sera pas éteint, tant que le Kabyle ne sera poursuivi, jusque dans son dernier asile, tant que la Kabylie du Djurdjura ne sera pas domptée, il n’y a ni repos, ni sécurité pour l’Algérie. ».

Au fil des pages

« Une première réunion avec les délégations des membres dirigeants des assemblées des villages des Ath vu Youssef fut organisée avec Lalla Fadhma à Ouerdja à l’intérieur même du mausolée de Sidi Hend Goumeziane ; et le premier à prendre la parole en sa qualité de doyen fut Amar Ath Ammar Oussaïd, Amin de Tiferdoud.

Et après avoir protocolairement salué toute l’assistance comme c’est de tradition et même exigé de tout orateur kabyle et quelles qu’en seraient les circonstances, il dit : « En mon nom, et en celui surtout de mon village, quoique c’est la première fois tout au long de ma longue et tumultueuse vie que je m’adresse à une femme dans une assemblée, je commencerais donc, une fois n’est pas coutume, et en tout bien tout honneur, par saluer respectueusement notre vénérable hôte Lalla Fadhma et bien sûr aussi cette respectable assemblée régionale.

Mêmement et avec toute la considération qui est due à la femme d’abord et en particulier à vous, la descendante de ce vertueux saint de ces lieux, au prestige de votre famille et à cette renommée et privilèges que sont désormais les vôtres.

D’autre part, nous apprécions à sa juste valeur ce sacrifice qui est le vôtre, celui de votre famille d’origine et des Ath Bouykhoulef des Itourar de consentir à nous permettre de nous
adresser directement à vous, qui êtes femme et maraboute, situation inédite, voire inimaginable jusqu’à ce jour, du moins à ma connaissance. Mais ceci devrait être dit, car d’importance capitale pour tous ceux qui sont respectueux de nos traditions. […] »

« Lalla Fadhma N’Soumer Vae Victis – Une mémoire outragée, profanée », par Mohammed Aouli, aux éditions Baudelaire.

2 Commentaires

  1. Aussi bien furent les comportement de certains Marabouts et Marabutes, il est IMPORTANT de rappeler, qu’il ne s’agira toujours que de LA JUSTESSE ET JUSTICE DE l’ESPRIT ET TRADITION MONTAGNARD QUI LEUR AURA TRACE’ UNE LIGNE DE CONDUITE ET DES LIMITES A NE JAMAIS FRANCHIR, SOUS PEINE DE NE PLUS EN REVENIR. Le reste est de la literature…

  2. Pour abonder dans le sens de @Bon IlitBeaucouo (enfin, je crois), ce sont les assemblées de village qui ont fixé des limites infranchissables à l’islam qui ont produit ce que certains, par méconnaissance ou par esbroufe, appellent l’islam tolérant de Kabylie. Pour ces derniers, les esbroufeurs, il leur pèse de parler de la perfection de la cité kabyle, f’digne héritière de la mediterraeité. Et c’est plus facile et plus rémunérant de mettre deux concepts qui s’exclue côte à côte ´l’islam tolérant’ de Kabylie. Si l’islam n’a pas été sévèrement bridé et complètement expulsé de la politique (et pas seulement) en Kabylie (du moins jusqu’à l’avènement de l’Algérie algérienne). on aurait eu le même désastre qu’ailleurs. Il est impossible de comprendre cela si l’on oublie qu’une bonne partie des Kabyles a fuit l’islam triomphant dans les grands espaces pour se réfugier dans les montagnes pour continuer à cultiver la vénérable cité antique.

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