Ouramdane Krim, éloquent orateur francophone, fervent attaché à sa langue maternelle kabyle, constitue le protagoniste d’une existence marquée par les épreuves de la guerre et la force de résilience.
Issu de la famille emblématique de Krim Belkacem, chef de la Wilaya III historique en Kabylie, Ouramdane voit le jour en 1958 à Tizra-Aissa, Ait Yahia Moussa, au cœur de la guerre de libération. Son récit héroïque débute avec sa naissance, coïncidant avec l’exécution de son père, le chahid Ahmed, victime de tortures infligées par l’armée française. Devenu orphelin, privé de l’amour paternel, il intègre l’école des enfants de chouhada de Larbaâ Nath Iraten à l’âge de neuf ans, s’éloignant ainsi du cocon de son village.
Après ses années lycéennes, il intègre l’académie militaire de Cherchell, grimpant jusqu’au rang de sous-lieutenant en 1982. Malgré ses compétences oratoires en français et en arabe, il demeure fidèle à sa langue natale, le kabyle, tout en préservant un attachement profond pour l’amazighité et les coutumes kabyles. Sa carrière militaire le conduit à travers l’Algérie, faisant de lui un patriote éminent, jonglant entre devoirs professionnels, vie familiale, et loisirs tels que la lecture, la contemplation, et son amour pour la nature.
Après un quart de siècle au sein de l’Armée nationale populaire, Ouramdane prend sa retraite en 2004, se consacrant alors à sa famille, à l’écriture, et à la contemplation de la nature. Deux années plus tard, encouragé par ses proches et amis, il publie son premier roman, « Les Incompris », une critique implicite de l’histoire de l’Algérie indépendante. Bien que ses prévisions de déclin du régime Bouteflika se révèlent justes, le roman n’obtient pas le succès escompté.
Ouramdane, à la fois romancier et ancien militaire, incarne la résistance et la quête de vérité. Homme de lettres et militant des causes justes, il œuvre sur d’autres projets inédits avant de succomber à la maladie et de rendre son dernier souffle le 27 janvier 2018.
Homme humble et discret, il possédait un esprit patriotique, une plume rebelle, et partageait sa sagesse avec ceux qu’il croisait. Sa disparition crée un vide difficile à combler, et son héritage perdure à travers ses écrits.
Redouane Krim