Si le nombre de francophones a augmenté de près de 2 % l’année dernière à la grandeur de la planète, d’importants défis doivent cependant être relevé par les organismes faisant la promotion du français, ce qui obligerait à une certaine sobriété cette année dans l’interprétation des prévisions de croissance, qui devraient être mieux comprises.
Selon le bras statistique de l’Observatoire de la langue française de l’Organisation internationale de la Francophonie, soit l’Observatoire démographique et statistique de l’espace francophone (ODSEF), il y aurait 327 millions de francophones en 2023, une augmentation de 6 millions en un an. Le sociologue à l’Université Laval et directeur de l’ODSEF, Richard Marcoux, considère que les données sont actuellement précises à 95 %. Il y aurait cependant une réelle incertitude pour celles récoltées en Amérique latine et en Asie, en raison du manque de données valides pour ces régions.
Le sociologue a donc été au Vietnam en 2023, puis en Amérique latine cette année pour préciser les chiffres.
Richard Marcoux considère aussi que les prévisions sur le long terme sont mal présentées au public, l’Observatoire de la langue française donnant une fourchette allant de 350 à 700 millions de francophones sur 40 ans.
La donnée supérieure serait cependant celle là plus souvent utilisée et l’autre oubliée. Comme il considère que la scolarisation de la jeunesse francophone stagne actuellement dans presque tous les pays africains, il voudrait donc passer un message demandant de la rigueur au niveau de l’interprétation cette année.
Les menaces identifiées
Richard Marcoux croit que la violence incluant le djihadisme au Mali, au Niger et au Burkina Faso, qui forcent la fermeture des écoles pendant de longues périodes, se ferait au détriment de la progression du français en Afrique.
Certains textes récemment publiés se questionnent même sur combien de temps l’Afrique parlera encore français, considérant qu’on pourrait y assister à un déclin, donnant comme exemple ce qui se passe en Algérie ou l’anglais remplace peu à peu le français depuis 2019 dans l’enseignement et l’administration. Des questions sur la place du français se poseraient aussi au Sénégal ou Boubacar Boris Diop, lors d’une récente conférence expliquait qu’il n’écrirait plus qu’en wolof, principale langue nationale du Sénégal.
L’hostilité de la France à l’égard de la francophonie en 12 points !
Dans plusieurs secteurs universitaires, le français reculerait aussi au profit de l’anglais, « Le phénomène nous inquiète, mais il nous motive également », affirme à ce sujet Tanja Niemann, la directrice générale d’Érudit le consortium formé de l’UQAM, l’Université de Montréal et de l’Université Laval.
Encore un bon potentiel
La croissance de la francophonie n’en a pas moins été impressionnante dans certains pays d’Afrique comme le Mali ou le nombre de locuteurs du français a été multiplié par 33 en 60 ans alors que la population n’y a été augmentée que par quatre. Des pays comme la Côte d’Ivoire, le Togo et le Bénin, continuent aussi d’avoir une bonne progression du français. Certaines actions politiques des autorités du Mali, qui ont fait passer le français de langue officielle à langue de travail, pourraient ne pas être aussi nuisibles que certains le supposent puisque la dynamique linguistique pourrait être difficile à changer dans ce pays qui a du mal à financer ses écoles.
La francophonie est d’ailleurs encore identifiée comme un élément de la croissance africaine. En Côte d’Ivoire, la secrétaire générale de la Commission nationale de la Francophonie (CNF), Bernise N’Guessan, affirmait le 12 mars lors d’une conférence de presse que l’édition 2024 des journées de la Francophonie misait sur le fort potentiel, en termes de création d’emplois dans les domaines liés à l’entrepreneuriat, à l’innovation et a la créativité. Un des objectifs de cette journée est de faciliter l’appropriation de la langue française par la population locale, la considérant comme une valeur ajoutée. Cette édition vise aussi à mettre en lumière la diversité et la force de la Francophonie en vue d’en faire une dimension mondiale.
Promouvoir la francophonie économique et scientifique
Les missions commerciales et économiques qu’organise l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) peuvent aussi aider à soutenir la progression du nombre de francophones. La mission commerciale organisée cette année à Québec et à Montréal du 11 au 13 juin y attirera environ 110 participants internationaux de 80 entreprises, des institutions d’Europe, d’Afrique, d’Asie et des Caraïbes pour faire la promotion de l’augmentation du commerce entre toutes ces régions du monde.
Au niveau des sciences, cinq des six partenaires privilégiés de l’Université Laval sont des universités francophones dont trois sont françaises, une est suisse, une est belge et la dernière brésilienne. Elle a d’ailleurs envoyé une mission à l’Université Côte d’Azur les 14 et 15 mars pour renforcer son partenariat depuis 2017.
Finalement, la francophonie aurait encore une grande importance pour la France qui en est le ferment originel. Le secrétaire général de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, Jacques Krabal, affirme que le Sommet de la francophonie, qui se déroulera le 4 octobre à la Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts et le 5 octobre à Paris, est l’un des deux événements majeurs qui se prépare en France en 2024, l’autre étant les Jeux olympiques de Paris. L’événement devrait, selon lui, donner de l’élan à la francophonie.
Michel Gourd
Je suis établi aux USA depuis plus de 45 ans. D’ici il m’est difficile de croire que des organismes ou une volonté quelconque de « promotion » du français ou de la place du français existent quelque part. Je vois plutôt des obstacles érigés pour bloquer l’accès au français.
Prenons le cinéma, la télévision et les informations télévisées comme exemples. Avec un simple boîtier (streamer) comme Roku et plusieurs autres marques on peut capter les chaînes de quasiment n’importe quel pays du monde, grand ou petit. Haïti, le Vietnam, les pays du Golfe, les Philippines, etc., offrent plusieurs chaînes gratuitement. Sur Internet on peut regarder les chaînes de ces pays en direct, sans restrictions.
Les chaînes françaises? Non, l’accès est bloqué en dehors de la France (ou de l’UE, je ne sais pas.) Si vous voulez regarder ces chaînes, il faut vous abonner à chacune séparément, il me semble, mais je me trompe peut-être même sur ce point. En tout cas, je n’ai jamais pu le faire, et j’ai laissé tomber.
Il y a TV5monde, mais c’est un mélange de chaînes visant des continents paticuliers et ressemble à des échantillons de chaînes de TV plutôt qu’aux chaînes elles-mêmes, et puis ce n’est pas si facile de les capter: il faut d’abord s’abonner à un bouquet plus gros pour 75-100 dollars par mois et ensuite payer une vingtaine de dollars par mois extra juste pour TV5monde. On ne peut même pas s’abonner à TV5monde sans s’abonner au bouquet qui la contient.
Mais l’exemple le plus flagrant de sabotage du français est France24 : On peut regarder cette chaîne gratuitement…en anglais et en espagnol, mais pour regarder en français il faut payer extra. La France fait tout simplement la promotion e l’anglais et de l’espagnol et met des bâtons dans les roues au français.
Mais peut-être que la France a tout simplement abandonné la partie dans cette région du globe et considère qu’il est futile d’essayer de maintenir le français sous perfusion aux USA ?
» Francophones : augmentation de six millions en un an, mais… »
Il n’y a que Mr Addi qui pourrait résoudre ce paradoxe et éventuellement nous en tirer quelques enseignements judicieux.
Après des décennies de régression féconde dont on commence à peine à quantifier les retombées positives étant le meilleur à venir ; on est même récemment devenus anglophones, dumoins en théorie, mais apparemment les chiffres des francofolies ne font qu’augmenter!! Ou si nous qui sommes pas encore assez endurcis dans nos convictions ou alors c’est les statistiques qui sont plus malléables que de raison.