L’accord de partenariat de plus de 7 milliards d’euros prévoit notamment des investissements pour des projets dans les domaines de l’énergie et des migrations. Les affaires ne s’embarrassent pas des droits humains.
L’Union européenne a signé, dimanche 17 mars, un « partenariat stratégique » pour 7,4 milliards d’euros avec l’Egypte, qui traverse actuellement la pire crise économique de son histoire. Cet accord a été signé en fin de journée au Caire entre le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, aux côtés de cinq chefs d’Etat et de gouvernements européens. Il constitue une bouée de sauvetage pour cette dictature plongée dans une grave crise économique. Les prêts, cinq milliards d’ici 2027, sont donc une bonne nouvelle pour le pays. Cet accord n’est assorti d’aucune conditionnalité quant au respect des droits humains et à la libération des dizaines de milliers de prisonniers politiques. Derrière cet accord, il y a une volonté de contrôles migratoires plus accrus.
Ce qui inquiète les ONG, ce sont les 200 millions d’aides pour des programmes portant sur les questions de migration. Les Européens comptent sur l’Egypte pour empêcher les passages de migrants en Europe, pour empêcher les départs de bateaux depuis ses côtes. Comme ils comptent aussi sur la Tunisie du très autoritaire Kaïs Saied pour arrêter les bateaux de migrants en direction de l’Italie.
Problème : le régime égyptien utilise des méthodes contraires à l’Etat de droit, insistent les ONG. « L’UE veut sous-traiter aux pays d’Afrique du Nord, en particulier l’Egypte (…) la restriction de la liberté de circulation des migrants« , réagit l’ONG Refugees Platform in Egypt (RPE) dans une déclaration faite à l’Agence France Presse.
Avec cet accord, « nous élevons la relation entre l’Union européenne et l’Egypte au statut de partenariat stratégique global », s’est félicitée Ursula von der Leyen, allant du commerce aux énergies décarbonées en passant par la gestion des migrations ». Cet afflux de fonds, qui s’étalera jusqu’à fin 2027, s’ajoute aux derniers coups de pouce financiers reçus par Le Caire : 35 milliards de dollars injectés par les Emirats arabes unis, et une rallonge de 5 milliards de dollars de prêts supplémentaires de la part du Fonds monétaire international (FMI).
Le Caire consacre une bonne partie de ses ressources au remboursement de sa dette extérieure, qui a triplé en une décennie pour atteindre près de 165 milliards de dollars. Pour l’ONG Refugees Platform in Egypt, avec cet accord, l’UE veut « sous-traiter aux pays d’Afrique du Nord, en particulier l’Egypte (…) la restriction de la liberté de circulation des migrants ». « Le schéma est le même que celui des accords bancals de l’UE avec la Tunisie et la Mauritanie : arrêter les migrants, ignorer les abus », alerte de son côté l’ONG Human Rights Watch.
Égypte : la police sur les dents après un appel à la révolte contre Sissi
Abdel Fattah Al Sissi est arrivé au pouvoir sur les chars de l’armée. Il est l’auteur d’un putsch qui a conduit après des simulacres de procès à la mort de Mohamed Morsi, premier président égyptien, néanmoins islamiste, à être élu démocratiquement. Cet accord, comme tous ceux signés par les « démocraties » occidentales sont des primes au laisser-faire pour les potentiels putschistes dans le monde.
L.M. agences