Présentation vendredi 24 mai à 17h de l’ouvrage du militant berbère Mohand Saïd Lechani : « Écrits Berbères en fragments » à l’Inalco.
Formé aux études berbères par des spécialistes de la dialectologie de renom tels Saïd Boulifa, Émile Laoust et André Basset, compagnon de recherches de l’orientaliste André Picard puis aîné inspirant de Mouloud Mammeri, Mohand Saïd Lechani (1893-1985) est une figure de la première élite kabyle militante.
Il a contribué dès le début du XXe siècle à l’éveil culturel et identitaire berbères. Il fut, à ce titre, un des maillons garants de la continuation de la fragile chaîne de la berbérologie algérienne en contexte colonial.
C’est assez dire l’importance de ces textes, ici rassemblés, qui constituent une nouvelle voie d’entrée dans son œuvre plurielle, située à la confluence du monde éducatif, culturel et politique.
Outre les perspectives offertes par les matériaux réunis dans ce volume, ces écrits en fragments – dont certains passages ont valeur de testament culturel – brossent le portrait intellectuel d’un défenseur du patrimoine immatériel de Kabylie, longtemps confiné aux marges, dont les inquiétudes sur son avenir restent prégnantes en dépit de sa récente consécration constitutionnelle.
Méziane Lechani est médecin spécialiste et éditeur à Paris.
Kamal Naït-Zerrad est professeur de linguistique des universités et directeur de l’unité LACNAD (Langues et cultures du Nord de l’Afrique et diasporas). Il est l’auteur de nombreuses publications scientifiques sur la langue berbère.
Autant les écrits d’auteurs et militants kabyles sont anciens, autant ils nous remettent dans un univers exempts de pollution.
A l’époque de Lechani, on n’aurait sûrement pas écrit « … en dépit de sa récente consécration constitutionnelle.». On aurait noté plutôt qu’ «EN RAISON de sa récente consécration constitutionnelle.»
Car avec ces phrases bateau, on n’informe pas, on trompe. Et, à l’époque, quand se trompe, le bénéficiaire et le trompeur sont des nôtres.
Car la culture est portée par une société et une société qui n’est pas souveraine n’a pas de culture consacrée constitutionnellement. Il n’est pas logique de parler de consécration institutionnelle dans le cas présent. Et quand cette société est dominée par un état, un pouvoir, dont les fondements sont aux antipodes de cette même société, inutile de dire qu’une consécration de ce genre fait plus de dégâts qu’une non-reconnaissance.