28.2 C
Alger
dimanche 3 août 2025
AccueilIdéesÀ coup d’écrivains-projectiles dans la figure !

À coup d’écrivains-projectiles dans la figure !

Date :

Dans la même catégorie

spot_imgspot_img
- Advertisement -

Une arène de taureaux fous que cette scène littéraire algérienne. De la testostérone qui gicle de partout. Des coups de langues et de poings qu’ils s’envoient comme des captives dans un harem. De qui est le plus grand scribe et crabe de la galaxie des mots. De qui se range le mieux sous la botte ou le mocassin.

Un concours de qui pisse le plus loin sur une horde d’âmes zombifiés qui n’en demande pourtant pas tant. Des salons feutrés parisiens à ceux ensoleillés d’Alger au style arabo-andalous , l’écrivain est le dernier missile à la mode. La dernière arme affûtée, faute de mieux. Faute d’intelligibilité diplomatique et de négoce fructueux, on s’envoie les egos boursouflés d’auteurs en mal éternel de projecteurs.

En attente avide d’une gloire pour figer leurs noms dans le ciel desséché d’un pays qui craque et dont les morceaux tombent sur la tête des gens qui ne lisent presque rien, mais comptent les points pour mieux tuer le temps. Même si ces esprits chagrins du verbe lorgnent secrètement sur les cieux plus cléments de cet ailleurs qu’ils font semblant de detester tant qu’ils ne l’ont pas atteint.

Des écrivains alourdis de leur masculinité hypertrophiée comme les couffins dont on charge les ânes. Qui se laissent manipuler et traîner dans la boue, pourvu que jamais, on ne les oublie.

Que ne dirait-on pas si des écrivainEs se comportaient de la sorte !

Solidarité dites vous ? De qui gît dans une misérable taule et de qui tire ses marrons du feu, ou sa petite gloriole personnelle de la misère de l’autre.

Se battent-ils contre l’érosion culturelle ? Des cafés littéraires qui disparaissent ? De l’absence des théâtres ? Des lois contre le cinéma qui altèrent la créativité et la conscience populaire ? Et qu’est ce qui relève de la critique aujourd’hui ou de la trahison ? Qui fixe les limites ?

Pour l’heure, la seule vérité est que les auteurs, comme les journalistes, comme les militants , comme les artistes n’osent plus. Et que c’est cette cause majeure qu’on feint d’ignorer. Ils fixent tous l’étranger en oubliant le front intérieur laissé aux intégristes qui nous lâchent, de temps à autre, des miettes, des passages sans issues, pour mieux nous anesthésier. L’empire et l’époque leur sont favorables. Ils rêvent désormais grand et ils n’ont pas tort.

Et cette guerre des plumes psalmodiée comme le jihad, contre qui sera-t-elle menée. Contre d’autres écrivains j’imagine ! Pour soulager du poids de leurs travaux l’intégrisme et l’autoritarisme qui sévissent. Se tromper à ce point d’ennemi est une sévère dérive.

Reste que le plus grand service qu’ont rendu les extrêmes droites françaises et algériennes à leurs peuples respectifs, est d’avoir permis de re-visibiliser nos écrivains.

Et même s’ils m’agacent parfois, j’apprécie les œuvres de ces garçons ! Et j’aime aussi les savoir libres de leurs gestes et paroles.

Mais il n’est pas farfelu de leur rappeler que se pavaner dans les palais, ou se vautrer dans les honneurs, c’est avoir un pied dans la courtisanerie et l’autre dans le déshonneur.

Myassa Messaoudi

Dans la même catégorie

Dernières actualités

spot_img

1 COMMENTAIRE

  1. ageons que ce tir à blanc ne blesse aucun de ceux dont la virilité littéraire est si hypertrophiée qu’elle en devient atrophiée — comme ces coqs qui chantent sur un tas de fumier en ruines. Voilà un article cousu main, qui remet “les choses” à leur place — sur la mule, bien sûr — sans pour autant déséquilibrer le chwari.

    Peut-être qu’effectivement nos intellectuels auraient dû, un jour, sauter à pieds joints hors de cette boucle dialectique à bout de souffle, où la thèse hennit d’un côté, l’antithèse grince de l’autre, et la synthèse ne vient jamais. Il ne s’agissait pas de se jeter dans les bras du Pouvwar en quémandant la datte et le tapis, ni de se lover dans le giron de l’extrême droite en mimant le félon outré. Il s’agissait — tout bêtement — de rester debout, là, au centre du tumulte, et de regarder avec élégance, avec panache, sans se vautrer dans la rhétorique des sabirs commandés.

    Mais hélas, chez nous, même les plumes finissent par choisir un sabre. Tantôt pour jouer les gardes du temple, tantôt pour se rêver en martyr chic, édité à Paris, encensé à Bruxelles, embusqué à Alger.

    On ne peut s’empêcher de sourire — un peu jaune, un peu romain — en voyant cette joute de plumes mâles, où les egos sont aussi gonflés que des outres de Zemmour. Qu’arriverait-il, par malheur, si des écrivainEs s’autorisaient le quart de ces gesticulations ? Elles seraient réduites en cendres sous des accusations de frivolité, de narcissisme ou de manque de profondeur. Leurs colères seraient dites hystériques, leurs silences “organiques”.

    Alors non, l’article de Myassa Messaoudi ne cogne pas — il dégraisse. Il ne hurle pas — il aiguise. Et il rappelle, avec justesse, que le vrai front n’est pas celui des salons ni des plateaux, mais celui du silence grandissant, celui des arts désertés, des esprits sous anesthésie, des luttes vidées de leur moelle.

    À force de se battre pour les projecteurs, ils ont éteint la lumière.

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici