Mercredi 30 mai 2018
A quand la fin de ces pratiques commerciales anormales ?
Ce qui m’a vraiment choqué, m’avait confié récemment un expatrié en vacances en Algérie, c’est que les commerçants de chez nous n’affichent que rarement sur les étals les prix des produits qu’ils proposent à la vente», «mais je pense que tu généralises un peu», lui dis-je en ironisant pour l’inciter à mieux exposer son problème. «Non, c’est la vérité! Depuis que je suis ici, j’ai fait le tour de trois ou quatre boutiques d’alimentation générale, et c’est le même constat. Au marché, pas de grande différence» «Tu penses que c’est fait exprès ?»
« Je me suis dit au départ que ce doit être à cause du manque d’organisation et du non-respect des pratiques de vente, mais j’ai bien compris au fil du temps que c’est en raison de l’indélicatesse de certains commerçants qui croient qu’en refusant d’afficher les prix, ils forceront indirectement les clients à l’achat de leurs produits malgré eux» «Comment ça ?» «Cela m’est arrivé plusieurs fois dans des boutiques de quartier à Alger où aucun prix n’est affiché sur les étals. J’ai dit alors à l’un des commerçants : combien ça coûte un kilo de tomates ? Celui-ci me répondit sur le coup, puis «Combien ça coûte un kilo de pommes de terre?», il fait de même mais un peu moins enthousiaste que la première fois, enfin, «Combien ça coûte un kilo d’oignons?» Et là il commence à froncer le sourcil comme pour me signifier sa gêne, balbutiant des mots incompréhensibles.
Après un échange de propos peu chaleureux entre nous, j’ai fini par abandonner mes courses et rentrer chez moi. Le lendemain, presque la même chose avec un autre commerçant. De guerre lasse, je me suis rendu compte qu’il fallait acheter les produits sans oser poser trop de questions, de crainte d’ennuyer les commerçants et de paraître radin aux yeux des gens. Le plus malheureux dans tout ça, c’est que parfois, ces commerçants-là donnent des prix selon l’humeur du jour et à la tête du client». Une de mes connaissances me parle d’un autre phénomène encore plus inquiétant.
Il s’agit, en effet, de ces commerçants qui baissent le rideau de leurs magasins, surtout en ce mois de ramadan, dès qu’ils apprennent que les contrôleurs ou les agents des services d’hygiène sont en route pour inspecter les lieux où ils exercent leurs activités commerciales. «Et comment ils le savent?» l’interrompis-je, étonné, «Le téléphone arabe, mon ami !
Il y en a même ceux qui en sont au courant avant que la décision d’inspecter ne soit donnée aux contrôleurs eux-mêmes ! La corruption des comportements et les compromissions au sein des administrations publiques ont fait en sorte que les droits des consommateurs soient mal protégés».
En gros, dans les deux plaintes chargées d’amertume de ces deux amis-là, il ressort une chose : l’intérêt du consommateur est le cadet des soucis aussi bien des commerçants que des pouvoirs publics.