Mardi 26 février 2019
Abdelaziz Bouteflika : un homme, une vision et une démarche au service de la paix
Il se trouve toujours des plumes serviles qui servent le régime et trouvent grâce dans les 20 ans de règne du président Bouteflika.
Rassurez-vous, je ne suis foudroyé par aucune crise de démence soudaine. Pas plus que je n’ai pris de stupéfiants ni n’abuse du café, à mon âge de maturité. Ce titre, je l’ai repris d’une publication sur un journal algérien, rédigé par Amine Malek, ancien journaliste. C’est dire combien le mal algérien est profond, stupéfiant !
Cet ancien journaliste, formé à l’époque de la puissante « sécurité militaire » nous est ressuscité d’une Algérie congelée comme la population de Pompéi fut exhumée des cendres du volcan, dans un état parfait de conservation.
Il conclut son article par une déclaration digne de la plus grande époque stalinienne lorsque les apparatchiks signaient, sans honte, leur allégeance et chantaient leur dévotion au grand maître. Mais, nous le savons maintenant, les raisons de leurs propos étaient justifiées par diverses raisons.
Si la terreur explique pour un grand nombre d’entre eux cette tombée en léthargie, il en est d’autres, beaucoup plus dangereux, qui ont été drogués par l’esprit sectaire et quasi-religieux de celui qui domine le pays jusqu’au plus profond des esprits. Ce sont des adeptes mystiques qui croient en la religion révélée. Pour s’en convaincre, il faut lire l’article.
Cet ancien journaliste ne s’est toujours pas réveillé de sa béatitude, des décennies plus tard. Il conclut son article par : « En effet, par fidélité et par responsabilité en tant qu’ancien journaliste , je me sens le devoir de témoigner, en guise de reconnaissance, que sa vision de paix a permis au pays de refermer les plaies de la tragédie nationale, de se réapproprier ses repères et de se projeter vers un avenir meilleur dans un contexte marqué par une grande adversité, d’où mon appel en faveur de la continuité de cette renaissance nationale avec lui ».
Pas de doute avec cette maîtrise du français, il s’agit d’un illuminé ou d’un opportuniste de la cour régnante. C’est comme cela que les dictatures prospèrent et ont le champ libre devant elles car elles n’arriveraient jamais à tenir aussi longtemps par la terreur et la corruption massive sans l’appui de cette catégorie de personnes, assez éduquée (dans le sens de la maîtrise de l’écriture).
Ainsi, ce journaliste, comme ces anciens camarades, a peut-être été drogué par deux substances, aussi réactives que la terreur, soit celle des milliards et d’une place à la table du seigneur (l’ordre de citation est réversible). Nous n’en avons aucune preuve pour un individu que je ne connais pas mais, comme en médecine, toutes les explorations sont nécessaires avant d’arriver à un diagnostic fiable face à la manifestation invraisemblable du symptôme que révèle cette confession d’amour et de soutien à Bouteflika, malgré les décennies d’une dictature militaire des plus liberticides.
Je vous conseille de lire son article, sorti des ténèbres de notre histoire malheureuse et déplorable. Je le préconise particulièrement aux plus jeunes pour comprendre comment et pourquoi nous avions perdu face au régime militaire. Ils sauront que ce n’est pas tant ces branquignols en Ray-Ban qui nous ont barré la route vers la démocratie mais une armée d’Algériens qui était plus tentée par le discours des milliards et du pouvoir que celui de notre projet de démocratie.
Ils sauront ce qu’était un journaliste à cette époque de notre jeunesse puis de notre adolescence et bien plus tard lorsqu’ils étaient au service de médias nationaux. Et à cette époque, les médias étaient tous entre les mains du régime militaire.
Cet ancien journaliste, je propose qu’on le cryogénise, qu’on l’empaille et qu’on le préserve pour la connaissance historique et anthropologique de l’Algérie qui sera étudiée dans les siècles à venir.
Nous avions un spécimen de cette qualité avec le responsable du FLN, nous voilà avec un autre, d’un parfait état de conservation, de la race des journalistes d’État. C’est une chance extraordinaire, il faut préserver le patrimoine national dans toutes ses composantes.
Lorsque j’ai lu l’article, ce matin (et non dans Le Matin), j’avais cru me retrouver projeté dans ma jeunesse oranaise, face aux médias de l’époque. J’ai frotté mes yeux, non, j’étais avec certitude chez moi, en 2019. Je pourrais même remercier ce dinosaure de l’histoire du pays de m’avoir rendu un peu de cette jeunesse perdue, l’instant de la lecture seulement car on se réveille très rapidement par l’effroi que suscite la monstruosité des propos.
Vous en avez encore beaucoup en stock comme celui-là ?