Photo des initiateurs de «  Ain Zaouia propre » prise à Ain Zaouia ( Tizi-ouzou ) le 16 avril 2019

Une poignée de jeunes surgit vêtus de dossards jaunes entament pendant presque 1 mois des  opérations de nettoyage, remise en fonction de l’éclairage public, fresques et dessins sur les murs salis du chef-lieu, désherbage et même une fontaine éclairée voit le jour en plein centre ville.

 En dépit de l’agitation sociopolitique et  de sa situation fragile, la jeunesse algérienne trouve une force de se surpasser pour élaborer des projets ambitieux et prometteurs. Une dizaine de jeunes entre étudiants et chômeurs , commerçant et artisans ont décidé de mener une opération de nettoyage de leur ville, Aïn Zaouia. 

Vêtus de gilets jaunes, pelles et brouettes et sourires aux lèvres en espace d’une semaine la ville se métamorphose, les bienfaiteurs se relaient dans leur tâche. L’opération se prolonge du matin jusqu’au crépuscule. Au bout, ils font d’Aïn Zaouia, une ville attrayante. Le chantier de la fontaine devait remplacer l’énorme bouche d’égout en béton de plus d’un mètre et demi de hauteur qui occupait un vaste espace qui rappelle les échecs inachevés des élus locaux ces trente ans dernières années. Ce projet a suscité beaucoup d’attention au sein des citoyens, mais (paradoxalement) nullement chez les élus et l’administration locale. 

Les bénévoles avaient un souci : un camion citerne et une autorisation pour une éventuelle collecte de fonds dont le but de mener leurs actions 

L’initiative a été bloquée un temps et les gilets jaunes sont déclarés personna non grata. voire traités de dealers et d’alcooliques et plusieurs fois de séparatistes après un coup de gueule sur leur page Facebook. Devant l’impasse où se trouvait l’APC avec la médiatisation des actions et des complaintes sur les réseaux sociaux, deux élus locaux se sont  montrés réceptifs devant les jeunes accablés par les tâches quotidiennes et les diffamations en provenance de responsables déjà en faillite gestionnaire. Au bout de quelques jours ni autorisation, ni camion citerne- un enfumage de basse valeur très connue chez les patrons des bureaux de la baladia.  Les ressources financières se sont carrément épuisées – ce qui n’a empêché l’édification de la fontaine devant l’éblouissement des citoyens et des passants par la Route nationale n3o principale artère de la ville. 

Le lendemain après longue réflexion, les gilets jaunes ont décidé à l’unanimité qu’il était impossible de faire face devant une éventuelle convocation de la police pour une levée de fonds non autorisée, la dernière action était aussi symbolique, les jeunes ont éclairé la stèle des martyrs à l’entrée de la ville laissée dans le noir total par l’administration F.L.N. Le soir, des jeux de lumière ont été placés arborés de drapeaux nationaux et berbères à l’entrée, au centre et à la sortie de la ville.

C’était la fin de l’épisode gilet jaunes … après la fontaine s’est décolorée, l’eau qui y coule est devenue répugnante, les jeux de lumière se sont éteints et les emblèmes nationaux ont moisi et se sont vite décomposés.