Selon une information publiée par La Provence (avec AFP) ce mercredi 12 novembre 2025, l’Algérie a accepté de gracier et de transférer l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal vers l’Allemagne, où il pourra recevoir des soins médicaux. Ce geste, qualifié d’humanitaire, met fin à un an d’emprisonnement pour l’auteur du Village de l’Allemand.
Dans un communiqué officiel relayé par la présidence algérienne, il est précisé qu’Abdelmadjid Tebboune « a répondu favorablement à une demande de son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier concernant l’octroi d’une grâce en faveur de Boualem Sansal ». Le texte ajoute que cette décision a été prise « en raison de la nature et des motifs humanitaires de la demande ».
Âgé de 80 ans, Boualem Sansal, condamné en appel en juillet dernier à cinq ans de prison, souffrirait de problèmes de santé nécessitant une prise en charge spécialisée. Le président allemand avait personnellement sollicité Alger afin qu’il puisse être transféré et soigné dans son pays, invoquant « son âge avancé et son état de santé fragile ».
Cette décision du chef de l’État algérien s’inscrit dans un contexte diplomatique marqué par la volonté d’apaisement entre Alger et Berlin, partenaires dans plusieurs domaines, notamment énergétique et sécuritaire. Pour La Provence, ce geste est perçu comme une réponse positive à une requête formulée au plus haut niveau, témoignant d’une sensibilité humanitaire tout en respectant les prérogatives de la justice algérienne.
Boualem Sansal, connu pour ses prises de position critiques envers les pouvoirs politiques arabes et pour sa défense de la liberté de conscience, est une figure controversée dans son pays. Ses romans, souvent censurés en Algérie, explorent les dérives du fanatisme, la mémoire coloniale et les fractures identitaires du monde contemporain. Son œuvre a été plusieurs fois primée, notamment par l’Académie française, qui lui a décerné en 2015 le Grand Prix du Roman, partagé avec Hédi Kaddour.
L’affaire Sansal avait suscité une vague de solidarité en France et en Europe. Plusieurs intellectuels et responsables politiques, dont François Bayrou, avaient appelé Alger à faire preuve de clémence. Pour beaucoup, cette libération représente un geste d’apaisement, au-delà des clivages politiques.
Le communiqué de la présidence algérienne n’a pas précisé la date exacte du transfert ni les modalités de la grâce. Mais selon La Provence, cette décision « répond à une demande humanitaire claire formulée par l’Allemagne », ajoutant que « le président Tebboune a voulu manifester une attention particulière à ce dossier ».
L’écrivain devrait prochainement être accueilli dans un centre médical en Allemagne. Son entourage espère qu’il pourra, une fois rétabli, reprendre l’écriture et poursuivre ce dialogue littéraire et critique qui a toujours nourri son rapport à l’Algérie et à la modernité.
Cette grâce arrive 24h après la condamnation arbitraire du poète Mohamed Tadjadit à 5 ans de prison. Il y a encore plus de 250 détenus d’opinion qui croupissent dans les prisons pour parfois de simples posts sur les reseaux sociaux. Cette décision heureuse dont bénéficie Boualem Sansal ne doit pascacacher la triste réalité de la situation des libertés et droits humains dans le pays.
Mourad Benyahia

