20 avril 2024
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Algérie : des dollars et des euros, à quoi sert le dinar ?

Dollar

Ce sont les pétrodollars qui dirigent le pays et lui donnent sa substance et sa stabilité. La gestion des hydrocarbures échappe aux acteurs locaux tant en amont qu’en aval. « Contrôler le pétrole et vous contrôlerez les nations » aurait dit Henri Kissinger. La rente est une donnée exogène qui échappe à la compétence des acteurs locaux. Elle n’est pas un élément constitutif du prix de revient.

Le pétrole n’est pas cher parce qu’une rente est payée, mais une rente est payée parce que le pétrole est cher. La rente dont bénéficient les pays producteurs masque les défaillances de production et les perversions de gestion. Parler de rentabilité et de productivité en Algérie nous semble être une gageure.

Tout échappe au calcul économique. L’économie locale est livré « pieds et poings liés au marché mondial qui décide de la survie de la population locale. Ce qu’elle doit produire, à quels coûts, pour quelle période. Il est admis que le prix du brut est un baromètre de la santé de l’économie mondiale et un facteur de stabilisation des régimes politiques menacés. L’objectif de l’occident, c’est la sécurité des approvisionnements en énergie. Il y va de la survie de la civilisation du monde moderne.

Le prix est une arme redoutable de domestication des peuples et d’asservissement des élites. Le prix élevé du pétrole a structurellement pour effet pervers de perpétuer à l’infini le système mis en place. C’est dans la pérennité des régimes autocratiques que l’occident trouve sa prospérité et sa sécurité. C’est pourquoi, la liberté des peuples est inversement proportionnelle au prix du baril.

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Plus le prix est bas, moins il y a d’importations, plus les pénuries s’installent, des émeutes éclatent et la répression s’abat sur la population. les marchés se referment, la récession s’annonce le FMI pointe son nez,, la spirale de l’endettement s’engage, les peuples se plient, L’occident vient à la rescousse. Les crédits se débloquent, les fonds affluent. Le régime menacé retrouve sa santé. Le prix du brut connaît une hausse, les pays producteurs relancent les exportations des biens manufacturés des pays industriels, la croissance de l’économie mondiale reprend.

Pour l’Occident, le pétrole est une des choses sacrées sur terre, personne n’y touche, il y va de la prospérité matérialiste occidentale et de la décadence spirituelle des arabes. Le pétrole est la base sur laquelle la civilisation moderne s’est construite. Il est le carburant de la prospérité des nations, le moteur de la mobilité sociale, un accélérateur de l’histoire, un frein aux religions monothéistes, et un levier de commande de la liberté des peuples. L’histoire et la géographie se rejoignent au présent.

C’est une chose que la phase politique de libération nationale, ç’en est une autre que la phase économique, construire une économie était une tâche bien délicate, plus complexe qu’on ne le pensait. Dans la plupart des cas, on a laissé s’accroître les déficits et la création des crédits afin d’augmenter artificiellement les recettes publiques, au lieu d’appliquer une politique authentique de redistribution de revenus à des fins productives. Afin d’éviter d’opter pour l’une des différentes répartitions possibles entre groupes et secteurs, on a laissé l’inflation » galoper » à deux chiffres.

Cette façon de faire s’est révélée déstabilisatrice. Dans la conjoncture actuelle, l’équilibre de l’économie algérienne dont la base matérielle est faible dépendra de plus en plus de la possibilité de relever la productivité du travail dans la sphère de la production et dans le recul de l’emprise de la rente sur l’économie et sur la société.

La solution à la crise, c’est d’abord l’effort interne du pays, plus on parvient à se mobiliser par ses propres forces, moins on est demandeur,  moins on est vulnérable, cette possibilité est cependant contrariée par l’ordre international dominant et freinée par les formes d’organisations économiques et sociales que la classe au pouvoir a mis en place à des fins de contrôles politique et sociales ; si bien que l’équilibre ne peut être rétabli soit par un nouveau recours à la rente ou à l’endettement si le marché mondial le permet, soit par une détérioration des conditions d’existence des larges couches de la population.

C’est pourquoi, l’Etat pourra connaître une instabilité d’autant plus grande que les problèmes économiques et sociaux deviendront plus aigus. Le service de la dette contraint mieux que toute domination politique directe les pays comme l’Algérie à livrer leur énergie à bas prix contre une paix sociale précaire et une difficile sauvegarde des privilèges des gouvernants.

En résumé, la dépendance externe et la violence interne sont le résultat logique et prévisible des politiques menées à l’abri des baïonnettes depuis trente ans, marginalisant la majorité de la population au profit d’une minorité de privilégiés et au grand bénéfice des multinationales sous la houlette des organismes internationaux.

L’erreur de la stratégie algérienne de développement réside à notre sens dans l’automatisme qui consiste à vouloir se débarrasser de ce que l’on a au lieu de l’employer productivement chez soi ; la finalité de l’économie fût ainsi dévoyée, car il ne s’agissait pas d’améliorer ses conditions de vie par son travail mais par celui des autres grâce au relèvement des termes de l’échange avec l’extérieur. Or, il nous semble qu’une amélioration des termes de l’échange avec les pays développés ne peut être acquise que par une valorisation du travail local.

L’insertion dans le marché mondial fragilise l’Etat algérien soumis aux aléas de la conjoncture mondiale. Tant que les pays du Tiers Monde subiront les contraintes imposées par la logique capitaliste dominante, ils ne pourront pas mettre en place un modèle de développement endogène capable de compter sur ses propres forces afin de satisfaire les besoins essentiels de la majorité de leur population.

En prenant les problèmes à leur niveau le plus élémentaire, il s’agit pour commencer de parvenir à nourrir correctement une population croissante qui sur le plan agricole ne parvient pas à satisfaire ses besoins alimentaires, d’assurer un niveau de santé minimal en déca duquel tout espoir d’atteindre une productivité suffisante est vain, de fournir une éducation élémentaire, technique et professionnelle à une jeunesse de plus en plus nombreuse et de plus en plus désemparée.

Dans cet esprit, l’entreprise algérienne aura à jouer un rôle primordial, son efficacité à produire et à vendre dépendra de la qualité de son organisation interne, c’est à dire de l’étendue et de la profondeur de la soumission de ses employés.

Dans le rapport salarial, le pouvoir consistera essentiellement à obtenir la plus grande soumission possible au moindre coût. C’est pourquoi, le développement de l’économie dépendra désormais d’une main d’œuvre instruite qualifiée et motivée. Le facteur essentiel pour l’avenir du pays, c’est la conviction que les cerveaux constituent la plus importante des richesses de n’importe quel pays.

C’est de la capacité de certains acteurs d’imposer à l’ensemble des autres acteurs leur conception de la société, de ses objectifs, de ses modes d’évolution que se mesurent la profondeur et l’authenticité d’un pouvoir.

Malheureusement, comme le dit Victor Hugo « la vérité est comme le soleil, elle laisse tout voir mais ne se laisse pas regarder ». Le pétrole provoque des guerres et l’occident en tire profit tant en amont qu’en aval. Au lieu de créer les conditions de la paix, il réunit les conditions de la guerre.

Le renseignement est au cœur de la guerre du pétrole. Il est le dieu de la civilisation moderne et l’argent en est sa manifestation. L’occident est esclave du pétrole, l’Algérie de son prix, et l’Arabie saoudite des quantités mises sur le marché.

Il est un intérêt stratégique des Etats-Unis de contrôler la production mondiale des hydrocarbures. Ils ont fait de l’augmentation des importations du pétrole africain une question de « sécurité nationale » mobilisant leur diplomatie pour encourager la production dans les pays africains sans considération pour le caractère non démocratique des régimes en place et leur respect des droits humains.

A titre de conclusion, nous rappelons que « Le pouvoir est à double tranchant, un jour il vous grandit, un autre il vous détruit » Monique Moreau. Il en est de même du cours de l’énergie, un jour, il vous enrichit, un autre jour il vous appauvrit. C’est la loi de l’offre et de la demande. L’offre est à l’étranger, la demande est en Algérie, les prix sont dans les nuages. Pétrodollars : pétrole comme don de dieu, Dollar comme ruse de Satan.

Dr A. Boumezrag

1 COMMENTAIRE

  1. Le dinar algérien ne vaut plus rien: moins d’un demi-centime d’euro ! En Europe il est question de supprimer les pièces de 1 centime et 2 centimes dont le coût de fabrication dépasse la valeur vénale
    Les affaires se font en euros désormais en Algérie qui perd ainsi une part importante de sa souveraineté. L’Algérie s’effiloche tout en se rétrécissant comme une peau de chagrin.
    Cela apporte de l’eau au moulin des indépendantistes du MAK qui œuvrent déjà à la mise en place d’une cryptomonnaie kabyle.

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