22 novembre 2024
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 Algérie : du blé “bleu” au blé “rouge” !

Blé

Le blé est à la base du régime alimentaire des Algériens. Mais le pays dit-on n’en produit pas suffisamment notamment en raison des conditions climatiques défavorables et la production nationale peine à satisfaire les besoins croissants de la population.

Ce qui contraint nous dit-on le pays à importer 90 % de ses besoins en matière de blé. L’Algérie constitue le principal débouché du blé français à l’exportation. Le blé est la céréale la plus cultivée en Algérie. Il fait partie des grandes cultures. 

Selon son utilisation, on distingue le blé dur utilisé pour la fabrication des pâtes alimentaires, le couscous et autres plats traditionnels et le blé tendre utilisé pour la fabrication du pain français. Le blé dur est principalement cultivé sous les climats secs. Il a des qualités nutritives indéniables. Le blé tendre est cultivé dans des pays comme la France sous un climat humide. 

Il donne une élasticité comme la pâte à pain ou encore des pâtes à gâteaux. l’agriculture algérienne reposait sur la production des céréales de l’arboriculture (oliviers et élevage). Le fait frappant de l’agriculture algérienne de la période 1962-1979 est la stagnation de la production.

Quelle place et quel avenir pour notre agriculture ? (I)

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L’agriculture est loin nous affirme-t-on  de pouvoir réaliser l’objectif d’autosuffisance en matière de céréales alors qu’il s’agit de plus en plus d’un impératif politique et économique à un moment où les pays fournisseurs étrangers cherchent à réduire leurs ventes de biens agricoles et où les cours mondiaux du blé remontent. 

La dépendance en matière de blé, denrée de base pour la population s’aggrave dangereusement d’autant plus qu’elle est soumise aux aléas de la politique. L’Algérie se classe parmi les premiers pays importateurs de blé dans le monde.

En 1962, l’Algérie avait des rêves mais n’avait pas de moyens, cinquante ans après, elle a les moyens mais n’a plus de rêves. Le pétrole a fait des institutions, pâles copies de celles de nos illustres maîtres à penser occidentaux, des coquilles vides pléthoriques et budgétivores, sans impact sur la société, destinées à camoufler la réalité au regard de l’étranger, mais personne n’est dupe. Le monde, aujourd’hui, ne croit plus au père Noël. 

A la moindre baisse du prix du baril du pétrole, elles s’écroulent comme un château de cartes. Elles ne servent que de devanture au regard de l’opinion internationale. Les exportations hors hydrocarbures sont insignifiantes. Pourtant seul le travail peut s’opposer au pétrole. Or, il est marginal. Il représente moins de 2 % des exportations depuis plusieurs décennies. N’est-ce pas le signe évident de l’échec des politiques économiques dites publiques qui n’ont de publics que les fonds, menées à tambour battant par les élites qui se sont succédés sans qu’une bourgeoisie laborieuse n’est pu émerger.

La démocratie est une vue de l’esprit dans une économie rentière dominée par un Etat militaro-rentier. Toute opposition politique qui s’appuie sur les forces laborieuses est vouée à l’échec. 

Le poids de l’inertie est prépondérant, les forces vives sont faibles.  Le travail a perdu ses lettres de noblesse. Il s’incline devant le diktat du pétrole. Pourtant, «le pétrole est l’excrément du diable, il corrompt les pays et pervertit les décisions économiques », vérité vieille de cinquante ans mais encore vivace de nos jours. La rente pétrolière et gazière rend pratiquement inutile la production agricole et la facilité de payer les importations croissantes joue un rôle dissuasif non négligeable vis-à-vis de l’urgence du développement agricole. Alors que pour notre voisin de l’ouest, « gouverner c’est pleuvoir » pour les Algériens, « gouverner c’est importer ».

L’ajustement du niveau de consommation aux ressources alimentaires a entraîné un processus d’importation de biens alimentaires de plus en plus chers sur le marché mondial. 

L’insuffisance de l’offre agricole locale est due essentiellement à la médiocrité des rendements qui n’enregistrent aucun progrès appréciable. Les superficies consacrées à la céréaliculture n’ont connu aucune augmentation sensible ont au contraire régressées par rapport à la période coloniale.

Quand l’UNPA délaisse l’agriculture pour la politique 

La crise qui affecte la production a des origines lointaines : elle découle de la spécialisation à laquelle a été soumise l’agriculture durant la période coloniale vers la satisfaction des besoins de la métropole et donc déconnectée des besoins de la population locale et des causes plus récentes se rapportant à la politique « socialisante » menée aux pas de charge au lendemain de l’indépendance par les pouvoirs publics.

Les difficultés du secteur agricole ainsi que la faiblesse de la production céréalière sont à l’origine de la persistance et de l’approfondissement d’un vaste mouvement d’importations massives et coûteuses. Ces importations jouent le rôle de soupape de sécurité pour le pouvoir parce que empêchant que la crise du secteur agricole ne traduise la faillite totale d’une économie largement dépendante de l’extérieur pour sa survie. « Et le cargo diabolique nous enchaîna à tout jamais » tant pour l’exportation de notre seule richesse naturelle exportable (les hydrocarbures) que pour l’importation de notre nourriture et de nos médicaments ».

Mais l’horrible vérité, c’est peut-être que les gouvernants qui se sont succédés ont besoin des importations pour asservir leur population. Un peuple de paysans indépendants vivant de ses récoltes pourrait devenir têtu et fier pour demander l’aumône à ses dirigeants. C’est pourquoi les premières victimes des politiques agricoles sont les paysans indépendants et ce, à commencer par la révolution agraire.

La révolution agraire a donné l’illusion que la justice sociale est rétablie alors qu’en réalité c’est le travail de la terre qu’on enterre. La rente pétrolière rend dérisoire le surplus agricole potentiel et la facilité de payer les importations croissantes joue un rôle dissuasif vis-à-vis de l’urgence du développement agricole.

Les importations sont un instrument imparable d’aliénation très efficace qui permet aux élites dirigeantes d’accumuler plus de pouvoir et plus de richesses. Mais cela peut également les mener à leurs pertes. La flambée des prix de produits alimentaires sur le marché international a été un des facteurs déclenchant de la chute des dictatures arabes et africaines.

L’Algérie se trouve dépendante du marché international pour son approvisionnement en produits céréaliers dans la mesure où elle est satisfaite par un groupe limité de pays dont la France d’où l’extrême vulnérabilité économique et la fragilité de son équilibre alimentaire.

Face à cette situation contraignante où le taux de dépendance croit rapidement et d’une manière alarmante, est-il possible de renverser la vapeur ? C’est à dire d’augmenter l’offre locale.

Pour augmenter l’offre alimentaire, on peut, soit étendre la superficie cultivée soit améliorer les rendements. L’agriculture saharienne offre des perspectives rassurantes pour peu que la volonté politique soit manifeste. Les pays développés soutiennent la production, les pays rentiers soutiennent les importations c’est-à-dire financent la dépendance du pays aux variations des prix vers la hausse sur les marchés internationaux rendant vulnérables leurs populations.

L’Algérie est le seul pays au monde à négliger ses paysans, ses artisans, ses travailleurs qualifiés, ses fonctionnaires honnêtes, ses penseurs, ses créateurs alors qu’aujourd’hui en Europe, aux Etats-Unis, le revenu des paysans est protégé et subventionné et la terre prend de la valeur. La revalorisation de la terre serait un moyen de redonner à l’algérien le goût du travail et non l’envie de fuir le pays ou de mettre sa vie en péril dans des embarcations de fortune.

La fin du pétrole va creuser la faim dans le monde. La dépendance alimentaire est un instrument imparable d’aliénation des peuples. La famine sera le critère biologique déterminant de sélection des peuples à la survie. C’est dire toute la responsabilité du choix des hommes devant conduire le destin de la nation.  

Dr A. Boumezrag

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