3 mai 2024
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Algérie : entre frégates et faucons

L’Algérie est en attente d’être, un jour, un réel enjeu géoéconomique. En attendant, elle continue à subir les amas de tractations politiques et militaires poussant et avec lourdeur, le pays à s’aligner sur le chemin d’une seule volonté. Celle du QG de l’OTAN-Sud à Naples.

Les somnambules,  les trapézistes et les joueurs du « Trente et un » ne sont pas  tolérés en géopolitique. Il y a 38 ans, dix F-15D « Baz » de Tel-Aviv ont mené dans le cadre de l’ «Opération  Jambes de Bois » (Wooden Leg) un raid aérien contre le quartier tunisois de Hammam-Lif, alors siège provisoire de l’OLP après la débâcle de Beyrouth. De peur d’être la proie facile des « faucons » de Tel-Aviv, l’Algérie de Chadli a réussi à abattre l’un de ces avions et d’emprisonner deux pilotes dont une femme, après avoir averti Tunis de Benali que des « avions hostiles » était en direction du pays.

Mais la trahison est bien implantée dans le « bâtiment gris » de l’Intérieur de l’époque pour pouvoir quelque chose. Depuis octobre 1985, les eaux troubles se sont largement écoulées sous les pieds et les bourgeoisies compradores d’Afrique du Nord conçoivent leur survie sous d’autres cieux.

La revue Air et Cosmos du mois dernier, évoque le récent exercice dit de sûreté aérienne, entre la Tunisie et l’Algérie, d’un côté  et la France de l’autre, où des avions-intercepteurs Northrop F-5E/F Tiger-II tunisiens et des Sukhoi-30MKA Fencer-I algériens ont « poursuivi» en Méditerranée dans le cadre de la manœuvre intitulée « Circaète », un Airbus 330MRTT-Phénix français dont le but est de « renforcer la coopération et la maîtrise aérienne au-dessus de la Méditerranée » en impliquant la coordination et la compétence  technique dans une région à la géopolitique complexe, entendre la Libye.

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Si un avion de ligne français ou autre venait à être détourné par une des fractions armées des «  seigneurs de la guerre » de Tripoli, les « rafales maghrébins » interviendraient à temps et à la place de la Force aérienne tricolore basée dans la lointaine Corse.

C’est un exercice qui apaise certaines tensions politiques entre les trois capitales et apporte une assurance sécuritaire dans une région qui est directement touchée par les retombées de la guerre contre Gaza et la présence musclée des Américains avec armada dissuasive à l’encontre de l’Iran.

Dans cette politique d’assouplissement des tensions, Alger a été la cible d’un ballet diplomatique sécuritaire d’une certaine amplitude. A commencer par le double passage du Sous-secrétaire–adjoint d’Etat US chargé des questions d’Afrique du Nord, notamment celle du Sahara occidentale qui emporta avec lui un bloc-notes bien sécuritaire, lui, qui a été à un certain temps en charge des affaires nord-africaines au Conseil national de sécurité américain entre 2021-2022.

Cette ex-diplomate US dans les pays du Balkan aurait « certifié à Alger que l’alliance nouée entre Rabat-Abu-Dhabi-Tel-Aviv ne porterait pas atteinte à la sécurité nationale algérienne et que les USA se porteraient garante d’un ordre de stabilité régionale ». L’inquiétude de Washington est celle de voir qu’une crise majeure au Maghreb ne profite à une plus large influence à Moscou et à Pékin dans une région toujours considérée comme porte du flan sud de l’Europe. Les Américains devraient s’inquiéter puisqu’ils ont validé la vente au Maroc de 48 F-16 Bloc 70 israéliens qu’ils ont « omis » de mettre sur la table des discussions avec les Algériens !

Au même moment, la marine russe de la Mer Noire se fait discrète en envoyant sa frégate lance-missiles Amiral Grigorovitch 494 sur les côtes algériennes dans le cadre d’exercices navals traditionnellement honorés en ce mois de décembre entre les deux pays.

L’OTAN et son commandement US, n’oublieront jamais le passage « furtif » en Méditerranée, du sous-marin Krasnodar et son châtelet d’accompagnement Sergueï Balk, qui finira par rejoindre la mer de Barents en toute quiétude, bien au nord de la Norvège.

A Alger, on aime briller par les courtoises assurances en direction de Washington que « la région ne va pas basculer dans le giron russe et que l’Algérie fournira les garanties nécessaires pour maintenir un juste équilibre » dans les rapports de force entre l’Occident et la Russie notamment, dans le Sahel.

Afin de concrétiser cette attitude,  Alger s’assoit, et pour cinq ans, à la tête de la CEMOC sahélienne, une prise d’armes pour dire que le linge sale se lave en famille. Une position qui serait louable à certains égards si Alger avait une « puissance de feu diplomatique » de faire revenir Washington sur son aveugle soutien à son « 51e Etat de Tel-Aviv ».

Toujours interné dans le turban de cette politique d’un retour de la diplomatie algérienne, Alger ne fait qu’ouvrir ses portes à des initiatives qui viennent de l’étranger sous la bannière d’un invisible partenariat. C’est ainsi que du 3 et 6 du mois en cours, l’ambassade US en Algérie évoqua dans un communiqué l’organisation d’un « échange bilatéral sur la sécurité chimique » où il était question de « meilleurs pratiques et de procédures opérationnelles standard pour garantir un transport sûr des produits chimiques en vrac », lit-on dans le même texte.

Vingt-deux responsables algériens de plusieurs ministères étaient en face de représentants du Bureau de sécurité internationale et de la non-prolifération, dépendant du Département d’Etat, ainsi que  ceux des laboratoires Sandia du département US de l’Energie, qui ont abordé « les méthodes et outils permettant d’identifier en toute sécurité les produits chimiques préoccupants en matière de sécurité et les stratégies visant à sécuriser les itinéraires pour le transport des produits chimiques en vrac ».

Parmi les intervenants à cette rencontre d’Alger, le chef de mission adjoint par intérim de l’ambassade US Christian Ehrhardt, qui notait que du côté américain, il y a une « sérieuse reconnaissance de la menace du terrorisme chimique, biologique et radiologique qui est évolutive » et qu’il serait intéressant de s’unir avec les partenaires algériens « afin de prévenir, dissuader et répondre à toute tentative d’utilisation de ces matériaux à des fin malveillantes ».

C’est bien un atelier de concertation et de travail qui permettra certainement au groupe industriel et spécialisé dans la sécurité nucléaire, Honeywell International Inc., d’intervenir en Algérie dans le contexte de recrudescence du djihadisme sahélien et avec lui la prolifération du trafic maffieux des produits atomiques et autres, notamment après les récents coups d’états en Afrique qui ont affaibli les institutions centrales plus qu’un renouveau démocratique.

Encore une fois, Alger n’a pas été choisie au hasard par les Américains. Le récente histoire de la Eurl du dénommé T. N. et son cargo venant d’un port chinois en direction d’Alger via La Valette (Malte) transportant deux containers de déchets nucléaires et ce en date d’avril 2013, est encore bien vivante.

Le Plan des Nations unies pour l’Environnement (PNUE) avait classé dès 2001 l’Algérie comme un des 09 pays africains que la maffia atomique, utilise pour faire transiter ses « armes silencieuses » ou encore les enterrer sur le sol algérien à l’insu de tout contrôle.

Mohamed-Karim Assouane, universitaire

2 Commentaires

  1. Et si seuleument si la junte s’occupait de ses propres affaires et laissait le psuple gerer le pays au lieu de le transformer en prison militaire a ciel ouvert. Abas la dictature.

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