29 mars 2024
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Algérie : errance d’un peuple, irresponsabilité d’un pouvoir

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Algérie : errance d’un peuple, irresponsabilité d’un pouvoir

L’Algérie sombre dans une espèce de blocage tous azimuts. L’improvisation des autorités publiques a fait impression et a contribué à transformer la mauvaise gestion en délire.

Le délire, c’est quand un exécutif ne sait plus comment planifier au-delà de deux mois, c’est quand il gère au jour le jour les affaires sensibles de la nation, c’est quand il perd sa relation charnelle avec le peuple qu’il prétend pourtant gérer, ou quand il prend ce dernier pour une quantité négligeable.

En effet, toute politique qui ignore les sentiments et les misères de la population mène, de proche en proche, de la perte du peuple lui-même à celle du pays, et ensuite immanquablement, à la perte de toute dignité humaine. C’est une politique, somme toute, d’abandon, sinon de non-assistance à un peuple en danger. Ces dernières semaines, les Algériens s’aigrissent dans leurs malheurs. Ils ne savent plus à quel saint se vouer.

Entre incendies de forêts de l’été, cherté de la vie, marasme social, pénuries d’eau, absence de perspectives, recrudescence terrible du phénomène des harraga, ils ne voient venir aucune lueur d’espoir. C’est un peuple en errance par un temps gris et orageux, qui lutte pour sa survie, pour sa sortie des ténèbres, pour son salut. Vue de l’extérieur, l’Algérie est devenue une sorte de devinette que plus personne n’arrive à expliquer.

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Vue de l’intérieur, elle ressemble plutôt à un colosse aux pieds d’argile, incapable de nourrir et de protéger ses enfants. Qu’est-ce qui nous arrive ? Pourquoi on est comme ça? Pourquoi le pays stagne-t-il ? Pourquoi le peuple est-il toujours méprisé? Et puis, est-il possible de gouverner un pays sans son peuple ? L’équation est impossible et il est légitime de s’interroger sur le devenir de la nation, dans ce moment charnière et délicat de notre histoire.

Un jeune de vingt ans a tout le droit de se poser des questions sur son avenir, dans un pays où le président de la République n’est pas en mesure de réguler le prix public des patates dans le marché ! Et parler de la prospective et des statistiques de haute volée, cela donne des vertiges !

L’exode des Algériens sur les côtes espagnoles est on ne peut plus le signe que rien ne marche, que le régime est en faillite et ses manipulations ne passent plus, que les élites sont en divorce avec la jeunesse. La situation est grave, très grave, voire trop grave pour cette Algérie, point de fixation des convoitises régionales et proie des enjeux géostratégiques globaux.

Si la jeunesse a opposé une fin de non-recevoir aux output de la caste gouvernante, si qu’elle en a marre d’attendre et d’espérer un changement qui ne viendrait peut-être jamais. On a beau répéter que des réformes placebo suffiront pour endiguer la crise, la réalité en dit et dicte autre chose. L’Algérie a besoin de synergies nouvelles de forces citoyennes pour voir son rêve exaucé.

Elle a besoin de ralliement de son diaspora  et de sa mobilisation constante pour prêter main-forte aux forces démocratiques, à présent, déstructurées de l’intérieur.

Le changement est possible à condition que le peuple et ses élites soient solidaires, à condition qu’ils soient homogènes, à condition qu’ils soient déterminés à aller de l’avant dans l’élaboration d’un projet de société, à même d’extirper rapidement l’Algérie du bourbier dans lequel elle se retrouve. 

Auteur
Kamal Guerroua

 




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