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Ali Yahia Abdennour : une vie à combattre l’arbitraire

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Ali Yahia Abdennour : une vie à combattre l’arbitraire

Ali Yahia Abdennour, n’est pas à présenter pour avoir conquis assez tôt le cœur de tous les Algériens, grâce notamment à son tempérament indéfectible et cette ferveur inaltérable qui le caractérisent de ne jamais se départir d’une cause qu’il considère à juste titre comme étant noble.

Ali Yahia Abdennour nait le 18 janvier 1921 dans le village Taqa dans la commune d’Aït Yahia, Wilaya de Tizi Ouzou. Il adhère au Parti du peuple algérien (PPA) à la suite des évènements de Kherrata du 08 mai 1945, et puis au Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) qu’il quitte au lendemain de la crise dite berbériste de 1949.

Yahia Abdennour rejoint par la suite les rangs du FLN en 1955. Emprisonné depuis 1956 à Berrouaghia, ensuite au camp Paul Gazelles, puis au camp Bossuet. Il devient suite à sa libération en 1960, secrétaire général de l’UGTA, en remplacement de Aissat Idir, enlevé et assassiné dans des conditions qui demeurent encore obscures par la police coloniale.

Ali Yahia Abdennour a occupé après l’indépendance du pays la responsabilité de ministre des Travaux publics et des Transports, puis ministre de l’Agriculture et de la Réforme agraire durant le règne de Boumediène (1965-1968)

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Et suite à un désaccord avec Kaïd Ahmed, au sujet du projet de la révolution agraire, il démissionne en 1967. Après des études en droit, il s’installe à Alger en 1972, où il a ouvert un bureau d’avocat en défendant bénévolement plusieurs détenus d’opinion.

Il a été l’objet d’un enlèvement dans son cabinet le 2 octobre 1983 par la Sécurité Militaire de l’époque, pour être séquestré durant plusieurs semaines dans un endroit tenu pour secret jusqu’à ce jour, pour être déféré devant le parquet de la cour de Médéa et incarcéré à nouveau à la prison de Berrouaghia.

Le président Chadli, à la veille de sa visite officielle en France, avait déclaré, au quotidien Le Monde du 05-11-1983 au sujet de l’arrestation de Maitre Ali Yahia Abdennour, « que le problème n’est pas politique, mais plutôt une affaire de trafic de drogue et de devises » (sic).

Libéré en 1984. Ali Yahia Abdennour retourne une fois de plus en prison quelque temps plus tard en 1987, pour avoir fait de l’ombre à la ligue algérienne des droits de l’homme créée sous les hospices de l’État algérien et présidé à l’époque par Miloud Brahimi.

Élu président d’honneur de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), dont il est l’un des membres fondateurs avec entre autres Arezki Ait Larbi.

Ali Yahia Abdennour à toujours eu une attitude impartiale pour s’élever à la hauteur de la légalité du droit, ce qui l’ayant amené à ne pas vouloir cautionner l’interruption du processus électoral de 1991, mais plus encore, il n’a pas lésiné à assurer la défense de certains des dirigeants du Front islamique du Salut (FIS) dissous.

Ali Yahia Abdennour est un homme de paix et de tolérance. Il n’a pas hésité à prendre part à la conférence de Sant’Egidio organisée le 13 janvier 1995, à l’initiative de la communauté catholique de Sant’Egidio à Rome, en présence d’un certain nombre de partis politiques de l’opposition algérienne de l’époque.

Il a continué néanmoins à œuvrer à la création d’espaces de réflection et de concertation en vue de promouvoir une alternative permettant un passage sans casse vers un idéal démocratique.

En 2011, il prend part à l’appel de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD). Le 7 octobre 2017, il appelle, conjointement avec Ahmed Taleb Ibrahimi et Rachid Benyelles, à déclarer l’état d’incapacité du président Bouteflika, victime d’un AVC on s’en rappelle.

Le 18 mai 2019, et dans le contexte de la contestation populaire, Ali Yahia Abdennour alors âgé de plus de 98 ans ne s’est pas privé de se porter une fois de plus au service de son peuple en appelant conjointement avec Ahmed Taleb Ibrahimi et Rachid Benyelles au report de l’élection présidentielle algérienne de 2019.

Il devait par ailleurs appeler à l’instauration d’un dialogue entre l’armée véritable détentrice du pouvoir et les représentants des manifestants dans le but de permettre une transition politique.

Maitre Ali Yahia Abdennour décède en son domicile à Alger le 25 avril 2021, l’enterrement a eu lieu au cimetière d’El Biar.

Adieu Grand Homme et repose en paix. Puisse Dieu alléger l’étreinte de la terre sur ton corps frêle, pour avoir été des années durant le défenseur intrépide des droits bafoués des êtres humains.

Rezki Djerroudi

Ressources :

– La crise berbère de 1949: portrait de deux militants, Ouali Bennaï et Amar Ould-Hamouda, Éditions Barzakh, 2013.

La dignite humaine, Éditions Inas , 2007

https://www.elwatan.com/edition/actualite/trop-cest-trop-08-10-2017

https://www.lefigaro.fr/flash-actu/algerie-3-personnalites-pressent-l-armee-de-dialoguer-avec-la-contestation-20190518

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/04/26/algerie-mort-d-ali-yahia-abdennour-avocat-et-militant-infatigable-des-droits-humains_6078105_3212.html

Auteur
Rezki Djerroudi

 




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