Amine Esseghir est un journaliste et écrivain algéro-canadien. Il vient de nous surprendre avec bonheur par la publication d’un livre témoignage, poignant, déchirant, Revenir entier, chez les éditions l’Harmattan.
Revenir entier, interpelle la conscience et l’esprit dans un souci de pousser la réflexion à son plus haut niveau, tant les faits relatés laissent le lecteur écorché, dans une spirale infernale où seules la violence et le non-sens semblent s’exprimer et trouver leur place.
Amine Esseghir nous plonge dans la période la plus noire de l’Algérie postindépendance, quand l’arrêt du processus électoral libéra des forces noires qui ont dévasté le pays laissant à l’histoire une lourde mémoire fragmentée remplie d’interrogations appelant des réponses que le brouillard tarde à libérer.
Amine Esseghir a commencé le métier de journaliste en 1990 au journal Le soir d’Algérie, en 2005 il reçut le prix Euromed Heritage journalistic award (mention spéciale du jury) pour une longue enquête sur les textes du chant Chaabi, en 2012, il publia, Yaghmoracen, raconté par Ibn Khaldoun, une bande dessinée dont il a écrit le scénario avec les dessins de Mohamed Kechida.
Il a réalisé deux documentaires, L’épopée de la bataille de Timimoun, en 2009, qui fait appel aux témoins algériens et français de cette bataille pour le contrôle du Sahara durant la guerre d’Algérie, et, La Sagesse au service de la foi, un portait de Cheikh Abderrahmane El Djilali, un religieux érudit qui prônait la modération en Islam.
Amine Esseghir a publié également une étude sur les textes chaabi dans la revue littéraire marocaine Nejma en 2018 et continua son métier de journaliste au Canada.
Revenir entier est un livre qui arrive après une trentaine d’années de maturité, pour déchirer les silences, lever des voiles et laisser apparaître des éclairages, des éclaircies, à travers des nuages, des orages, d’une époque ennemie de la vie.
Le Matin d’Algérie : Vous êtes journaliste, vous venez de publier un livre qui bouscule l’esprit et déchire le cœur, Revenir entier, chez les éditions l’Harmattan, qui est Amine Esseghir ?
Amine Esseghir : Une question difficile pour commencer. Je dirais un individu ordinaire, journaliste par passion, peut-être aussi par vocation. Un projet d’écrivain sur le tard, Algérien de naissance, Québécois par choix et très probablement citoyen du monde.
Le Matin d’Algérie : Vous avez décidé de rompre le silence, trente ans après, vous sentez-vous libéré d’un poids ?
Amine Esseghir : Sincèrement, je ne pense pas avoir considéré le souvenir de la guerre anti-terroriste comme un poids. Du moins ce n’est devenu un poids qu’une fois que fut imposée la charte sur la réconciliation nationale par Bouteflika. Très rapidement j’ai vu le danger que peut constituer une loi qui force les Algériens au silence et à l’amnésie.
Le Matin d’Algérie : Vous avez bénéficié d’une bourse du Conseil des arts du Canada pour pouvoir avoir le temps d’écrire, vous faîtes une tournée en France pour présenter et dédicacer votre livre, comment est accueilli votre livre ?
Amine Esseghir : Oui une bourse pour écrire et une bourse du Conseil des arts et lettres du Québec pour pouvoir faire connaître le livre en France. Justement cela m’a permis de constater que les questions sont toujours lancinantes et les plaies toujours ouvertes. Déjà, la diffusion du livre au Québec, essentiellement à Montréal, m’avait convaincu de l’importance d’écrire et de parler de cette période sombre, ce qui est appelé officiellement la décennie noire ou la tragédie nationale. Mon voyage en France m’a convaincu qu’il est urgent de parler et d’écrire sur les dix ans de malheurs vécus par les algériens dans les années 1990.
Le Matin d’Algérie : Le titre de votre livre, Revenir entier, est incroyable, il accapare le regard, il résonne comme un coup de tonnerre, comment s’est fait le choix de ce titre ?
Amine Esseghir : En fait l’explication est à la fin du livre et je profite de l’occasion pour inciter les gens à lire le livre de comprendre le choix de ce titre.
Le Matin d’Algérie : Trente ans après, quel regard portez-vous sur l’Algérie d’aujourd’hui ?
Amine Esseghir : La seule chose dont je suis toujours convaincu, c’est que les raisons qui m’ont poussé à partir sont toujours valables. Une des plus importantes à mes yeux demeure cette loi du silence appelée Charte pour la paix et la réconciliation nationale.
Au-delà je vois ces jeunes, ces forces vives du pays, livrés à eux-mêmes poussés vers l’exil forcé prenant des risques inouïs pour quitter l’Algérie. Signes d’un échec total de toutes les politiques publiques. Sinon, je ne perçois l’Algérie qu’à travers les informations que je lis ou regarde. Quelques fois des amis toujours en Algérie me donnent leurs propres avis sur ce qui se passe. Dès lors il m’est difficile de donner un avis sans qu’il ne soit incomplet et très certainement subjectif.
Le Matin d’Algérie : Avez-vous des projets en cours ou à venir ?
Amine Esseghir : Je viens de terminer un roman de climat fiction dont les évènements se déroulent au 23e siècle à Montréal. Après Revenir entier, j’ai eu comme envie de m’éloigner encore plus de l’Algérie probablement.
Le Matin d’Algérie : Un dernier mot peut-être ?
Amine Esseghir : Il y a cette occasion manquée qui s’accroche comme une guigne à l’Algérie. Ce pays mérite un meilleur sort. Les Algériens méritent un pays où les libertés de réunion, d’activité politique, d’expression sont non seulement garanties, mais font partie des acquis irréversibles. La question de la mémoire s’est greffée aux revendications démocratiques et finalement représente encore une marche à gravir et pousse encore plus loin la possibilité pour les algériens de s’émanciper. Sinon on a beau s’éloigner de l’Algérie, ce pays ne vous quitte pas. Partout où on va, on porte ses souvenirs de bonheur et de malheurs. Comme disait cet étranger, Albert Camus, “de l’Algérie on ne guérit jamais”.
Entretien avec Brahim Saci
« … quand l’arrêt du processus électoral libéra des forces noires qui ont dévasté le pays laissant à l’histoire une lourde mémoire … »
Les forces n’ont n’ont pas de couleur bordel. Vous voulez certainnement dire OBSCURES !!!
PREMIEREMENT MERCI MONSIEUR SACI
JUSTE SI JE PEUX ME PERMETTRE MERCI D’AJOUTER LES REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUE OU LIEN POUR TROUVER LES ARTICLES OU LIVRES CITES (je suis un peu frustré)
Amine Esseghir :
Il y a cette occasion manquée qui s’accroche comme une guigne à l’Algérie.
IL Y A AUSSI CE DESAROI DE TOUS (OU PRESQUE) CEUX QUI ONT QUITES LE PAYS CETTE BOULE AUX ENTRAILLES …
Ce pays mérite un meilleur sort.
EFFECTIVEMENT LA NATURE ET L’HISTOIRE L’ONT GATE
Les Algériens méritent un pays où les libertés de réunion, d’activité politique, d’expression sont non seulement garanties, mais font partie des acquis irréversibles.
CA SE MERITE JE PENSE QUE LES ANES GERIENS(à 90%) NE LE MERITE PAS
La question de la mémoire s’est greffée aux revendications démocratiques et finalement représente encore une marche à gravir et pousse encore plus loin la possibilité pour les algériens de s’émanciper.
OUI MAIS ILS ONT LA MEMOIRE COURTE
Sinon on a beau s’éloigner de l’Algérie, ce pays ne vous quitte pas.
UN CADRE SUPERIEUR DE L’ETAT ET DIPLOMATE (SANS DIPLOMATIE) M A DIT UN JOUR : L’ALGERIANITé EST UNE TACHE INDELEBILE
Partout où on va, on porte ses souvenirs de bonheur et de malheurs. ET PARFOIS COMME UNE CHARGE
Comme disait cet étranger, Albert Camus, “de l’Algérie on ne guérit jamais”.
MERCI MONSIEUR DE CONSIDERE QUE CAMUS ETAIT UN ETRANGER VOUS ETES DE CEUX QUI NE SE COURBENT PAS CHAPEAU BAS
CAMUS ETAIT UN COLONIALISTE (Il suffit de lire ses correspondances avec FERAOUN, AMROUCHE et AUTRES
Le drame d’Internet qu’il permet à tout le monde de s’exprimer sur un pied d’égalité, aussi bien l’intellectuel qui réfléchit et produit pour sa société que l’hémione, bon à rien, qui passe son temps à pondre des commentaires stériles.
??
Merci de développer.
A proprement parler, l’Algérie comme entité n’existe que par les malheurs partagés par ses habitants. Essayons un instant de souligner les faits marquants de son histoire depuis plus d’un siècle et demi (et même plus loin pour mythomanes) : c’est de sinistre en sinistre. Et la loi du silence du débit du XXIe siècle que souligne l’auteur en est un parmi d’autres. Mettre les criminels sur un piédestal, avantages de toutes sortes à la clef et bâillonner et malmener les victimes et leurs familles et amis, c’est comme ça qu’on ‘cimente’ une nation multiple en orienistan.