Le sentiment d’insécurité éprouvé en circulant sur l’autoroute entre Bordj Bou Arréridj et Alger amène à la conclusion suivante : le voyage nocturne non essentiel sur cette autoroute est fortement déconseillé à cause de la grave dégradation de l’enrobé.
Le bon sens et le ministre ont choisi des chemins différents
Le ministre des Travaux publics a cité deux causes derrière la dégradation de l’autoroute Est-Ouest à savoir : l’augmentation du débit de circulation et le non respect de la charge maximale. Le ministre ajoute que l’autoroute a été conçue pour accueillir 100 000 véhicules, enregistre actuellement plus de 200 000 véhicules. Une augmentation à court terme du simple au double signifie tout bonnement un sous-dimensionnement de l’ouvrage dès le départ. Pour ce qui est de la charge excessive, en absence de système de pesage autoroutier, d’un guide de conformité et d’un dispositif de surveillance, l’argument (dépassement de la charge maximale) ne tient pas la route. Techniquement parlant, la mauvaise qualité ou le non-respect des plans et devis est la cause prépondérante des déficiences de l’autoroute.
L’aveuglement du donneur d’ouvrage
Un donneur d’ouvrage public qui réceptionne un fichu produit est stupide ou corrompu. Pour ainsi dire, une infrastructure qui est Incapable de résister aux contraintes durant la premiere phase de son cycle de vie n’est pas seulement un échec, mais possiblement un crime économique. Sur le tronçon de B.B.A à Alger, un non-voyant peut facilement appréhender la réalité de cette autoroute qui met en péril la vie de ses usagers.
À une époque pas si lointaine, l’Algérie est devenue un grand chantier qui fournit des livrables en délicatesse avec les normes ou présentant des déficiences majeures. L’autoroute Est-Ouest (le projet du siècle) qui ne rencontre pas les attentes des algériens, est un bon exemple. Malheureusement, au lieu d’enquêter pour tirer des leçons de son échec, on ne cesse de se justifier par des arguments triviaux, inintelligibles et subjectifs!
Plutôt un méchant tandem derrière la fatigue prématurée
Ce ne sont ni le débit de circulation, ni les usagers, ni le contexte difficile qui sont derrière l’usure prématurée d’une bonne partie de l’autoroute Est-Ouest. C’est plutôt le méchant tandem qui est la cause profonde de la détérioration de la surface de roulement. Il s’agit de l’association à but lucratif maître d’œuvre et maître d’ouvrage.
Sans scrupule et sans regret, cette association a livré à l’Algérie une autoroute non viable voire singulière sur le plan coût et qualité. En effet, l’autoroute Est-Ouest est un modèle de projet budgétivore qui a été érigé par un flot d’argent du contribuable. En outre, cette autoroute est exploitée sans entretien. Elle devient une menace réelle pour la sécurité publique.
Pauvre riche Algérie !
L’industrie de la construction est un domaine où l’on rencontre le plus de stratagèmes, de collusion et de corruption, il continue à ne pas susciter l’intérêt, la surveillance et l’encadrement de l’État. Pour ainsi dire, les projets de construction exécutés dans les règles de l’art, on en cherche.
Mais les projets non-conformes, on en trouve. Le travail bâclé, la malfaçon et l’obsolescence prématurée des produits ont trouvé refuge en Algérie, c’est la raison pour laquelle tout bien, en si peu de temps, devient rebut. La faiseuse de veuves et d’orphelins échappera-t-elle à cette règle insensée ?
Djamel Gaham
Bien dit !