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vendredi 10 octobre 2025
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Aux responsables algériens ! l’anglais à l’école : le désastre comme finalité !

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Le but de cette chronique (*) est d’attirer une fois de plus l’attention de nos dirigeants de haut rang, en particulier le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, sur l’irresponsabilité de remplacer le français par l’anglais dans les écoles en un temps record. Qui diable est en charge du destin du pays pour se permettre d’exacerber la catastrophe dans un domaine aussi sensible que l’éducation ?

Comment diable peut-on ignorer les résultats catastrophiques d’une arabisation rapide et irréfléchie ?

Soyons honnêtes, qui parle vraiment l’arabe classique après plus de cinquante ans de bombardements d’arabe nucléaire ? Je ne suis pas un bon locuteur, mais le peu que j’ai pu retenir sur quelques années d’apprentissage forcé et inadéquat me suffit pour repérer des erreurs flagrantes dans les commentaires écrits en arabe ! Cela décrit bien la débâcle dans laquelle nous sommes empêtrés.

En ce qui concerne le français, dans les années postindépendance, il y avait certainement plus de francophones qui le parlaient couramment qu’en 2025. Les commentaires de nos jeunes sur les réseaux sociaux sont, à cet égard, assez éloquents. En soixante ans, nous avons massacré le français et chassé des dizaines de milliers de francophones, laissant derrière eux une langue des plus arriérées. En conséquence, à quelques exceptions près, nous avons transformé nos enfants en analphabètes bilingues.

Quel est le but d’une langue, après tout ?

– Premièrement : Communiquer clairement et intelligiblement avec ceux qui nous entourent. Tout d’abord, au sein du cercle familial, du berceau à l’enfance. À cet égard, il serait intéressant de savoir s’il y a des mères qui communiquent avec leurs petits chérubins, dans leur phase de développement guili-guili ou des couples qui échangent un peu d’affection verbale en arabe nucléaire. Ce serait amusant à voir !

– Deuxièmement : interagir avec le monde extérieur. Le voisinage, l’administration le marché, etc. Mais, par exemple, à part les documents écrits en caractères arabes, quand on se rend au comptoir de l’hôtel de ville ou de la préfecture locale, pour une écrasante majorité d’Algériens, c’est toujours avec la même terminologie, héritée du koufar : ixtri d’nissance, cardentity, passepourt, cazyi judiciyire, etc., que l’on s’adresse à nos administrateurs pour toute émission de documents officiels !

– Troisièmement : s’immerger dans les connaissances du monde, du primaire au lycée, et au-delà, à l’université. Mais il est clair que malgré la multitude de matières enseignées en arabe, des cours de récréation de toutes les écoles aux campus universitaires, il est peu probable que la communication entre les élèves et les étudiants ait lieu dans cette Lougha El’Watania, qui est imposée simplement parce que d’autres langues sont considérées comme des dialectes inefficaces et que le français est la langue du colon, à bannir de notre génétique orale, verbale et vocale !

Que signifie cette ruée vers l’anglais, et quelles sont les véritables raisons qui poussent nos dirigeants à éliminer le français, qui est encore plus ou moins utilisé dans notre pays malgré la détermination de nos dirigeants à en effacer toutes les traces bien avant l’indépendance du pays ?

En effet, nous sommes tous d’accord pour dire que ce n’est pas une mauvaise idée d’ajouter l’anglais comme langue étrangère forte, mais il doit être intensifié lentement à mesure que le pays renforce les structures éducatives de soutien et les compétences de formation disponibles.

Il ne fait aucun doute que les éternels « plus patriote que moi, tu meurs » qui nous considèrent comme des partisans inconditionnels de la France ne manqueront pas leurs cris d’Orfraie sans fin sans avancer le moindre argument. Ils ont tort ! Parce qu’en termes de patriotisme, nous n’en manquons pas non plus. Nous croyons que le débat est nécessaire dans tout projet qui engage la nation. Cependant, tout a été imposé aux plus hauts niveaux. Ce n’est pas une approche très moderne de la gouvernance. Osons recourir à un référendum ! Nous verrons alors que les citoyens sont beaucoup plus lucides qu’ils ne nous feraient croire.

Ceux qui ont lu la version originale de ce texte n’ont pas manqué pas de conclure que son auteur maîtrise la langue de Shakespeare, étant donné qu’il a été immergé dans le monde anglophone pendant près de 50 ans et que l’anglais était la langue qu’il pratiquait tous les jours dans sa profession d’enseignant-chercheur en physique. En témoignent des dizaines de publications dans des revues prestigieuses et un livre de recherche publié au cours de ses premières années de retraite.

Et pourtant, dans l’effort de rendre le texte aussi parfait que possible, il n’avait pas d’autre choix que de le faire relire par deux amis proches. Et croyez-moi, il y a eu des erreurs. Une autre lecture attentive détectera probablement d’autres fautes. Cela montre à quel point il est difficile de revendiquer n’importe quel type de maîtrise dans n’importe quelle langue. S’attendre à la maîtrise de l’anglais avec des enseignants inexpérimentés est absurde et ridicule.

Malgré les avertissements et les alertes des éducateurs et d’autres pédagogues compétents, le pouvoir et ses affidés persistent dans leur folie, voulant imposer l’anglais dans nos écoles à tout prix. Leurs prédécesseurs ont ignoré les géants du terroir que sont Mustapha Lacheraf et Kateb Yacine, qui ont souligné l’arabisation précipitée dans les années 1970. Pourquoi le nouveau clan prêterait-il attention aux avertissements des hommes et des femmes ordinaires, anglophones de surcroit ?

Faut-il être diplômé de Saint-Cyr pour comprendre que remplacer le français par l’anglais est un suicide collectif dont le pays pourrait se passer ?

Rafistolage, plus de rafistolage, rien que du rafistolage !

Première question : qui sont les formateurs des formateurs ? Sur quelle base ont-ils été recrutés, pour ne pas dire désignés ?

Deuxième question : en supposant que ces enseignants soient tous des génies pédagogiques, qu’en est-il de l’environnement culturel nécessaire pour améliorer tout apprentissage qui se respecte ?

Troisième question : en supposant que nous puissions surmonter toutes sortes de difficultés et d’obstacles à l’école primaire pour donner à nos petits chérubins un bon niveau, quelle baguette magique utiliserons-nous pour maintenir un niveau décent de la langue de Shakespeare au collège et au lycée ? Sans parler de l’université !

Peu importe comment nous cogitons la question, nous arrivons toujours aux mêmes impasses !

Berçant encore dans la naïveté des génies des mille et une nuits, nos dirigeants espèrent sans doute une visite de Jafar, le djinn qui fait voler le tapis d’Aladdin, pour instiller l’anglais dans la caboche de nos écoliers !

Rien de tout cela n’est sérieux ! Si rien n’est fait pour arrêter ce massacre imminent, dans quelques années, les répercussions émergeront sous la forme d’un troisième charabia linguistique après celui de l’arabe et du français.

L’histoire se souviendra que c’est dans le cadre de la « nouvelle Algérie » que ce nouveau charabia est né au pays de l’inhabituel !

L’éducation nécessite une refonte générale des programmes, du primaire au lycée, et au-delà, à l’université, et ce n’est pas en prétendant remplacer une langue par une autre que nous pouvons prétendre mieux former… à cet égard, de nombreux amis enseignants, même ceux de l’école primaire, rapportent le fait qu’ils continuent à enseigner leurs cours en français, n’ayant pas eux-mêmes une bonne connaissance de l’anglais. De toute évidence, tout va de travers dans la « nouvelle Algérie » de Tebboune-Changriha.

En creusant plus profondément, nos dirigeants se retrouveront bientôt de l’autre côté de la planète ! Ils reviendront avec l’idée de remplacer l’anglais par la seule langue du futur, le chinois !

Mais si vous regardez de près, la recette des clans au pouvoir n’a pas changé d’un iota depuis que Chadli nous a été imposé, en remplacement de Boumediene. Le clan de l’époque nous avait promis un avenir meilleur en important des œufs et des bananes, mais l’arabisation suicidaire n’a jamais été remise en question, bien au contraire, Zeroual avait tout fait et tout dit pour la renforcer. Bouteflika est arrivé et a osé briser certains tabous en n’hésitant pas à s’exprimer dans la langue de du kouffar, mais ce n’était que de la poudre aux yeux, puisque rien n’a été fait pour rectifier la situation concernant les programmes scolaires. Des programmes concoctés par des crétins pour faire de nos chérubins de bons musulmans, et rien d’autre, en les bourrant de sourates et d’autres versets inutiles, durcissant ainsi les parties actives de leur cerveau, celles qui réfléchissent au lieu de tout avaler par cœur et sans rien comprendre de ce qui se trame derrière leurs dos d’innocents !

Notre président nous promet une nouvelle Algérie, avec l’anglais comme nouveaux fers de lance pour sortir le pays du bourbier dans lequel il est empêtré !

En fait, la formule est simple et semble avoir été bien étudiée par nos experts en démagogie. Il consiste à blâmer le clan précédent pour toutes sortes de revers et à trouver d’autres moyens de couler davantage le pays. Ainsi, le nouveau clan a beaucoup à faire pour s’occuper, s’excitant dans tous les sens pour nous forcer dans un autre tunnel et mieux nous aveugler.

Peu importe qui est le président, c’est toujours la faute de l’ancien ! Pour Tebboune, si rien ne va, c’est la faute à Bouteflika ; pour ce dernier, si tout s’est effondré, c’est le manque d’expérience de Liamine ; pour Zeroual, si tout est sordide, c’est la responsabilité de Bendjedid ; pour Chadli, toute la saleté est la responsabilité de Houari ! En ce qui concerne le prochain, nous le savons déjà, la malchance sera due à l’immaturité de Tebboune et son indécence !

Détruire ce qui a été construit, puis faire semblant de construire sur des sables mouvants ! Et le tour est joué !

Nouvelle ou ancienne, ainsi va l’Algérie des officiers !

Faites demi-tour M. Tebboune, avant qu’il ne soit trop tard ! Faites-le pour nous, pour nos enfants, et aussi pour les vôtres ! L’histoire vous remerciera !

Je sais que le déballage de tout cela risque d’attirer beaucoup d’hostilité. Seul l’amour sincère de l’Algérie nous pousse à prendre de tels risques !

Comme beaucoup d’Algériens, j’ai eu la chance d’être né dans un village des collines de Kabyle où ma langue maternelle était une langue unique : le kabyle. Pendant nos premières années d’école, le français a commencé à inonder subtilement nos cerveaux. Après un déménagement à Alger, à l’adolescence, c’était au tour de l’arabe d’Alger de prendre le relais. À 15 ans, nous étions déjà trilingues. Apprendre l’anglais par la suite devenait un jeu d’enfant. Cependant, peu importe à quel point nous avons essayé, nous étions imperméables à l’arabe classique grâce à des professeurs incompétents (n’ayons pas peur de tout déballer).

Où en sommes-nous, en l’année de grâce 2025 ? Malgré des décennies d’arabisation, nos enfants ne conservent que quelques versets du Coran de leurs études. Nous n’allons pas très loin avec ça !

La logique de nos dirigeants – si, en fait, ils savent ce que signifie un tel mot – souffre de distorsions évidentes. De l’algèbre booléenne, ils ne conservent et n’appliquent que le principe exclusif « ou » : c’est l’arabe ou le français ou l’anglais, jamais les deux ou les trois à la fois. C’est le cas de nos problèmes sociaux : c’est l’arabe ou le kabyle, alors que le principe « et » inclusif permet un meilleur mélange des choses : arabe et français et anglais, ou arabe et kabyle et chaoui et mozabite, etc. Le principe inclusif est imprégné de force et de modernité. Le « et » est unificateur, tandis que le « ou » est diviseur. Pourtant, nos dirigeants continuent de proclamer, à tous ceux qui les écoutent, qu’ils sont des champions en informatique !

De plus, ils fonctionnent comme si en jetant une pièce de monnaie en l’air, elle tombe inévitablement sur la tête d’un professeur d’anglais ! Ce n’est pas sérieux ! Les professeurs d’anglais ne courent pas les rues en se précipitant aveuglément sur la langue de Shakespeare !

Pour des raisons historiques, le moyen idéal de se remettre sur les rails est de renforcer le français dès les premières années de l’école primaire. Il ne faut pas plus de deux ans pour maîtriser une langue avec des enseignants dévoués qui croient en leur profession. Avec des enseignants d’un niveau décent, l’arabe pourrait également être maîtrisé à la fin de l’école primaire, si seulement, et seulement si, l’aspect idéologique est courageusement évacué afin de ne pas durcir le cerveau de nos petits chérubins. En ce qui concerne l’anglais, il peut attendre jusqu’au collège et au lycée, et au-delà, à l’université.

Et où en est tamazight dans tout cela, vous demandez-vous ?

Tamazight est la meilleure cerise sur le gâteau. Sa transmission est d’une importance capitale. Il devrait être partagé entre tous les citoyens.

S’il y a un message salutaire à transmettre dans tout le pays, c’est de maintenir une tradition orale pas comme les autres, en encourageant toute femme qui parle encore berbère à le transmettre à sa progéniture comme un trésor inestimable !

Maîtriser Tamazight dès l’enfance est une garantie incommensurable de succès, car une telle maîtrise offre un potentiel d’articulation phonétique capable de faciliter l’apprentissage de toute autre langue étrangère, y compris l’arabe. Et seuls les locuteurs berbères le savent ! D’autres se trompent avec l’illusion qu’une seule langue, l’arabe, est la seule langue de Dieu, et qu’elle est donc au-dessus de toutes les autres. En tant que corollaire, dans cette atmosphère de bienveillance islamiste, ces autres langues doivent être éliminées le plus rapidement possible pour plaire à Allah ! Nous n’irons pas très loin lorsque la majorité de nos compatriotes sont consumés par de telles absurdités, y compris ceux qui sont au pouvoir !

Tamazight s’impose donc comme langue maternelle, à enrichir dès la première année. En se mêlant à leurs camarades de classe, les locuteurs non-berbères assimileront rapidement ses subtilités. Ces leçons devraient se poursuivre tout au long de l’école primaire, du collège et du lycée. Nos enfants ne sont pas stupides ! Loin de là.

Un scénario simpliste ? Peut-être bien. Le fait demeure que si l’accent mis sur l’anglais est maintenu, nous serions le seul pays au monde à avoir massacré trois langues d’affilée. Et cela mérite une mention spéciale dans le « Guinness des records ».

Remplacer rapidement le français par l’anglais nous coûtera cher. Des générations entières seront inévitablement sacrifiées si nous ne réagissons pas d’urgence.

La balle est dans le camp de nos dirigeants. Espérons que notre sagesse ancestrale finira par prévaloir, sachant que c’est l’avenir du pays qui est en jeu !

S’il vous plaît, arrêtez le désastre avant qu’il ne soit trop tard ! N’est-ce pas déjà le cas d’ailleurs ?

Kacem Madani

(*) Cette chronique est une traduction de celle portant le titre« To the Algerian officials! English instead of French: one way ticket to disaster ! » publiée sur nos colonnes, le 8 octobre.

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