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Baccalauréat : comment remonter la pente ?

Avant ou après le ramadhan !?

Baccalauréat : comment remonter la pente ?

Avant ou après le Ramadhan ? Telle est la question « existentielle » à laquelle est réduit l’examen du baccalauréat en Algérie pour la session de juin 2018. Terrible descente aux enfers d’un examen qui, partout dans le monde, est encore regardé comme une référence pédagogique et intellectuelle. Le point de chute auquel est parvenu ce test de passage à l’Université n’étonne pas outre mesure, sachant que le parcours de l’école algérienne en connu d’autres, des passages moins caricaturaux, c’est-à-dire plus angoissants et qui engagent l’avenir de l’école, de la pédagogie et de la société tout entière dans de terribles impasses.

Le fait qu’une telle « coquetterie » administrative, à savoir l’organisation d’une « consultation » pour déterminer la date de l’examen du baccalauréat – une première dans les annales de l’administration algérienne – se produise sous le règne de Mme Benghebrit, ministre de l’Éducation nationale depuis bientôt quatre ans, donne un goût de paradoxe à l’opération.

Des plumes, supposées provenir d’un camp « éclairé », ont joint leur appel et leur force à celles, déjà assez puissantes, provenant du camp conservateur, pour appeler au départ de la ministre, et ce, pour avoir accepté des arbitrages jugés « douteux » ou « inopportuns » dans la longue grève qui a affecté un grand nombre d’établissements scolaires au début de l’année en cours. On voudrait voir en notre ministre, une force inébranlable, qui déclarerait une guerre frontale à tous les archaïsmes et qui ne se soumettrait à aucun formalisme politique ou institutionnel. Ce bel idéalisme, à supposer qu’il soit nourri par la bonne foi, n’est pas dans l’ordre naturel des choses dans l’étape actuelle des réformes pédagogiques, politiques et culturelles dans notre pays. Autrement dit, en s’excluant d’un certain « realpolitik » bien nécessaire et d’un compromis mesuré, la responsable de l’Éducation risquerait de s’exclure de l’équipe gouvernementale. Est-ce le but recherché ? Et on redeviendra gros Jean comme devant, selon la belle formule classique de Mouloud Mammeri.

Il n’y pas plus court chemin et meilleure piste à offrir aux islamo-conservateurs que d’exiger le départ de Mme Benghebrit du gouvernement. Ils auront alors capitalisé quatre années de guerre de nerfs, où les flèches décochées contre le membre du gouvernement ont été trempés à tous les liquides fangeux, orduriers, salaces et immoraux. C’est là un épisode qui nous rappelle, mutatis mutandis, celui où Mostefa Lacheraf occupait le même poste en 1977. Il en sera éjecté sans autre forme de procès pour « délit » de modernité, de bilinguisme assumé et de refus du charlatanisme pédagogique, particulièrement l’arabisation au rabais et l’islamisation rampante des programmes.

L’histoire se répète, mais, avec, entre-temps, des générations sacrifiées par les Kharoubi, Benmohamed et l’inénarrable Benbouzid qui a sévi pendant presque deux décennies.

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Les entreprises, l’administration, les bureaux d’études, sont là pour témoigner du niveau scolaire et universitaire des centaines de milliers d’étudiants qui ont pu obtenir des postes de travail au cours de ces dernières années. Le départ en retraite anticipée de dizaines de milliers d’anciens cadres n’a fait qu’accentuer ce déficit de niveau en n’offrant pas la chance à la relève de s’effectuer.

Haro sur le psittacisme !

Outre la réforme des programmes et des rythmes scolaires, la ministre de l’Éducation avait escompté aussi réduire la durée de l’examen du baccalauréat à trois jours, et introduire une première partie du baccalauréat en 2e année secondaire. Outre ces futurs réaménagements dans le déroulement chronologique de l’examen, la ministre mise également sur l’innovation dans le contenu, à commencer par la nature des questions et des exercices proposés, lesquels devraient se délester du « parcoeurisme » qui a fait tant de dégâts, y compris par le renforcement des possibilités de copiage et de fraude. La réforme devra être axée sur les questions qui font appel à l’intelligence de l’élève et non à la simple mémorisation tenant plutôt du psittacisme. Une telle entreprise était censée aboutir à une innovation docimologique qui fasse jonction avec les défis de la pédagogie moderne et les mécanismes de la cognition.

On sait que, en Algérie, le prestige de l’examen du baccalauréat s’est bien fané depuis au moins deux décennies. Les symptômes d’une telle situation sont à lire particulièrement dans le marché du travail. Ce dernier, auquel sont proposés chaque année quelque 250.000 primo-demandeurs d’emplois universitaires, n’arrive à en intégrer qu’une infime minorité, le reste étant laissé à la prise en charge par l’Etat dans le cadre des dispositifs sociaux d’insertion professionnelle, à l’image du pré-emploi qui totalise aujourd’hui plus d’un million d’employés.

Elle s’est sentie plutôt « ministre des Affaires sociales »

Au vu de toutes les dérives ayant jalonné les sessions précédentes du baccalauréat, et au vu de la manière dont sont assurées les trois années du secondaire-entre grèves, déficit d’enseignants dans certaines matières, relâchement de la discipline,…- que peuvent bien représenter les taux de réussite annoncés?

La presse et certains analystes indépendants n’avaient pas hésité à traiter les résultats du baccalauréat obtenus sous le règne du ministre Boubekeur Benbouzid, de « politiques », répondant à une logique autre que pédagogique. La « ataba » (fixation du seuil de leçons à réviser pour le baccalauréat) avait largement discrédité cet examen, autrefois prestigieux et socialement valorisant.

Avec l’arrivée de Mme Benghebrit à l’Éducation nationale, une lueur d’espoir avait commencé à poindre pour les parents d’élèves et pour toute la société. Pour la première fois, depuis des années, les Algériens ont eu droit à un débat, à des questionnements et à une recherche sur la pédagogie.

La ministre, que les médias conservateurs avaient traîné dans la fange, la sommant même- avec grosses manchettes- de se démettre, s’est « confessée » en 2015, en disant que, depuis qu’elle était désignée à ce poste, elle avait l’impression d’être une « ministre des Affaires sociales », tant les revendications ne portaient que sur les salaires, les primes, le statut, les avancements, les logements de fonction, les cantines et le transport scolaires.

 

Auteur
Amar Naït Messaoud

 




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