La Banque mondiale a rendu public un rapport très critique de la situation économique en Algérie. Les autorités n’ont pas tardé à sortir de leur silence pour accuser cet organisme financier international de tous les maux. Nous vous livrons une brève présentation du rapport.
L’Algérie profite d’un répit temporaire alors que les prix des hydrocarbures atteignent de nouveaux sommets et que la pression de la pandémie de Covid-19 se relâche. Nommé au lendemain des élections législatives de juin 2021, le nouveau gouvernement a présenté au parlement un Plan d’action du Gouvernement actualisé en septembre. Cela s’inscrit dans un contexte où les évolutions mondiales et sanitaires sont favorables.
Après avoir culminé pendant l’été, le nombre de nouveaux cas quotidiens de Covid-19 a chuté à l’automne grâce notamment à l’accélération de la campagne de vaccination. En parallèle, les cours mondiaux du pétrole et du gaz ont atteint des niveaux inédits depuis la crise pétrolière de 2014, favorisant une augmentation progressive des quotas de production de pétrole brut et un essor de la production et des exportations de gaz naturel.
L’envolée des recettes d’exportation d’hydrocarbures contribue à réduire nettement les
besoins de financement extérieur, et permet de stabiliser à court terme les besoins croissants de financement domestique. Grâce à la dépréciation continue du taux de change, à des politiques soutenues de compression des importations et à une amélioration des termes de l’échange, le déficit du compte courant se réduit et les réserves internationales se stabilisent. Le déficit budgétaire global demeure élevé, mais la hausse des recettes
pétrolières dans le budget compense la baisse des recettes fiscales et finance l’augmentation des dépenses courantes, le rebond de l’investissement public, ainsi que le coût du soutien à la caisse nationale des retraites. Le Trésor a en outre mis en place un programme massif de rachat des créances des entreprises publiques économiques (EPE) d’une valeur excédant les 15,3 milliards USD, financé par des émissions obligataires domestiques, afin d’alléger les pressions financières découlant de la crise de la Covid-19 sur les EPE et les banques publiques.
Par conséquent, les émissions obligataires et la dette publique ont bondi à l’issue des neuf premiers mois de 2021. Dans le même temps, la reprise dans le segment hors hydrocarbures de l’économie s’est essoufflée, demeurant largement incomplète, tandis que les risques inflationnistes se concrétisent.
Après une forte reprise au deuxième semestre 2020, portée par le rebond de l’investissement et de l’activité dans le secteur de la construction, le PIB s’est contracté aux premier et deuxième trimestre 2021, suivant l’essoufflement de l’activité dans les secteurs de la construction et des services. Au premier semestre 2021, le PIB et le PIB hors-hydrocarbures demeuraient ainsi 3,1 % et 3,9 % inférieurs à leur niveau antérieur à la pandémie, respectivement. Malgré une politique monétaire accommodante et une amélioration des liquidités bancaires, la croissance du crédit au secteur privé est demeurée modeste, suggérant que les bilans des entreprises et des banques doivent encore se redresser, ou que celles-ci restent prudentes.
D’autre part, l’inflation s’est nettement accélérée en 2021, affectant les ménages vulnérables de façon disproportionnée. En l’absence d’une mise en œuvre rapide
de l’agenda de réforme, la reprise sera fragile.
Résumé analytique
xii Rapport de suivi de la situation économique de l’Algérie : redresser l’économie algérienne après la pandémie
Les soldes budgétaire et extérieur se détérioreront à moyen terme. Nous prévoyons que la croissance du PIB réel atteindra 4,1 % en 2021, puis diminuera progressivement à moyen terme, compte tenu de la nature progressive de la mise en oeuvre de l’agenda de réformes structurelles annoncé pour relancer l’investissement et la croissance dans les segments hors hydrocarbures de l’économie. Cependant, la hausse de la production d’hydrocarbures soutiendra la croissance (non-inclusive) dans le contexte de l’augmentation progressive des quotas de production de pétrole brut et d’une production soutenue de gaz naturel mais,
compte tenu de la forte intensité capitalistique du secteur, cela n’aura que peu d’effets sur l’emploi.
Les déficits budgétaire et du compte courant devraient se détériorer graduellement, avec la diminution anticipée des recettes pétrolières. L’inflation restera élevée sur la période de prévision, dégradant davantage le pouvoir d’achat des ménages. La dépendance intacte de l’Algérie à l’égard des revenus des hydrocarbures, l’apparition de nouveaux variants de la Covid-19 et le rythme des efforts de réforme annoncés restent les principales sources de risques pour les perspectives économiques.
Chapitre thématique 1 : Tendances
récentes de la pauvreté non monétaire en Algérie L’indicateur de la pauvreté multidimensionnelle a baissé en Algérie entre 2013 et 2019 (dernières données disponibles), indiquant des améliorations sur toutes les dimensions qui composent cet indicateur unique du bien-être des Algériens : résultats en éducation, santé et conditions de vie.
L’enquête utilisée pour cette étude a cependant été conduite avant le début de la pandémie du Covid-19. Si l’Algérie s’en sort relativement bien au sein de la région MENA, et malgré des améliorations notables, de grandes lacunes subsistent et la pauvreté multidimensionnelle varie considérablement d’une région à l’autre et entre les zones rurales et urbaines.
Le Nord et le Nord-Est sont confrontés à des niveaux de privation plus faibles qu’ailleurs, tandis que la région des Hauts Plateaux Centre affiche des niveaux plus élevés. Néanmoins, les régions les plus pauvres ont connu une amélioration plus rapide entre 2013 et 2019, montrant une convergence modérée avec les régions les plus aisées. En parallèle, la santé et l’éducation sont devenues des dimensions de plus en plus importantes de la privation, mettant en évidence les priorités politiques en vue du développement humain du pays.
A lire ici l’ensemble du rapport