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Beauvais, capitale berbère d’un jour

Printemps Berbère, Printemps des Libertés

Beauvais, capitale berbère d’un jour

Voilà plus d‘un demi-siècle que notre communauté est présente sur Beauvais et ses environs. Originaires principalement de  Kabylie nous sommes arrivés sur ces terres Picardes soit du fait de la guerre soit pour des raisons économiques. Ensemble nous avons grandement participé à relever notre ville des ruines de la seconde guerre mondiale. Nous aspirons à vivre ici résolument attachés au respect des institutions de la République et des règles fondamentales qui la gouvernent.

– Une identité qui a du sens

Les temps d’hier

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Dans les années 50-60 la ville est encore à genoux, elle se relève tout doucement des séquelles de la seconde guerre mondiale. De l’antique cité de Jeanne Hachette, il ne reste plus rien, c’est une ville à neuf qui se bâtît. Pour la relever on fait appel principalement aux populations du pourtour méditerranéen. Elles sont originaires du Portugal, d’Espagne, d’Algérie et d’Italie.

Chacun semblant être là pour une mission, vivre et aider à faire vivre ceux restés au pays.

Il y avait du travail partout, la ville était hérissée de grues, les rues du centre-ville grouillaient de monde. Le marché était si important qu’il se divisait entre la Place des Halles et la Place du Jeu de Paume.

En dehors des rapatriés la majorité des berbères vivant ici avaient vocation à repartir au pays. Certains l’ont fait quand ils vivaient ici seuls dans les différents foyers Sonacotra, mais ceux venus avec leur famille ou qui avaient ici fondé un foyer sont restés. Durant de nombreuses années nos aînés ont été invisibles sur la ville, comme les autres immigrés d’ailleurs. Absents des pôles de décision, absents des emplois visibles, absents des institutions, absents des milieux associatifs.

Manifestement pour ce qui nous concerne, la colonisation était toujours présente dans les esprits et chacun acceptait docilement de vivre à l’écart dans un climat de xénophobie généralisé.

C’est le paradoxe de la France, qui d’un côté rédige la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et gère sa main d’œuvre étrangère vivant sur son territoire comme elle a géré les populations de ses colonies.

printemps

Dans l’indifférence

Des femmes recluses au foyer, des hommes qui après  l’usine ou le chantier se retrouvaient entre eux dans leurs cafés de la rue Saint Jacques, de Voisinlieu, de la rue du 27 juin.

Ces cafés qui étaient des lieux de rencontre, de vie, d’entraide n’existent plus. Tout se passait dans ces cafés, les échanges de nouvelles avec le pays, les rédactions de courrier, l’accomplissement des formalités, les demandes d’information sur la vie ici. Celui qui allait au pays était chargé de remettre des fonds, du courrier et des nouvelles à ceux restés la bas. Ces cafés étaient le lieu de passage obligé pour tous les maghrébins et turcs qui arrivaient sur Beauvais. Elles sont finies les parties de dominos et de rounda entre les anciens. Ils n’existent plus ces lieux de vie où ils se retrouvaient les week-ends, tout endimanchés pour jouer d’interminables parties de loto.

Les temps d’aujourd’hui

La communauté est le premier des éléments qui permet une vie en société. Elle se constitue le plus naturellement entre des populations aux origines, mœurs et traditions semblables qui se retrouvent dans l’exil sur une même aire géographique.

Ce phénomène existe depuis la nuit des temps. La communauté rassure, réconforte, explique. Elle est source d’information, d’échanges et de cohésion sociale.  Elle permet de ne pas se retrouver complètement perdu dans ce nouveau monde où l’on vient chercher une vie meilleure. C’est par elle que le nouvel arrivant cherchera à comprendre son environnement immédiat, c’est en son sein qu’il trouvera la solidarité quand cela sera nécessaire.

Une communauté d’origines, de mœurs et de traditions n’a d’autre rôle que de préparer ses membres à se réaliser pleinement dans le respect des valeurs, des règles et des institutions du pays d’accueil. Etre soi dans un nouveau monde, être soi et œuvrer au sein de ce nouveau monde.

Lorsque la communauté, profitant des libertés fondamentales que lui procure le pays d’accueil ne poursuit que le dessein de la réalisation du Soi en faisant totalement abstraction des règles qui régulent la vie en société dans le pays d’accueil, elle enferme alors ses membres dans le Communautarisme qui devient une voie sans issue.

L’actualité et là pour nous rappeler le funeste destin d’une telle logique.

Le monde musulman est en total chambardement, ici, en Europe et partout ailleurs dans le monde.  Que nous le voulions ou non, nous, berbères sommes directement impactés par les remous de cet immense malstrom.Depuis le retour de Khomeiny en Iran en 1979, les nord-africains sont passés du statut d’immigrés à celui de musulmans. La France soudainement s’en découvrait 5 millions sur son territoire. Là encore, depuis,  qu’on le veuille ou non, nous, Berbères de France relevons globalement de ce label religieux.

La religion musulmane qui durant des décennies s’est vécue ici  dans l’intimité des foyers ou dans la plus grande discrétion de la mosquée de Saint Jacques, est de nos jours en train d’avoir une visibilité grandissante sur le Beauvaisis. Nous en sommes à 3 mosquées et bientôt 4 salles de prière.

Ce qui relevait au préalable de la sphère de l’intime, défile et défie désormais la place publique.

Lorsque nos élus locaux courent les mosquées, il y a de quoi prendre peur. Faire du lien social d’accord, mais à condition de savoir ce qui se dit, se pratique dans ces lieux. Ils oublient toujours que derrière, nous sommes en première ligne pour subir les harangues de ceux à qui ils viennent de délivrer une absolution Républicaine par leur présence. Ainsi la construction par la communauté marocaine  d’une grande mosquée à proximité de la gare, est un évènement qui nous fait entrer dans une nouvelle dimension. La construction de cet édifice monumental ne fédérera pas les musulmans du Beauvaisis, elle va au contraire les cliver et bouleverser à n’en pas douter nos modes de vie.

Picardie

Vivre sa foi en paix à visage découvert

Nous sommes fragiles aux effets dévastateurs du prosélytisme religieux. Dans les années 90 combiens de Tablighs sont venus sur Beauvais frapper à nos portes, ou haranguer les fidèles dans les mosquées dans l’indifférence générale des autorités locales. Au nom des libertés  fondamentales nous n’avions aucun recours contre ces individus venus vociférer des prêches virulents nous insultant de mécréants et de Kouffars lorsqu’ils nous trouvaient dans les cafés. Tout le monde a fermé les yeux on en paye tous aujourd’hui les conséquences.

Si nous n’y prenons garde dès maintenant nous risquons comme dans nos pays d’origine, ou dans certaines banlieues de subir ici les diktats de la doctrine du moyen orient par les plus zélés et fervents croyants d’ici.

Lors d’une conférence de presse cet été en Algérie, l’écrivain algérien Yasmina KHADRA a dit ceci :

‘’Je suis très vigilant. La seule possibilité pour l’Algérie de s’en sortir c’est la Kabylie.‘’

Tout le monde a compris quel fléau il dénonçait.

En France et ici dans le Beauvaisis comme par le passé, la communauté berbère a un rôle crucial de modérateur à jouer afin d’éviter les dérives du prosélytisme religieux.  Il ne faut plus nous voiler la face, c’est le danger à venir pour nous et nos enfants.

Le Printemps des libertés.

Nous vivons ici mais notre cœur est en Algérie. Rien de ce qui se passe dans notre pays d’origine ne nous est indifférent.

Commémorer ici les évènements survenus à l’origine en Kabylie en avril 1980, c’est rappeler ici à tous nos concitoyens notre attachement profond à notre culture et notre souci des  libertés individuelles.

Commémorer le Printemps Berbère c’est se souvenir du sacrifice de tous ces jeunes tombés pour préserver notre identité et nos valeurs.

C’est dire ICI qui nous sommes et partager et échanger avec nos concitoyens sur ce qui nous rassemble afin de vivre en paix dans la conjonction de nos diversités.

Le 21 avril nous serons dans les rues piétonnes de notre ville pour y exposer notre artisanat, partager notre culture, dire nos idéaux, clamer notre esprit républicain et nos souhaits de citoyens.

Le soir nous nous retrouverons à la Maladrerie Saint Lazare écrin culturel de notre ville pour un concert de Ali Amran.

Lounis Ait Menguellet et la troupe du Barbès Café s’y sont produit en 2013 et 2015 sous l’égide de l’UBB.

 

 




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