Bienvenue en France aux démocrates algériens persécutés

Avant de  devenir un pays corrompu où tout, même l’honneur, se vend, et une dictature qui jette ses plus grands écrivains dans des geôles pour les réduire au silence, l’Algérie fut un grand pays admiré pour son combat contre le colonialisme et l’avenir de liberté qu’elle semblait offrir à son peuple  et aux pays encore enchaînés.

Mais très vite l’ambition et la cupidité éteignirent cette étoile du tiers monde. qui s’englua dans une politique arabo-islamique loin de son histoire tri- millénaire, loin de ce qu’est l’Algérie algérienne.

L’écrivain Rachid Mimouni, cette sentinelle en alerte, fut sans doute l’écrivain algérien qui décrivit le mieux la descente aux enfers de son pays à travers ses romans: La ceinture de l’Ogresse, L’honneur de la tribu, Une peine à vivre, De la barbarie en général et de l’intégrisme en particulier, La malédiction….

Un extrait du roman, “Le fleuve détourné”, où il met en scène l’histoire d’un moudjahid amnésique qui revient au bled des années après la guerre d’indépendance et découvre les changements des nationalistes qui cèdent à la corruption et aux passe-droits, témoigne de la colère de l’écrivain qui luttait “pour une Algérie pour tous”:

« Naïfs, nous l’étions, nous sommes descendus de nos montagnes la tête emplie de rêves. Nous rêvions d’inscrire la liberté dans tous les actes, la démocratie dans  tous les cœurs, la justice et la fraternité entre tous les hommes. Et un beau jour nous nous sommes réveillés avec un goût d’amertume dans la bouche, le désastre accompli”

Ces rêveurs-là, je sais qu’ils existaient, car l’un de mes meilleurs amis, un de mes frères de lycée, est venu chez moi, un jour me faire ses adieux et me dire qu’il partait le lendemain pour le maquis dont il n’est jamais revenu. Ils se battaient alors contre un système, contre l’injustice du colonialisme, contre le mépris dont ils étaient victimes, contre l’inégalité, contre la corruption et pour la liberté.

Or, que leur offre l’Algérie d’aujourd’hui sinon d’être gouvernés par des vieillards qui appartiennent à un système qui s’est emparé du pouvoir depuis 1962 et veut le conserver et en profiter jusqu’à la fin de leurs jours.

Au lieu de menacer la diaspora algérienne en France et de l’obliger à se taire, les dirigeants algériens devraient se demander pourquoi ces Algériens ont quitté leur pays natal, ce qu’aucun homme ne fait jamais la joie au cœur.

Mais le plus  grave c’est qu’ils veulent déshonorer ces exilés par l’argent, par le chantage, par des menaces, par l’envoi sur le territoire français de leurs agents pour exécuter des sales besognes. Alors, oui, trop c’est trop. S’il s’avérait prouvé que ces “influenceurs“ qui appellent au crime sont bien des agents d’un Etat étranger ce serait une attaque à la souveraineté de la France et elle ne pourrait pas rester sans conséquences.

La France doit protéger tous ses citoyens qu’ils le soient par le droit du sol ou par la naturalisation, même si celle-ci ne date que d’une journée. Et elle doit en faire encore plus si ce sont des réfugiés-invités. Chez les Touaregs du Sahara, un invité doit être encore plus  especté et protégé qu’un parent : prenons exemple de cette noblesse.

Il faut le répéter. Nous en avons assez. La France doit enquêter sur ces faits, arrêter les coupables, les condamner et faire savoir à l’Algérie que publiquement ou secrètement par les services compétents, des mesures adéquates seront prises pour y mettre fin tout en respectant les règles de la République.

Quant à nous, simples citoyens, nous devons aussi défendre  ces Français ou ces invités,, leur témoigner notre amitié et veiller fraternellement sur eux.

Emile Martinez