Nonobstant les périodes de comparaison des bilans qui restent incontestablement discutables, les chiffres avancés par Sonatrach n’ont aucun fondement justificatif.
Ainsi, que ce soit le ministre de l’Energie ou le Président-directeur général (PDG) de Sonatrach, leur vision se limite à ce qui est passé en 2020 qu’ils présentent comme année référence pour la comparaison, année durant laquelle la crise pandémique a fait un ravage dans le monde dont les conséquences économiques, resteront inédites.
Dans le domaine des hydrocarbures, les prix ont franchi la barre basse du zéro en avril 2020. Aucun groupe pétrolier qui aspire à juger des performances de son staff ne la considère comme une année de référence comme l’ont fait les responsables du secteur de l’énergie algérien.
Pourtant, en moyenne annuelle à près de 43,21 dollars le baril du brut, l’année 2020 est confirmée par une analyse de concordance des prix du baril comme meilleure que l’année 2021. Rappelons que le prix moyen du baril en 2020 a été de 43,21 dollars, celui de 2021 est de 70,95 dollars le baril, soit un saut de 40% pour un gain de production (discutable) d’à peine, selon les chiffres de Sonatrach, 5%. C’est donc cette différence totalement indépendante du secteur des hydrocarbures qui a boosté le chiffre d’affaires des exportations toute forme confondue de 20 milliards de dollars à 34,5 milliards de dollars.
Cet effort est dû à la relance de l’économie mondiale dont le secteur économique algérien dans son ensemble n’a fait qu’en profiter sans aucune création intensive. Dit en termes simples, ce sont uniquement les prix du baril dont l’Algérie n’a aucun effet sur leur fluctuation que ce niveau du chiffre d’affaires est atteint.
On pourra dire tant mieux pour le bien de l’économie de notre pays sans pour autant s’enorgueillir ou encore se l’approprier comme le font ses responsables actuels pour des raisons inavouées sinon incompréhensibles, d’autant plus que les contrats gaziers renégociés en fin 2020, ont carrément empêché l’Algérie de la très forte hausse de prix durant la période hivernale.
Maintenant cette croissance de gaz exportée doit être impérativement justifiée
Durant ces deux années 2020 et 2021, qui ont permis aux uns et aux autres responsables d’asseoir cette comparaison fallacieuse, il n’y a eu du moins pour l’opinion publique y compris les structures même du secteur ni nouveau projet en production, ni une découverte mise en production et encore moins une action comme une augmentation du coefficient de récupération à l’origine d’un quelconque pas d’une croissance de ces exportations.
L’OPEP a libéré un dépassement du quota en 2021 de 10 000 baril/jour soit l’équivalent de 0,5 millions de tonnes équivalent pétrole (MMTEP)/an. En ce qui concerne le gaz naturel dont il est question, aucun projet qui permettrait de justifier la croissance des exportations annoncées. Bien au contraire durant cette période 2020 /2021, Sonatrach a continué de subir le déclin des principaux gisements notamment In Salah, Rhourde Nouss à cause de la diminution du cyclage, etc.
L’unique apport pourrait être les gaz de réinjection de Berkine prévu entrer en production dans le moyen terme à Sonatrach seule, ayant fait la totalité des investissements et prise de risque, a été concrétisé avec le groupe italien ENI pour une production destiné de facto à l’export de 5 millions de m3 /jours pour un total annuel à partager avec l’italienne avoisinant 1,7 MMTEP, au lieu que ces volumes soient d’un apport à Sonatrach seule à horizon 2027.
Ces quantités telles que avancées ci-haut ne justifient en aucun cas une augmentation de 19% des exportations telle annoncée par les responsables du secteur.
Donc, le propriétaire et l’opinion publique ont le droit de connaître les précisions sur l’origine de ces volumes commercialisés en plus et non une série de chiffres qui pourraient servir les desseins des responsables en poste aujourd’hui mais auront des conséquences néfastes et préjudices irréversibles sur les gisements demain.
Rabah Reghis
Référence bibliographique
Lire l’analyse de l’ONS :
Lire les déclarations du ministre de l’énergie
- https://www.energy.gov.dz/?article=le-ministre-de-lrenergie,-monsieur-mohamed-arkab,-a-lrapn
- En2020 https://www.aps.dz/algerie/117682 ; https://www.djazairess.com/fr/apsfr/517682
- En 2021 : https://www.aps.dz/economie/129825-augmentation-de-5-de-la-consommation-nationale-d-energie-a-la-fin-du-mois-de-septembre : La production des hydrocarbures a, elle aussi, enregistré une augmentation sensible de 15% durant les neuf premiers mois de 2021 par rapport à la même période de l’année dernière, pour atteindre 121 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP),.
Lire le rapport de l’OPEP 2021
https://www.opec.org/opec_web/en/publications/338.htm
Ecouter les déclarations du PDG de Sonatrach