26 avril 2024
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Bonne semaine sainte à nos compatriotes chrétiens !

Pâques

Bonne semaine sainte à nos compatriotes chrétiens !

Un athée peut se moquer des croyances, ce que je n’hésite jamais à faire lorsque cela est nécessaire. La raison est que l’ultime liberté de l’homme libre est de s’attaquer aux croyances du ciel s’il les estime fausses et, souvent, dangereuses lorsqu’elles sont entre les mains d’incultes. Mais un démocrate et un humaniste doivent toujours tendre la main et le cœur à ses compatriotes croyants, à fortiori ceux qui subissent l’ostracisme.

La semaine qui s’annonce est la plus importante période dans le rite chrétien. Cette importance est d’ailleurs notée dans son appellation, « la semaine sainte ». Contrairement à une croyance tenace, Noël n’est absolument pas du même niveau de sacralité et doit son succès à des rites et coutumes qui s’éloignent de la foi chrétienne pour entrer dans ceux du marketing et du festif social.

Pour lancer un signe amical à mes compatriotes chrétiens, où qu’ils soient, j’ai pour habitude de toujours leur souhaiter une bonne semaine sainte car ce n’est jamais trop de leur dire qu’il y a des algériens qui les respectent et qui les aiment. Et cela, quelle que soit la radicale différence de perception qui nous sépare au sujet d’une croyance qui place une transcendance au-dessus des êtres humains, une idée que je ne peux accepter.

Cependant, respecter les autres, c’est avant tout les connaître et savoir un minimum de leurs rites et croyances. Je commence ainsi toujours, déformation professionnelle oblige, par une précision sémantique car souvent à l’origine d’une grossière erreur, preuve d’une méconnaissance générale sur les religions « des autres ».

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Pâques (au pluriel) n’est certainement « La Pâque » (au singulier). La première dénomination identifie un rite chrétien alors que la seconde est une célébration hébraïque provenant de la Bible. Essayons d’aller un peu plus loin sans érudition, ce que je laisse aux savants de la théologie, mon but n’est pas de m’inscrire en docteur des sciences de la religion.

La Pâque juive, dénommée fête de « Pessah » par les juifs commémore la libération du peuple hébraïque du joug du Pharaon d’Égypte. C’est le symbole de la liberté retrouvée, un rappel récurrent de la Bible sur le bien et le mal qui, finalement, se termine toujours par la victoire du bien mais qui a nécessité un lourd tribut à payer, soit la souffrance et l’abnégation.

C’est là une manifestation biblique constante du lien avec Dieu et son caractère de sauveur des peuples humiliés et en souffrance. L’image souvent utilisée dans l’histoire est le « retour de la  lumière » qui symbolise le signe divin au contraire des ténèbres qui sont l’action du mal, sous-entendu du péché originel lorsque l’homme retourne à ses fautes.

Les chrétiens ont gardé ce lien avec cette signification biblique mais attribuent Pâques (avec un s) à la résurrection du Christ, après son chemin de croix et son supplice, dénommés « la passion du Christ». Jésus est ressuscité le dimanche, trois jours après sa mise à mort par décision de Ponce Pilate, le gouverneur romain qui « s’est lavé les mains » de la plainte des puissants juifs, gardiens du Temple, qui voyaient en ce prêcheur, se prétendant être le Messie, un danger pour leurs rites et donc pour leur pouvoir (c’est toujours par le pouvoir sur les autres qu’il faut analyser les religions).

C’est le même symbole de la « lumière de Dieu » qui vient donc au secours du « sacrifié » pour remettre l’être humain dans la bonne voie de la foi et de la bonne conduite morale, conforme à l’image de Dieu puisque c’est ainsi qu’il qualifie, dans les écrits de la Bible, sa créature humaine.

En fait, tout cela, comme dans beaucoup d’images bibliques, est la résurgence de la très vielle coutume de l’humanité consistant à célébrer le retour du Printemps, symbole d’une vie retrouvée après les ténèbres et la désolation mortelle de l’hiver. Dans de très nombreuses civilisations, cette période sera, durant des siècles, l’occasion d’un rite social et/ou religieux.

C’est encore le cas de nos jours en Iran où cette fête du printemps est la plus importante de l’année. Le Norouz (jour nouveau), fête du premier jour du printemps, une dénomination qui ne laisse aucun doute sur le sens de la « résurrection ». Une fête que n’ont pu interdire les Ayatollahs, car de rite païen, ils ont compris qu’ils s’attaqueraient à du « très lourd socialement » pour oser l’interdire.

Mais le jeune lecteur doit également connaître deux rites associés à Pâques. Le premier, justement associé lui-même à la légende biblique, est celui de « l’agneau pascal », plat traditionnel du dimanche de Pâques pour les chrétiens. C’est en fait du sang d’agneau qui devait être répandu sur les portes des chrétiens d’Égypte afin que l’ange de la mort puisse différencier les bébés qui doivent mourir, ceux des notables égyptiens, de ceux qu’il doit épargner, enfants des chrétiens au vue de la tache de sang.

Puis il y a les fameuses cloches de Pâques. Toutes les communautés chrétiennes avaient pour habitude de faire taire les cloches le jour de la mort du Christ. Puis elles résonnaient le dimanche de Pâques pour annoncer sa résurrection. La légende dit que la justification de ce silence soudain donnée aux enfants (n’oublions pas que les cloches rythmaient la journée sociale de leur son)  est que ces cloches étaient parties à Rome pour célébrer la résurrection du Christ. Les cloches sonnent toujours à Rome en ce moment de commémoration de Pâques, lieu symbolique et saint de la chrétienté.

Mes chers compatriotes, vivez votre semaine sainte dans la liberté de votre foi, je suis avec vous dans ces moments difficiles où vos églises sont souvent fermées par ce régime d’abrutis.

Et, comme le dictionnaire donne un second sens au mot « cloche », c’est à dire « imbécile, idiot », soyez assurés que dimanche prochain, des dizaines de milliers sonneront dans ce pays d’Algérie. Et ceux qui résonneront le plus portent des babouches et des Ray Ban.

Auteur
Boumediene Sid Lakhdar, enseignant

 




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