AccueilIdéeCarton rouge aux fossoyeurs du football algérien !

Carton rouge aux fossoyeurs du football algérien !

Violence, corruption, matchs truqués…

Carton rouge aux fossoyeurs du football algérien !

Le football, tout le monde le reconnaît, est un sport populaire par essence. Il n’est besoin de rien, ou presque pour le pratiquer et, historiquement, ce sont les tribunes dites « populaires » qui ont animé le stade.

Mais dans ces tribunes-là, se sont créés, hélas, des groupes contestataires, indépendants et parfois violents comme on a eu à le constater dernièrement. Ils se sont manifestés à Oran où des pseudos supporteurs sont allés directement en découdre physiquement avec les joueurs du MCO qu’ils portaient aux nues le weekend d’avant et aussi à Constantine, ou bien avant le match, un jeune homme a rendu l’âme sur une glissière d’autoroute. Sur le terrain, c’est une avalanche de pierres qui a recouvert le gazon où se déroulait une partie de football de piètre qualité.

Le « spectacle » était dans les gradins. L’arbitre n’a pas arrêté le match pour autant, alors que l’indignation était à son comble.

La Fédération algérienne de football tout autant que le ministère de la jeunesse et des sports n’ont pas réagi au lendemain de ces événements qui ont bouleversé les Algériens qui ont revu les images à la télévision. Le ministère de l’Intérieur, des collectivités locales et de l’aménagement du territoire a décidé quant à lui d’installer une commission d’enquête chargée d’examiner les causes de ces dérapages dangereux, de définir les responsabilités et de prendre des mesures en vue d’en finir avec cette violence.

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La FAF qui souffre d’un déficit en matière de gestion et de communication aggravé d’une instabilité maintenant chronique, a publié sur son site un communiqué qui n’a pas convaincu grand monde dès lors qu’il intervient bien après la réaction du ministre de l’Intérieur, des collectivités locales et de l’aménagement du territoire Noureddine Bedoui qui a pris les choses à son compte !

Est-il besoin de rappeler que cette fédération avait organisé en grandes pompes un symposium pour le renouveau du football algérien qui a abouti à plus d’une centaine de recommandations dont celles relatives à l’éthique, la violence et à la moralisation du football. Mais, se sont interrogés certains observateurs, peut-on parler de moralisation du football avec des joueurs condamnés par la justice par des peines fermes mais néanmoins convoqués en équipe nationale ? Ou des présidents de club qui sont toujours à la tête de leurs clubs, condamnés pour les uns par la même justice, ou graciés pour d’autres par la FAF après avoir reconnu, en direct à la télévision, avoir « tripatouillé » des matchs ?

Quoi de mieux pourtant, que le football pour faire passer des valeurs telles que la solidarité, l’union, le dépassement de soi, mais aussi le fair-play, le respect des règles, de l’adversaire et de l’arbitre ? Et aussi la considération du public sportif et connaisseur qui paye son billet, et qui parfois, à ses risques et périls, se déplace avec son équipe ? Comment, en définitive, ne pas donner raison aux personnes qui critiquent le football en Algérie ?

Il est clair que ce sport, tel que pratiqué chez nous, ne réunit pas toutes ces valeurs et en même temps, les a-t-il réunies un jour ?

On se croirait dans le monde politique avec ses coups bas, ses retournements de veste et l’argent sale qui circule de main à main, qui donne tout, explique tout, corrompt tout ! Les clubs sont aujourd’hui de véritables entreprises et les budgets en jeu sont exorbitants. Les subventions étatiques coulent à flot. L’argent des sponsors n’est soumis à aucune traçabilité. Sans compter les primes et autres dessous-de-table : le football, local du moins, a cessé d’être un jeu pour devenir un business !

Dans les stades et aux abords des enceintes du football, toute manifestation sportive est désormais considérée non comme une fête de la détente, de l’amitié, mais comme une manifestation à haut risque qui demande une protection policière. Le football n’est qu’un prétexte à la baston et les insultes contre les joueurs fusent y compris lors des séances d’entraînement. Regardez ces faciès défigurés, convulsés par la haine de ceux d’en face! Un classico comme on dit est désormais inconcevable sans haute protection policière. C’est aussi un cauchemar pour les familles riveraines des stades. Le chauvinisme s’est, longtemps, alimenté à l’esprit de clocher, c’est-à-dire à l’idée saugrenue de la supériorité des natifs du lieu sur ceux d’à côté.

En fait, non, on n’a pas éradiqué la bêtise, on l’a même mondialisée avec la détestation des joueurs africains qui subissent le racisme et les quolibets à chaque rencontre. La recherche effrénée du résultat, l’accélération des matchs ont transformé les joueurs en bêtes de somme exploitables à merci. Et ces derniers, entre deux blessures, ne tiennent que par les anabolisants voire la drogue. S’il y a si peu de cas avérés dans le football algérien, c’est qu’on se garde bien d’y aller voir, disent les spécialistes. Il faut dire que l’amour des couleurs n’est pas pris en compte dans ce genre de tractations, ni par les uns ni par les autres. Tout comme ces joueurs qui lèvent le pied y compris en équipe nationale, ces dirigeants qui soudoient des arbitres ou tentent de le faire ! La presse en a fait ses manchettes, mais il n’y a jamais eu ni rappel à l’ordre ni de poursuites pour autant. Il y a aussi tous ces entraîneurs étrangers, en errance, sans palmarès aucun, qui viennent profiter d’un système qui fait fuir le produit de l’ISTS qui s’en va monnayer ses compétences dans les pays du Golfe ! Alors que dans d’autres pays les clubs de football sont devenus de véritables entreprises gérées de manière transparente, cotées en bourse et obéissant à des obligations de résultat, les nôtres sont encore considérées comme de simples « associations » et donc gérées en tant que telles. Un club ne peut pas faire de bénéfices, tout comme il ne peut pas être propriétaire d’un quelconque bien. Encore moins, du stade dans lequel il évolue chaque semaine. Comment voulez-vous parler dans ces conditions de professionnalisme ? Ou plus encore de rentabilité, à l’ère des vaches maigres ?

Paradoxalement, tout le talent d’un président de club professionnel « à l’algérienne » consiste à se sortir des situations financières délicates auxquelles il doit faire face, au besoin, en s’adressant aux amis. Il y a sûrement des hommes de l’ombre qui injectent de l’argent dans la trésorerie du club. Par amour ? A dessein ? Pour plaire aux supporteurs. ? Il faut en parler justement car ils n’ont pas de voix-leur code leur interdit de parler d’eux, encore moins dans la presse-, ils n’ont que des pratiques. Ils peuvent conquérir la rue, et à moins d’être l’un des leurs, l’on ne saura jamais pourquoi, ni même comment s’y joindre. Mais ceux qui tirent les ficelles le savent ! Ils en usent et abusent de ces «volcans » humains, et à leur guise. Pour remplir les salles de meeting, par exemple. Ou les vider, c’est selon ! Pourtant, au départ, ces jeunes se proposaient d’opérer dans et pour les stades, usant de la rue et des murs, non pas comme des espaces publics consacrés à la politique, mais comme lieux d’encouragement de leur équipe. Pour chambrer leurs rivaux qui sont aussi leurs voisins et parfois même leurs frères de sang ! Pour aller aussi à la « baston », comme s’ils portaient la violence dans leurs gènes ! Que les supporters en aient conscience ou pas, il faut bien en convenir, le stade c’est une scène politique ! Et ça ne date pas d’aujourd’hui. Rappelons-nous le «coup du laser» au stade du 5-Juillet et la transe qui s’en est suivie dans les rangs des partisans de l’ex parti dissous ! Le foot c’est vrai, attire tous les antagonismes. Toutes les tentatives imaginables de manipulation, de détournement, sont aux portes des stades. Politiciens, affairistes, sponsors et médias y sont agrippés pour lui extraire une bribe de son gigantesque écho. Se couper de ce sport, notamment à la veille d’échéances électorales majeures, c’est se couper d’une grande masse d’électeurs potentiels ! Certains hommes politiques se prennent même régulièrement, au jeu des commentaires sportifs « à chaud », louant telle équipe, ou tel joueur pour montrer leur intérêt pour le football. Au diable la crise, la paix sociale n’a pas de prix et les subventions coulent à flot. ! Les dirigeants sportifs et à leur tête les présidents des clubs ont intérêt à ce que des hommes politiques cautionnent le « spectacle » qu’ils organisent pour renforcer leur légitimité. Et leur caisse !

En Algérie, force est d’admettre que l’entrée du football dans le professionnalisme a été un échec pour cause de:

  1. Refus des présidents et des dirigeants des clubs de se plier à la transparence, d’assainir leurs comptes et aussi, d’établir des vrais contrats avec leurs collaborateurs, joueurs, entraîneurs et assistants.

  2. Leur incapacité, également, d’ouvrir des centres de formation pour jeunes talents, sans parler de la valse des entraîneurs qu’ils «répudient» à leur guise, sans se soucier pour autant, des graves préjudices financiers qui en découlent.

Il faut poursuivre ce qui ne marche pas et si possible faire pire, semblent nous dire tous ces fossoyeurs nichés dans les instances du foot et les clubs.

En fin de compte, le football ne serait-il pas devenu :

  • un espace trop convoité pour n’appartenir qu’aux joueurs et aux amateurs du beau jeu ?

  • un monde aux mains d’une oligarchie qui est en train de faire main basse sur le football en Algérie !

  • un monde de politiciens où le pouvoir et l’argent en sont les principaux moteurs ?

  • un monde interlope où certains, derrière les rideaux, ont d’ores et déjà, mis leur curseur sur 2019 ?

Pour l’heure, le gouvernement, semble-t-il, n’a pas de solution viable pour endiguer le phénomène de la violence dans les stades.

A en croire ce qui a été rapporté sur un site d’information, c’est au ministre des Affaires religieuses qu’a échu le rôle d’instruire les imams de consacrer le prêche de ce vendredi à la sensibilisation de la jeunesse contre le fléau de la violence dans les stades.

Plus encore, le ministre Mohamed Aissa aurait indiqué que « les imams sont disposés à se déplacer dans les stades afin de dispenser des conseils aux supporteurs des équipes qui s’affrontent ».  

Ailleurs dans le monde, pour lutter contre les hooligans, on s’en remet à la justice qui prend des décisions administratives d’interdiction de stade pour les plus violents d’entre aux qui sont fichés en conséquence. En Angleterre, les hooligans ont été filmés, leurs photos diffusées à la télévision pour les amener à se rendre à la police ou pour permettre aux tiers de les reconnaitre et de les dénoncer.

En Algérie, on vient d’installer une commission d’enquête. Rappelons que ce n’est pas la première fois que les pouvoirs publics décident de mettre en place une telle commission. A ce jour, des événements tragiques comme ceux de Bejaïa, de Saïda ou encore la mort d’Ebossé n’ont donné lieu à aucune conclusion alors qu’ils auraient fait l’objet d’enquête.

 

Auteur
Cherif Ali

 




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