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La guerre de libération nationale chinoise

Contre l’idéologie harkie, pour la culture libre et solidaire (3)

La guerre de libération nationale chinoise

Pour comprendre clairement l’attitude des dirigeants algériens, concernant la guerre de libération nationale, et cela depuis l’indépendance, il est nécessaire d’établir deux comparaisons : une première avec la Chine, dans cette troisième partie, et une seconde avec le Vietnam, dans la quatrième partie.

Ce 4 avril 2018, en Chine, était le « qīng míng », le jour annuel, traditionnel et pluri-millénaire du souvenir des morts, ceux des familles. On se rend sur leurs tombes, pour les honorer en perpétuant le cher et émouvant souvenir que l’on conserve de leur séjour sur terre.

Cependant, en Chine, cette tradition a été enrichie par une autre. D’autres disparus sont honorés de la même manière : ce sont les morts de la nation, tués durant la guerre de libération anti-impérialiste, anti-féodale et anti-capitaliste. Depuis la victoire du peuple chinois sur ces agents dominateurs-exploiteurs, en 1949, partout en Chine, les autorités ont construits des musées et des monuments.

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Dans les premiers, les Chinois (et étrangers en visite) viennent voir les preuves concrètes, d’une part, des victimes de l’impérialisme et du féodalo-capitalisme, et, d’autre part, des combattants et combattantes qui les ont affrontés et vaincus. Devant ces preuves concrètes, aucune personne, chinoise ou étrangère, qui a un cœur sensible et un esprit ouvert aux souffrances et aux luttes d’un peuple ne peut rester indifférent. Bien entendu, l’une de mes premières actions en arrivant en Chine fut la visite de ces musées et monuments.

Chnois

Tombe d’une victime de l’armée japonaise.

Ce 4 avril donc, j’ai passé quelques heures à voir sur CCTV1, le canal principal et officiel de la télévision chinoise, les nombreux reportages sur la commémoration de la guerre de libération populaire chinoise. Des plus grandes méga-pôles aux villages les plus isolés dans les montagnes, au sein de l’ethnie majoritaire han comme de toutes les cinquante six ethnies minoritaires du pays, les citoyennes et citoyens, les élèves des écoles primaires, des lycées et des universités, les militaires appelés ou professionnels, les intellectuels, les artistes, bref tout le peuple alla rendre hommage à ses combattants et combattantes.

En outre, ce même jour, sur le canal officiel principal de la télévision étatique, une émission de plusieurs heures fut consacrée aux combattantes et combattants tombés durant la résistance populaire armée, à travers les témoignages de leurs enfants ou petits-enfants, collègues de travail ou compagnons de lutte. Je voyais ces témoins raconter et rappeler, avec dignité mais fermeté, les horribles souffrances et les héroïques combats de celles et ceux qui leur ont offert la libération de l’impérialo-féodalo-capitalisme. Puis, le témoin, homme ou femme, allait devant le portrait du ou de la martyre, présenté sur une immense photo, posait un bouquet de fleurs rouges, s’inclinait en signe du plus profond respect, enfin s’adressait au/à la martyre en lui exprimant à haute voix tout l’amour ressenti, toute l’admiration éprouvée, et toute la dette reconnue. Le-la témoin pleurait, les spectateurs et spectatrices dans le studio pleuraient, et, dans la maison où je me trouvais avec une famille chinoise, des larmes baignaient nos yeux et nos joues. L’émotion du cœur stimulait la vigilance de l’esprit, l’indignation pour les effroyables crimes commis contre le peuple renforçait la résolution de penser : « Plus jamais ça ! »

Ainsi, depuis 1949, année de la libération, ce peuple chinois, chaque année, entretient vive la mémoire du combat qui lui a donné l’indépendance, garde vive la mémoire des immenses sacrifices consenties, garde vive la mémoire des méfaits de l’impérialisme et du féodalo-capitalisme, garde vive la vigilance. Car, au-delà des relations commerciales et diplomatiques, les dirigeants de ce peuple prennent le soin de faire savoir à leur peuple, par des émissions de télévision quotidiennes, sur des canaux thématiques, que l’impérialisme est encore présent (1).

Ajoutons à cela que divers canaux de la télévision officielle chinoise diffusent quotidiennement, – je dis bien : quotidiennement -, des documentaires, des films et des télé-films sur la guerre de libération nationale, ainsi que des témoignages de survivants combattants et combattantes, ou victimes.

On objectera : « D’accord ! Mais, actuellement, le régime chinois est retourné au capitalisme ! »… C’est vrai. Et, à part les couches sociales qui en profitent, les travailleurs manuels et les paysans pauvres s’en plaignent, et même se révoltent parfois.

Néanmoins, le peuple, dans son ensemble, au-delà de ses conflits sociaux internes, manifeste un authentique et très fort patriotisme. C’est que ce peuple a tellement souffert dans le passé les très humiliants crimes des envahisseurs, plus humiliants encore que ceux des dominateurs intérieurs.

Et dans quasi chaque endroit, comme déjà dit, on trouve des musées et des monuments qui rappellent ces faits. Parfois, dans les musées, ils sont exposés même crûment, quasi insupportables à voir. Mais, les décideurs ont eu raison ! Il faut voir pour croire !… Des cadavres de civils, des deux sexes, de tout âge, sont visibles dans certains musées, présentés dans la position où les victimes furent assassinées.  Deux de ces cadavres m’ont particulièrement impressionné : une mère tenant son bébé. L’événement qui reste le plus cruellement dans la mémoire du peuple, c’est le massacre dans la ville de Nankin (2) : « un événement de la guerre sino-japonaise qui a eu lieu à partir de décembre 1937, après la bataille de Nankin. Pendant les six semaines que dure le massacre de Nankin, des centaines de milliers de civils et de soldats désarmés sont assassinés et entre 20.000 et 80.000 femmes et enfants sont violés par les soldats de l’armée impériale japonaise. » (3)

Dès lors, pour le Chinois, quelque soit sa classe sociale, une chose est certaine : la terre et le peuple de la patrie sont sacrés ! Quelques soient les conflits internes au peuple, un aspect l’unit fermement : la dignité et la défense du pays, de la patrie et de son peuple.

La Chine connut un phénomène tel que celui des harkis d’Algérie : il s’incarna dans une marionnette d’ « empereur » installé par l’armée japonaise dans le nord-est de la Chine. Mais ce pays ne produisit pas de harkis intellectuels tels celui dénoncé par A. Merdaci (4).

Même quand les Chinois émigrent, pour chercher un meilleur travail ou pour jouir de plus de liberté d’expression, que ces Chinois soient du peuple ordinaire ou de l’élite intellectuelle, on ne trouve aucun ni aucune, du moins à ma connaissance, qui se conduit comme nos harkis « intellectuel-e-s » et « militant-e-s »: aucune insulte, aucun reniement du peuple dont on est issu, aucun mépris du peuple d’origine suite à la prise de nationalité d’un autre pays, principalement ex-colonisateur. Et ce n’est pas dans le pays dont le peuple chinois a le plus cruellement souffert que, généralement, les Chinois s’exilent : le Japon, même si sa langue est celle qui est la plus proche de l’idiome chinois. Jusqu’à aujourd’hui, les autorités et le peuple chinois réclament la reconnaissance officielle des crimes de guerre de l’armée impériale fasciste japonaise contre le peuple chinois. Et le refus d’y consentir des divers gouvernements japonais, jusqu’à aujourd’hui, ne permet pas l’établissement de relations de « bon » voisinage.

Même parmi les militants ou intellectuels qui furent emprisonnés en Chine, à cause de leurs idées démocratiques, torturés, croupis pendant de longues années en détention, aucun ni aucune, sauf ignorance de ma part, ne déclare, en exil ou demeurant dans le pays, mépriser son peuple, vouloir « changer de peuple » (5) ou adopter une autre « identité » culturelle en renonçant à celle d’origine (6) : simplement, ces militants et intellectuels critiquent sévèrement les autorités pour leur négation des droits démocratiques du peuple.

Tout Chinois sait, parce que les canaux télévisés le déclarent chaque jour, que la Chine, même capitaliste, est contrainte d’affronter la menace concurrentielle de ses ennemis : les États-Unis en premier lieu, et leurs alliés. Les Chinois savent que l’impitoyable concurrence économique actuelle est la première forme de guerre contre les nations et les peuples aspirant à se développer, et, dans ce but, se libérer de la domination capitaliste hégémonique mondiale. Les autorités et le peuple chinois sont parfaitement conscients que les États impérialistes dirigés par celui hégémonique, les U.S.A., font et feront tout pour empêcher le peuple chinois, y compris ses capitalistes, d’accéder au niveau de développement auquel ils aspirent, parce que celui-ci signifie, automatiquement, la perte d’hégémonie mondiale détenue actuellement par le capitalisme U.S.

Par conséquent, le peuple et les dirigeants chinois doivent demeurer prêts à défendre leur patrie contre les agresseurs. Dans cette perspective, les dirigeants du pays font tout afin que le peuple garde en mémoire les crimes dont furent (et demeurent encore capables) les agresseurs étrangers, sous peine de retomber dans la dépendance étrangère. À chaque occasion, même la plus ordinaire, je note personnellement l’impressionnante ferveur patriotique des Chinois, entretenue par la mémoire vive du passé subi par les agressions étrangères. Cette ferveur permanente, nourrie quotidiennement par une mémoire vive des crimes étrangers passés, est parfaitement en concordance avec les agissements impérialistes actuels qui menacent le développement pacifique du pays.e.

K. N.

Email : kad-n@email.com

Notes

(1) « Les USA sont frénétiquement occupés à encercler la Chine avec des armes, avec une multitude de bases militaires qui vont du Japon à la Corée du Sud et aux Philippines, en passant par plusieurs petites îles proches, dans le Pacifique, et leur base élargie d’Australie. La flotte US, ses porte-avions et ses sous-marins nucléaires patrouillent à la limite des eaux chinoises. Avions de guerre, avions de surveillance, drones et satellites espions emplissent les cieux au point de créer une obscurité symbolique en plein midi. » Jack A. Smith,  « Hegemony games » (« Jeux hégémoniques ») USA c/PRC, Counterpunch, cité par William Blum in « Quelques pensées sur la politique étrangère américaine », 12 novembre 2016, Rapport anti-empire n° 146 du 6 novembre 2016, in Réseau international. Pour des détails, voir « La guerre, pourquoi ? La paix, comment ?… » librement accessible ici : http://www.kadour-naimi.com/f_sociologie_ecrits.html

(2) Voir http://fr.cntv.cn/special/journenationaledecommemoration/

(3) Voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_de_Nankin#cite_note-1

(4) In https://www.algeriepatriotique.com/2018/03/28/contribution-dabdellali-merdaci-breve-adresse-a-naturalise-honteux/, https://www.algeriepatriotique.com/2018/03/30/mise-point-merdaci/ et les diverses parties commencées avec https://www.algeriepatriotique.com/2018/04/04/franches-explications/

(5) https://lematindalgerie.combarakat-ca-suffit-dinsulter-le-peuple

(6) Voir note 4.

Reportage photos ici: http://kadour-naimi.over-blog.com/

La prochaine partie examinera l’attitude des autorités vietnamiennes concernant leurs deux guerres de libération nationale. Cela permettra d’en arriver aux autorités algériennes à propos de leur comportement concernant la guerre de libération national

 

Auteur
Kaddour Naïmi

 




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