J’ai entendu de la part de deux chroniqueurs une analogie des évènements aux Etats-Unis avec l’épisode du premier triumvirat de Rome. Ils n’ont fait que rappeler un rapprochement que nous avons tous dans les esprits depuis le collège sauf à nous faire souvenir du nom du troisième personnage, toujours oublié comme ce fut le cas du troisième dans le célèbre groupe Les Trois Ténors.

Dans une phase tumultueuse de Rome (en existe-t-il qui n’en soit pas ?), un triumvirat non officiel (accord secret) s’est engagé entre César, Pompée et Crassus. Comme pour ce cas, l’alliance au sommet du pouvoir américain est occulte car seul le président est le chef officiel de l’exécutif. Mais il est flanqué de deux autres dont la légitimité à partager le discours officiel est une usurpation. Le vice-président, parce que la constitution ne lui accorde pas ce pouvoir aussi large et Elon Musk qu’aucun américain n’a élu.

Dès le départ, la question n’était pas de savoir si ce triumvirat allait durer mais quand allait-il exploser ?

Et voilà notre second rapprochement, le triumvirat n’a pas plus de chance de perdurer que de celui de César, Pompée et Crassus. Non seulement la dispute s’est invitée inexorablement mais l’histoire s’est également terminée par le triomphe du dictateur que fut Pompée.

Si le dicton nous dit que deux coqs ne peuvent vivre en paix dans un poulailler, on s’imagine avec trois. Dans n’importe quel pays au monde, l’exécutif ne peut être bicéphale sans division, guerre et renversements. C’est aussi le cas dans un régime parlementaire qui évite le problème au mieux qu’il est possible de le faire. Dans le vrai, le président n’est qu’une représentation symbolique et dans le système hybride, la prééminence du pouvoir constitutionnel est attribuée au seul président (portant certains autres noms selon les pays).

Tous les régimes politiques à pouvoir exécutif collectif ont échoué dans l’histoire. Ce fut d’ailleurs le cas lors du second triumvirat de Rome où la même guerre intestine a eu lieu. Nous pouvons constater le même destin d’échec avec le Conseil révolutionnaire lors de la révolution française, le Directoire ou, surtout et plus systématique, avec les juntes militaires. 

Dans cette bombe programmée, le détonateur de l’explosion est l’ego de chacun. Il ne peut y avoir de puissance à ce niveau sans l’ego des membres des exécutifs partagés. Il est tellement proéminent chez ces personnes qu’il est impossible que l’alliance perdure.

Dans le cas américain, un seul coq finira par éliminer les deux autres mais au prix d’un poulailler dévasté. 

Boumediene Sid Lakhdar

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