Dimanche 26 mai 2019
C’est faux ! Le mouvement de dissidence n’a aucune incidence sur le secteur de l’énergie
Le site de «Petroleum Economist» a consacré le 23 mai dernier une analyse du mouvement de dissidence populaire sous le titre «Waiting for the dust to settle in Algeria», « attendre que les choses se calment » du moins surprenante pour cette revue qui nous a habitué à des analyses plus objectives.
Cette fois-ci le «parti pris » saute aux yeux comme si implicitement le limogeage d’Ould Kaddour déstabilise le système de gouvernance de la Sonatrach et fait fuir les investisseurs dans le domaine pétroliers et gazier qui semblent selon cette analyse indécis face à ces perturbations et notamment l’annonce de la réouverture du dossier l’enquête sur le mastodonte par le général-major Ahmed Gaïd Salah, chef de l’état-major de l’armée et vice-ministre de la défense nationale.
D’emblée, il est difficile de comprendre comment un dossier qui entre dans la lutte contre la corruption qui est une offensive pour mettre de l’ordre dans le rouage de gestion, gênerait-il les investisseurs, lesquels investisseurs n’arrêtent pas eux même de dénoncer les circuits bureaucratiques qui la nourrit ? Sauf les compagnies qui ont quelque chose à se reprocher, l’ouverture de ce dossier et bien d’autres clarifieront en perspective les règles de jeu pour que le partenariat devienne gagnant /gagnant ? Ou ne souhaitent-elles pas cette formule ? Maintenant sur le plan pratique, et à travers l’histoire des relations géopolitiques dans le domaine de l’énergie, l’investisseur évalue avant tout le risque pour rentabiliser sa mise.
A ce niveau aussi bien sûr le plan géologique, l’associé, la relation internationale, la souveraineté et la stabilité fiscale et surtout les prix du baril sont au jour d’aujourd’hui, très favorables en Algérie. Ce sont les agences de notation qui le proclament. En général, les multinationales sont tranquilles lorsque dans le tiers monde notamment en Afrique, l’armée tient les rênes du pouvoir : c’est bien le cas depuis la démission du président Abdelaziz Bouteflika.
L’analyse évoque sans citer le cas de la moindre compagnie qui « boudent selon la revue » le secteur de l’énergie algérien alors que sur le terrain de nombreuses accords et contrats ont été signés avec des compagnies multinationales qui opèrent sur place : les contrats de vente de gaz avec les Italiens, Chevron pour les ressources non conventionnelles, le 13 mars dernier la société britannique Petrofac avait remporté un contrat de 1 milliard de dollars pour le champ gazier d’Aïn Tsila. Cette même société vise la réalisation de la raffinerie de Hassi Messaoud pour 4 milliards de dollars. Même le catering est pris par des multinationales comme Catering International services CIS qui vient de s’implanter même dans les structures avales du groupe Sonatrach.
Le géant français Total, après sa reconduction sur le champ de Tinfoué Tabankort, compte acquérir les parts d’Anadarko en Algérie pour devenir le premier producteur de brut en Algérie avec près 500 000 barils par jour. Maintenant si cette analyse vise la multinationale ExxonMobil qui a décidé de surseoir à son installation en Algérie, les raisons évoquées sont toutes autres. Cette multinationale en poussant l’ancien PDG de Sonatrach à acheter la veille raffinerie d’Augusta qui s’est avérée une mauvaise affaire, ne visait pas un partenariat gagnant/gagnant mais voulait imposer la vente de son expertise dans le domaine de l’exploitation des ressources non conventionnelles en utilisant un lobby dont le chef de fil serait justement Abdelmoumen Ould Kaddour.
Le départ de Bouteflika a fait tout capoter. Il est aussi difficile de comprendre la déduction du rédacteur de cette analyse selon laquelle l’ancien PDG serait proche d’Abdelaziz Bouteflika alors qu’en réalité il ne l’est pas directement et l’ancien président ne le connait ni d’Eve ni d’Adam. Il est plutôt proche de Chakib Khelil qui l’a recommandé pour jouer ce rôle pour le compte des américains.
Il a été nommé en mars 2017 à travers un artifice extraconstitutionnel conduit par le frère du président démissionnaire mais en aucun cas le président lui-même. Son programme de réforme qu’il l’a appelé SH2030, n’est pas sûr qu’il sera suivi avec l’installation du nouveau gouvernement puisque vide de contenu et ne ramène rien de nouveau à Sonatrach.
Quant à la nouvelle loi sur les hydrocarbures, la mouture est toute prête grâce à une Task Force formée par des experts Algériens, anciens responsables du secteur entre autres : Nordine Aït Laoussine, Youcef Yousfi, Abdelmadjid Attar, Nazim Zouioueche, Noureddine Cherouati et Said Sahnoun etc. Elle est revenu au contrat de partage de production et celui à risque et de participation. Ce que justement ont revendiqué la plupart d’entre eux depuis bien longtemps.
Toutes les conditions sont favorables à ce mouvement populaire
Il faut absolument que les analystes et les experts qui défilent dans les plateaux de télévisions ou à travers leurs contributions dans la presse nationale cessent de prédire des perspectives anxiogènes de ce Hirak. Faire peur et fait angoisser les protestataires pour des raisons économiques et sécuritaire pourrait entraver l’élan formidable de cette génération pour se débarrasser de l’ordre établi qui a fait des ravages à la fois économiques, sociaux, sociétaux voire même politiques. C’est une lourde responsabilité des seniors qui appellent aujourd’hui à la sagesse sans garantir un lendemain d’un Etat de droit, républicain et citoyen. Il faut préciser par ailleurs que les mouvements de dissidence populaires unissent les peuples et renforcent leur cohésion sociale, Si le Général Khalifa Haftar s’amuse à retracer les frontières de la Libye, c’est justement la mobilisation de ce Hirak qui va lui donner une leçon. En général, ce genre d’invasion ne se concrétise pas lorsqu’un peuple est uni mais plutôt lorsque le régime est corrompu. Sur le plan économique, les prix du baril n’ont jamais été aussi stables que durant cette période allant du 22 février à ce jour. Ils sont établis dans une moyenne de 69,69 dollars le baril avec un point haut qui a atteint 75,60 dollars le baril et un point bas de 64,02 dollars le baril. Cette évolution semble se maintenir avec la guerre commerciale que lance Trump contre la chine et sa brouille avec l’Iran qui, s’aggrave de jour en jour. Les événements en Libye peuvent aussi jouer en faveur d’un prix qui se maintient dans une fourchette de 60 à 70 dollars le baril auquel il faudra ajouter 2 dollars par baril pour la légèreté et le pourcentage de soufre réduit du brut Algérien le Sahara Blend. En moyenne avec ce niveau, on pourrait largement réduire le déficit budgétaire sans serrer la ceinture.
Cette année pourrait aussi être une bonne année agricole de part les quantités record, au dessus de la normale saisonnière notamment à l’Est de pluie depuis janvier 2019. Pourquoi l’Est ? Parce que c‘est la où s’étalent les plaines céréalières.
Ces données ont été confirmées par le centre climatologique national (CCN). Maintenant si le gouvernement fortement contesté a pris la décision de revoir le quota des Kits CKD/SKD, cela réduirait certes, l’activité de montage mais n’affectera pas les prix des véhicules qui ont déjà atteint le maximum par des artifices et des subterfuges pour qu’une grande partie restera dans les poches de ces soit disant investisseurs. Quant au chantage de mettre leur personnel au chômage, ils l’ont toujours fait en pleurant la « bouche ouverte ». Le PDG du groupe de l’Hôtellerie, Tourisme et Thermalisme HTT qui estimait samedi que depuis le 22 février, la situation hôtelière a régressé de 85% par rapport à l’année dernière, ce n’est que de la surenchère car l’Algérie ne s’est jamais intéressée à ce secteur qui était accessoire depuis l’indépendance.
De quels touristes parle t-il ? Bien au contraire le hirak a vendu une image très attirante de l’Algérie. Il est probable que cet été même si ce mouvement de dissidence populaire continue, le tourisme externe sera meilleur que les années d’avant. Il s’agit là donc d’alibi pour casser un élan salvateur d’ailleurs en vain.