19 mars 2024
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Chiche ! Que Sonatrach révèle l’origine de la croissance du gaz commercialisé  

Sonatrach

On a tendance à dire « rira bien qui rira le dernier » mais malheureusement on est tous dans un même bateau dont la destination est difficile à cerner. Ce qui est certain, cette euphorie des chiffres conjugués au futur n’augure pas de bons présages.

Le coup de sifflet vient d’être donné par le président de la commission d’enquête sur la pénurie d’huile de table Ismail Kouadria qui a désavoué tous les chiffres annoncés par le ministère du commerce qui sont pour lui «imaginaires» car ils sont très loin de ce qui est constaté sur le terrain.

La spéculation, insinue-t-il «n’existe pas sur le terrain, lorsqu’il y a de l’abondance (1). Toute la question est de savoir maintenant : pourquoi ces alibis qui se multiplient à travers les médias en abusant des biens sociaux pour probablement transformer artificiellement un bilan désastreux parfois biaisé en celui acceptable d’auto satisfécit ? Il est aisé de constater ces derniers temps la même ferveur qui apparaît au sein du groupe Sonatrach.

Quelques chiffres qui apparaissent dans la page Facebook du groupe, a fait flamber les médias papiers et électroniques pour « vendre » que 5% d’augmentation de la production de Sonatrach par rapport à l’année « zéro» 2020 serait selon certains, un effort méritoire à encourager.

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Ensuite et pour faire court les 34,5  milliards de dollars de son chiffres d’affaire ne sont en aucun le fruit de cette effort de production tant décrié mais celui d’une augmentation indépendante de sa volonté du prix du baril qui est passé en 2020 en moyenne de 42 dollars  contre plus de 70,95 dollars en 2021.

C’est ce prix sans aucun effort intensif de Sonatrach puisque dépendant du marché qui a tiré le chiffre d’affaire 2021 vers le haut.  Pourtant en 2019, la plus  mauvaise année de la décennie, à un prix de baril 63 dollars le baril, Sonatrach avait obtenu des recettes presque équivalentes à celle de 2021, soit plus de 33 milliards de dollars, et avait une production plus importante 187 MMTEP. Sinon, on dira que la gestion du secteur économique de la  période  Bouteflika  reste la meilleure depuis l’indépendance puisqu’il a laissé dans les caisses des réserves de change qu’on est en train d’utiliser jusqu’au aujourd’hui.

Pourtant, sa période aussi a bénéficié d’un prix indépendant de sa volonté très haut. En plus, lorsqu’on fait un bilan, il y a le passif et l’actif soit ce qui sort et celui qui rentre sinon le bilan est biaisé.

Les médias ont fait allusion au contrat signé avec les turcs pour le projet du complexe de production du polypropylène, celui avec ENI, discutable, sur Berkine Nord, ou encore d’une extension du Gaz Naturel Liquéfié vers la Grèce mais on en parle pas du Major BP qui a quitté l’Algérie en 2020 et le départ également de Petroceltic avec un contentieux en perspective et on apprend que Repsol compte céder ses assets en Algérie à partir de 2021(2).                                                                                                  

Maintenant revenons à ces chiffres en question

 Les capacités de production  primaire de gaz en Algérie en 2020 et 2021, ce qui est une donnée publique connue, reste de l’ordre de 330 à 340 Millions m3/jour soit près de 120 milliards m3 ou  de 117 millions de tonnes équivalent pétrole (MMTEP). La production des gisements en associations avec près de 27 milliards m3/an, soit près de 25 MMTEP ce qui représente plus  de 20 % de la production totale. Toute la production de gaz des gisements en associations est expédiée à la vente. 

La production de Sonatrach seule dont principalement : Hassi R’mel dont la capacité actuelle devrait se situer à près de 200 millions m3/j après la réalisation du projet du Boosting III, dont près 35% devant être réinjectée pour garantir les réserves, éviter les venues d’eau et maximiser les réserves de condensat. On estime à 70 millions m3/j, en principe réinjectés.

Le second gisement après ce géant, Rhourde Nouss avec  la capacité de 40 millions m3/j, dont près de 20 millions sont censés constituer du gaz de cyclage. S’agissant des gisements pétroliers produisant des volumes importants de  gaz associés, Hassi Messaoud et de Rhourde El Baguel, respectivement, près de 40 millions m3/j et 17 millions m3/j, sont des gaz qui ne sont en principe jamais comptabilisé dans les bilans de production ni en commercialisation, destinés exclusivement à la réinjection en circuit fermé pour la conservation des réserves.Mais une partie de ces gaz a été utilisé à la vente à partir de 2017, faisant parti par la suite de la comptabilité du bilan de production.

Où est le hic dans tout cela ?

Les médias qui ont repris ces chiffres parlent de l’année 2020 qui a terminé avec une production primaire de 176 MMTEP et celle de 2021 de 185 MMTEP soit une augmentation de 9 MMTEP, sans faire référence à l’année 2019 constituant la référence de comparaison, avec une production primaire de 187 MMTEP.

Si l’on admet selon les données  de l’OPEP une augmentation moyenne annuelle moyenne 10 000 barils/jours qui sont l’équivalent de 0,5 MMTEP, cela voudra dire que 8,5 MMTEP concernent le gaz et peut être ses dérivés. Cette valeur relative au gaz correspondant à environ 25 millions de m3/jour soit un peu plus de 9 milliards de m3 /an.

Si on revient maintenant aux exportations, les chiffres publics annoncés sont de 81 MMTEP en 2020 et une déclaration d’une augmentation  de 19% en 2021 soit 96,4 MMTEP. Nous avons donc exporté près de 15,4 MMTEP de plus en 2021 par rapport à 2020 soit l’équivalent de près de 43 millions de m3 /jour c’est-à-dire 16 milliards de m3 / an. La question est simple pour Sonatrach d’où vient cette quantifié supplémentaire qui pourrait être équivalente à un gisement de la taille Rhourde Nouss ? Comment se fait qu’avec une telle offensive médiatique durant toute l’année, l’opinion publique ne connaît pas cette découverte si une découverte y est réellement ?

Paradoxalement aussi, en 2019 avec une production supérieure 187 MMTEP, Sonatrach aurait exporté 90 MMTEP selon le rapport annuel, or,  en 2021 avec une baisse de la production à hauteur de 185 MMTEP, Sonatrach exporte 96,4 MMTEP, en plus de l’augmentation de la consommation nationale. Quelle serait donc l’explication à ce décalage?

Sonatrach se limite à des annonces de chiffres pêle-mêle, peut être attirant  mais toujours ne précise pas la provenance de cet apport en gaz ayant « augmenté » ses exportations et fait face à la croissance de 5% de la consommation en gaz interne ? Pourquoi ? 

Pourtant l’accès des données de production de nos gisements en association pour lesquels il n’y a eu aucune augmentation notable, sont totales, communiqué par nos partenaires étrangers sur leurs sites publics, en voici quelques exemples(03), pourquoi pas Sonatrach ?

Rabah Reghis

(01)-https://www.algerie-eco.com/2022/02/01/penurie-de-lhuile-de-table-il-ny-a-pas-de-speculation-s-kouadria/

(02)-https://www.repsol.com/content/dam/repsol-corporate/en_gb/accionistas-e-inversores/resultados/2021/q2/interim-management-report-first-half-2021.pdf

(03)-https://www.equinor.com/content/dam/statoil/documents/quarterly-reports/2021/q3-2021/3q21-production-pr-field-and-asset-equinor.xlsx

file:///C:/Users/hp/Desktop/equinor-2019-annual-report-and-form-20f.pdf

https://www.sec.gov/Archives/edgar/data/1140625/000114062521000006/eqnr20f20.pdf

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