21 novembre 2024
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AccueilA la une"Cœur d’amande" de Yasmina Khadra : entre douceur et intensité

« Cœur d’amande » de Yasmina Khadra : entre douceur et intensité

Avec Cœur d’amande, Yasmina Khadra signe un roman à savourer comme un Kalb-ellouz généreusement imbibé de Cherbette, ce sirop de miel qui confère à la pâtisserie sa douceur fondante.

À travers l’histoire de Nestor, un homme de petite taille élevé par sa grand-mère atteinte d’Alzheimer, Khadra nous plonge dans une fresque humaine empreinte de résilience et de tendresse. Dans ce Montmartre loin des clichés, vibrant de solidarité, il dévoile les vies simples mais touchantes d’un kaléidoscope de personnalités et de destins.

La relation entre Nestor et sa grand-mère forme le cœur tendre de ce récit. Rejeté par ses parents en raison de son handicap, Nestor trouve auprès d’elle un soutien indéfectible. Malgré l’effritement progressif de sa mémoire, sa grand-mère incarne pour lui une stabilité, imprégnée de valeurs d’entraide et de force. Ce lien, dépeint avec une sensibilité rare, confère au roman la douceur réconfortante d’un conte moderne. La plume de Khadra, souvent intense et directe, devient ici plus légère et apaisante, comme une pâtisserie fondante qui invite à une lecture sereine.

À l’approche du Ramadan, Cœur d’amande pourrait séduire comme un Kalb-ellouz traditionnel, aux saveurs simples et réconfortantes. Cette douceur nouvelle chez Khadra a surpris certains lecteurs, qui y voient une bouffée d’air frais dans un univers d’ordinaire plus âpre. Pour eux, ce choix de ton audacieux confère au roman une aura bienveillante, presque onirique, offrant à chaque page une pause apaisante.

Mais les puristes, pour qui un Kalb-ellouz authentique se doit d’inclure des amandes (plutôt que des substituts !), risquent de regretter ici une profondeur plus marquée. Dans L’Attentat ou Ce que le jour doit à la nuit, Yasmina Khadra abordait des thèmes brûlants avec une intensité saisissante, plongeant ses lecteurs dans des drames poignants.

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Dans Cœur d’amande, bien que le handicap et la solitude soient abordés avec émotion, certains fidèles de l’auteur pourraient trouver cette histoire un peu trop fondante, presque trop douce, adoucissant les aspérités qui faisaient le charme de ses précédents récits.

Ce glissement vers une approche plus consensuelle, presque feel-good, donne l’impression que Yasmina Khadra s’adresse à un public plus large, cherchant à réchauffer les cœurs. Mais cette douceur pourrait décevoir ceux qui appréciaient l’acuité des œuvres plus sombres de l’auteur, comme Cousine K. Dans Cœur d’amande, les épreuves de Nestor semblent se résoudre avec une fluidité rassurante, un peu trop lisse pour des lecteurs en quête d’émotions plus tranchantes.

En fin de compte, Cœur d’amande se déguste différemment : pour certains, il est un délice réconfortant, idéal pour une pause littéraire sereine. Pour d’autres, il manque ce croquant inimitable et cette profondeur qui faisaient de Khadra un auteur aux récits intenses et marquants. Un Kalb-ellouz moelleux, assurément, mais qui pourrait laisser sur leur faim les amateurs des saveurs plus audacieuses et mordantes de ses précédentes œuvres.

Toufik Hedna

6 Commentaires

    • Sont tout de meme incomprables. KD a une fois dit aux Kabyles « Vous avez quelque chose en memoire a faire revivre, j’en suis jaloux et envieu, moi je n’ai rien ! » Et pour commencer a s’en faire une(de memoire), car il n’est jamais trop tard, il lui a fallu aller a Baris… Pour vous dire de quoi est fait ce pseudo-pays.

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