2 mai 2024
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Yasmina Khadra et le devoir d’indignation de certains

Yasmina Khadra

Depuis un certain temps et de façon régulière, beaucoup, militants politiques, intellectuels, parents de détenus, journalistes, écrivains ou citoyens lambda, reprochent à l’écrivain Yasmina Khadra de se réfugier dans sa bulle d’esthète adepte de phrases bien ciselées, de se comporter comme un dieu trônant en son Olympe, ignorant les souffrances des  simples mortels.

Ces Algériens en butte aux atteintes multiples à leurs droits de citoyens dans un pays piégé  par une autocratie sans contrepoids se glorifiant de réduire les libertés publiques, de museler la presse, les militants et les opposants autonomes en usant indûment du glaive de la justice.

Dans un post publié sur sa page Facebook, l’auteur du roman Les Vertueux répond avec la même verve. Incisif et sûr de lui, avec des mots qui vont droit au cœur de leur cible, il répond à tous ses contempteurs qui lui reprochent  son silence à qui dit  qu’il ne s’est jamais dérobé à son devoir d’indignation.

« J’ai constaté que l’indignation est le moins élégant des aveux de faiblesse. Ecrire pour ruer dans les brancards, pour faire des vagues dans sa baignoire, pour se disculper et ranger au placard les risques du métier, cette papelardise claironnante ne sied pas à ma personne », dans un post sous forme de mise au point.

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« ONG, RSF, intellectuels de chez nous ou d’ailleurs, parents de détenus, journalistes, détracteurs, écrivains, militants des causes perdues, opposants, déposants, imposants, vous êtes des centaines à m’apostropher tous les jours, à me solliciter, à me reprocher mon « silence », à penser que je suis capable de raisonner les plus bornés et de rendre justice aux opprimés, bref à me renvoyer à mes responsabilités et à la portée de ma voix  en mesure, semble-t-il, de rappeler à l’ordre ceux qui abusent de leur autorité. Je vais vous dire pourquoi vous avez tout faux.

D’abord parce que nombre d’entre vous ignorent que je n’ai pas arrêté, depuis des années, de déplorer les dérives politico-judiciaires qui éloignent inexorablement notre pays, l’Algérie, de la normalisation de notre quotidien, seule garante d’un véritable renouveau.

Ensuite, parce que j’ai constaté que l’indignation est le moins élégant des aveux de faiblesse. Ecrire pour ruer dans les brancards, pour faire des vagues dans sa baignoire, pour se disculper et ranger au placard les risques du métier, cette papelardise claironnante ne sied pas à ma personne.

Je suis l’enfant du Sahara et je suis mieux placé pour certifier que prêcher dans le désert est la plus stupide manière de se faire violence. Car, voyez-vous, si les murs ont des oreilles, certaines têtes n’en ont pas. A quoi ont servi mes tribunes, mes mises en garde sur les plateaux de télé, mes appels à la raison sur les rares espaces médiatiques que l’on me concédait ? A pas grand-chose. Lorsqu’on n’a pas un interlocuteur attentif, on soliloque et on se surprend à s’attendrir sur son sort.

Pour quelqu’un qui a passé trente-six ans dans l’armée, vingt-cinq ans dans les unités combat et sur les frontières, huit années de guerre anti-terroriste, qui a redouté le pire pour notre nation, vu tomber des braves et des innocents, des héros et des badauds, pleurer des veuves et des orphelins tandis que d’autres nations crachaient dans nos larmes, il a du mal à croire que nous puissions  oublier de ce que nous avons enduré sous le joug colonial et durant l’effroyable décennie noire. Comment admettre que l’Algérie renoue avec les abus après de tant de martyres et de vaillance, que l’on emprisonne des personnes pour leurs opinions, que l’on arrête à tort et à travers  toute mine qui ne revient pas au strabisme des juges et des décideurs.

Pourtant, il suffit d’un minimum de présence d’esprit pour que nos stèles redeviennent des repères probants, pour que les horizons floutés recouvrent nos rêves et nos ambitions d’antan. Il suffit surtout de comprendre que la violence peut vaincre sans convaincre et que la sagesse peut convaincre sans qu’il y ait de vaincus, qu’on ne dresse pas un peuple, qu’un peuple on l’élève pour que l’étendard, l’hymne et les clameurs gaillardes aient du sens.

Dénoncer l’intolérable ne minimise pas ses dégâts. Là où il n’y a pas de justice, il n’y aura ni liberté ni dignité, et aucune nation au monde ne peut prétendre à son salut sans ces deux impératifs. L’Algérie ne grandira que lorsque nous aurons grandi. Etre grand, c’est savoir qu’il existe des causes plus grandes que soi et que pour atteindre les sommets, on doit commencer par s’élever dans sa propre estime.

Yasmina Khadra »

12 Commentaires

  1. Là on n’est plus dans le devoir d’indignation, mais dans l’obligation d’indignation ! Et pire encore on veut forcer à l’indignation.

    Non de Dieu qu’est-ce qu’Y.K sait être encore plus fauderche que ceux qui l’attaquent!

    Iben moua qui ne suis pas du cercle de ses bigots comme vous autres au Matin-Dized , je serai le dernier à reprocher à Y.K de ne pas hurler avec les agneaux. Bien au contraire je trouve son retrait, pas son silence tout à fait légitime car si Y.K ne rue pas dans les brancards il n’est pas muet pour autant. Il dit tout simplement qu’il ne peut rien pour vous.

    Je ne comprends pas ces intellectuels qui lui reprochent de ne pas rejoindre le troupeau alors qu’il n’a pas les mêmes problèmes qu’eux. Ils lui reprocheraient que s’ils ont des problèmes avec le pouvoir c’est parce qu’il ne les défend pas ils ne le diraient pas autrement.

    Et pourquoi donc Y.K les rejoindrait-il? Sont-ils eux des « vertueux » autant que ça pour ça l’oblige ?
    Je dirai même qu’il cracherait un peu dans la soupe s’il le faisait.

    Non seulement ,Y.K a tous les droits , de n’en pas s’en mêler plus que ça, mais il ne le devrait même pas si l’envie lui en prenait car comme il l’a dit , il a trop prié pour vous , invoqué le ciel, pour changer votre sort , mais comme vous êtes incurables, il n’est pas parvenu.

    Putain ! Vous , Avec tout ce que compte l’Algérie d’intellectuels, les plus éminents , des économistes, des théologiens, des historiens, des sociologues, des écrivains , tout le Gotha gothatant, vous aviez processionné deux ans, avec toute la populace, à coup d’imprécation, d’exorcisme, d’imprécations, sans changer quoi que ce soit fi ma binassi, et c’est au seul Y.K que vous reprocher de ne pas s »y mettre.

    Barkawkoum avec votre paranoïa sacrificielle, Y.K n’est pas le Mahdi que vous attendez pour le jeter à la fausse aux fauves, il ne peut rien pour vous !

  2. Monsieur Yasmina Khadra , avec tout mon respect , dîtes moi exactement quand et sur quel média écrit ou parlé vous avez déploré les dérives politico-judiciaires , et surtout quand vous avez condamnés les arrestations arbitraires pour délit d’opinion du pouvoir algérien autocratique, militaire et policier ?? merci

    • Désolé de vous contre dire cher ami,
      je crois que vous avez loupé les émissions dans laquelle il a dénoncé les dérivent de nos autorités, mais comme il dit si bien il est inutile de parler à des personnes qui n’ont pas d’oreilles.
      je n’ai l aucun des ses livres, mais je trouve qu’il est loin d’être stupide comme certains des nôtres qui interviennent dans les chaines étrangère.

  3. Roland Barthe a dit que L ecrivain est mort. Y K ecrit de beaux. livres en sa non langue maternelle, allahou mabarek, le reste c est de la masturbation neuronale. L Ecrivain en general ne sert presqe a rien. Tout le monde ecrit par exemple en Algerie pour Donner quoi. On lit si on lit c est pour tuer le temps avant qu il nous tue. Ecrivez ya Si Y K et Bonne continuite’ .
    Bonnes vacances !!!!
    Omar ladhli

  4. Le boeuf de guezgueta a tout intérêt à se laisser faire et même à s’y faire de toute façon, tôt ou tard, on finira bien par le traire. Et plus tôt sera le mieux pour tout le monde, pour passer à autre chose, car mine de rien de rien on a pas que ça à faire, il faut aller de l’avant. Oui, aller de l’avant, L’avant dans le sens de Addi bien entendu.
    Et, ne vous méprenez pas, si ya au moins un seul parmi notre crémeuse « Noukhba », nos élites et nos 3oulemas en solo ou en association , associés en association éponyme ou en société anonyme, si ya au moins un seul parmi toutes ces étoiles éclairant nos ténèbres à qui le mouvement des agneaux processionnaire du vendredi après midi et de tous les jours de la semaine (à qui le mouvement des mouvementés) ne saurait reprocher quoique , encore moins de lui être resté indifférent, c’est bien Mr Addi. Addi qui a toujours accompagné, conseillé,…le mouvement; et son guide ( la régression feconde) pour routard en route sans retour vers le passé où lespace-temps n’était pas encore né, en est la quintessence de son esprit, lui qui, en sociologue Averti, a parfaitement cerné notre esprit collectif. Un esprit obsédé par le passé. Qui ne prend du présent que ce qui peut le rapprocher encore plus du passé et n’envisage son future que dans le passé.
    Avec son guide intitulé : « régression feconde », personne ne restera indifférent, tout le monde trouvera goût au mouvement même les sédentaires endurcis et personne ne sera égaré ou laissé sur le bord du chemin. Mr Addi en sociologue avisé, connaissant parfaitement notre aversion congénitale pour le moindre effort physique et encore moins intellectuel, n’a pas fait compliqué. Le concept y est simple : quand on ne peut plus avancer, surtout si on est en pleine nuit, en montée sur pente raide, le mieux à faire est de se mettre au point mort, tous les feux éteints, on ferme les yeux , on se bouche les oreilles et on laisse les lois de nature ou de dieu , c’est selon chacun, s’occuper de tout; la gravité facilitant et l’instinct aidant, on fonce et advienne que pourra. Et ce n’est certainement pase le mur de Planck qui nous arrêtera à la vitesse où on va! C’est certain, on le défoncera et on continuera notre chemin. C’est décidé, on ira jusqu’aux paradis si Dieu le sage veuille bien dans sa sagesse nous les ouvrir ses portes s’il ne veut pas qu’on déplace le mouvement là bas et qu’on en fasse tapage devant la porte du paradis. Et un paradis avec un tel boucan juste devant la porte serait-il encore un paradis!
    Donc, Mr Khadra ferait mieux d’économiser sa salive et l’ encre de sa plume et ferait mieux de sy mettre plutôt à la natation dans le sens du torrent.
    Pourquoi se battre ici bas pour des broutilles et plus edt éphémères quand on est , comme on l’est nous, assuré d’obtenir le meilleur du meilleur et de l’éternel au paradis, d’après Mr bengrina et n’est pas le seul a nous le garantir; avec au-moins un million et demi de martyrs et chacun d’eux fera rentrer avec lui au moins soixante-dix d’entre nous au paradis, au final , faites le compte, lui il l’a fait, on fera rentrer toute l’Afrique , après bien entendu avoir rentrer au préalable nos frère du levant.
    En tout cas, nous, non seulement on y croit et même qu’on est déjà parti, au moins dans notre tête mais pas que.
    On ira tous au paradis…, dirait hmed hamou
    N’en déplaise aux rabat joie.

  5. Merci Hend Uqaci pour le ku.
    Effectivement, la fécondité de notre régression est tellement profonde que des générations et des générations futures auront matière a creuser et n’atteindront pas le fond pour espérer une remontée proche.
    D’ailleurs, je viens de lire, sur ce site même, la déclaration de la convention de la diaspora où il l’était mentionné :  » les participant.e.s, d’horizons politiques et militants divers, ont contribué à un débat de qualité avec des échanges parfois contradictoires, mais riches et fructueux, (… et) il a été convenu de continuer à approfondir les questions importantes abordées dans l’avant- projet,… »
    On peut leur faire confiance, en matière de continuité, interminable, et d’approfondissement sans jamais voir le fond on est champion… Il finiront tôt au tard par rejoindre Addi sur son approche du moins sur l’essentiel, peut importe la rethorique. De toute façon, ya pas le choix , avec toutes les contradictions qui traverse la société, le seul dénominateur commun , le seul projet qui fait consensus: c’est la régression.

  6. J’ai lu le laïus lâche et sans aucune consistance de ce sacré Yasmina Khadra qui a toujours vogué dans le sens de la vague. Militaire sous la contemption des fameux colonels , écrivain à la Marc Lévy lu par les ménagères de moins de 50 ans, ce noircisseur de feuilles de papier à gogo ne lèvera pas le moindre petit cil pour défendre le plus minuscule des prisonniers politiques en Algérie. Prisonniers d’opinion ? Mais pourquoi ne disent-ils pas la même chose que le pouvoir, c’est aussi simple que cela. Si certains sont dans les barreaux, c’est qu’ils ont été trop loin.
    Regardez-moi : d’Oran à Annaba, en passant par Tiaret, Tizi-Ouzou et Sétif, les autorités des wilayas me font l’honneur de m’inviter à me présenter face aux taiseux qui me réclament photos et signature. M’élever contre la dictature algérienne ? Vous êtes fous ? Mais j’ai tout à perdre. Je ne suis pas de la race des aboyeurs comme Boualem Sansal, Kamel Daoud, Kamel Bencheikh et Mohamed Kacimi. Ceux-là, je les laisse s’époumonner contre le régime algérie mais ça sert à quoi ? A se faire mal aux cordes vocales. Moi je continue à être reçu comme un personnage important et à servir ceux qui nous dirigent pour notre plus grand bien.
    Et comme le dit si bien le dicton : les chiens aboient, la caravane passe !
    Shalom wa salam !

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