L’ancien Premier ministre français, Dominique de Villepin, a affirmé, ce lundi à Alger, qu’il est essentiel pour la France de demander pardon à l’Algérie pour les crimes perpétrés durant 132 ans de colonisation.
Dominique de Villepin, ancien Premier ministre sous Jacques Chirac, a animé une conférence ce lundi à Alger. Une occasion pour revenir sur le vieux contentieux de la colonisation qui pourrit les relations entre l’Algérie et la France.
Dominique de Villepin a insiste sur la nécessité « des excuses ». L’ancien premier ministre n’avait jamais auparavant avancé une déclaration aussi courageuse sur la colonisation. Mais il l’a faite à Alger. Pas à Paris. Comme Emmanuel Macron en 2017.
« La colonisation fait partie de l’histoire française, poursuit-il. C’est un crime, c’est un crime contre l’humanité, c’est une vraie barbarie. Et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face, en présentant nos excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes », avait déclaré le candidat Emmanuel Macron, à Alger, le 16 février 2017. Depuis, il ne soutient plus le même discours.
« J’avais 9 ans, je suivais une conférence animée par mon père en Amérique latine sur la Guerre d’Algérie et j’ai parfaitement compris ce que valait ce geste », raconte M. De Villepin, lors d’une conférence tenue à la Faculté des sciences de l’information et de la communication (Alger-3). Il rappelle que « ce n’est pas avec un petit chiffon qu’on efface un aussi lourd contentieux ».
« Aujourd’hui, même un président de la République n’a pas ce pouvoir d’exprimer ces excuses, car, observe-t-il, c’est l’ensemble de notre histoire qu’on doit regarder. A mon sens, il faut en faire un passé commun et pas à pas, nous allons avancer, peuples et dirigeants ».
Bien entendu pour Dominique de Villepin, « on ne décrète pas un mot ou une parole (excuses, ndlr). Je connais parfaitement ce sujet, moi qui étais secrétaire général à l’Elysée sous le président Jacques Chirac. Je sais également qu’il existe des obstacles, parfois difficiles, comme le travail de la Mémoire. Mais à chaque étape nous progressons ».
Citant la reconnaissance par la France des crimes commis à l’encontre de Maurice Audin et de l’avocat Ali Boumendjel, M. De Villepin a affirmé que « le président Emmanuel Macron a nommé un certains nombre de situations », précisant que « les crimes coloniaux ne peuvent pas être effacés, mais nous avons tous le devoir de les reconnaître. Mais, parfois, il faut des années pour établir la véracité de certaines situations et de certains faits ».
Jusqu’à présent, la ligne du président français n’est nullement celle que prône Dominique de Villepin. Au plus mal en matière de popularité, Emmanuel Macron est dans les symboles.
Les déclarations tenues par l’ancien premier français ne manqueront pas de faire jaser à Paris où le passé coloniale français en Algérie avec ses crimes et enfumades relèvent d’un complexe lourd à supporter. Surtout en pleine crise de la Nouvelle Calédonie. A Alger, cette déclaration est venue chatouiller l’orgueil de ceux qui font de la colonisation un fonds de commerce politique précieux à agiter quand les circonstances l’exigent.
A rappeler enfin que la commission mixte algéro-française des historiens se réunit cette semaine à Alger. La sortie de De Villepin ne manquera pas de corser les débats.
Synthèse Yacine K.