Chaque année l’Algérie enregistre des « départs massifs » de ses médecins vers l’étranger. C’est « une véritable saignée pour le système de santé et pour tout le pays », regrette, ce jeudi, le Professeur Rachid Belhadj, président du Syndicat national des professeurs et chercheurs universitaires, et directeur des activités médicales et paramédicales à l’hôpital Mustapha Pacha d’Alger (voir vidéo ci-dessous).
Les chiffres de départs massifs de médecins spécialistes algériens vers l’étranger sont effarants. « Rien que durant l’année 2022, nous avons recensé le départ de 80 hospitalo-universitaires entre radiologues, ophtalmologues, dermatologues, urologues et réanimateurs », révèle le professeur qui s’exprimait dans l’émission L’invité de la rédaction de la Chaine 3 de la Radio Algérienne. Une véritable perte pour le pays, déplore-t-il en notant que le comble est que l’Algérie transfère des malades à l’étranger pour se faire soigner par ces compétences qu’elle a elle-même formées.
Néanmoins plus de 1200 médecins algériens ont passé les épreuves de vérification des connaissances (EVC) pour pouvoir exercer en France. La liste des lauréats a été publiée vendredi 4 février 2022, où la majorité des lauréats sont de nationalité algérienne. En 2018, 1008 médecins algériens ayant participé aux épreuves de l’EVC pour entamer le processus de leur installation en France.
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C’est dire la saignée de cette corporation à la recherche d’un meilleur cadre de travail et de vie.
Le représentant des professeurs chercheurs plaide en faveur d’une réelle prise en charge des préoccupations de la corporation. « Il est temps de revoir le suivi des carrières et la formation de ce corps », insiste-t-il, en annonçant que des négociations sur le statut des hospitalo-universitaires ont été ouvertes, lundi dernier, avec le ministère de la Santé, pour améliorer les rétributions et l’organisation du travail.
Est-ce suffisant pour arriver à garder des spécialistes qui attendent beaucoup plus des autorités de ce pays ? Le problème dure maintenant à une trentaine d’années. Tous les ans médecins, ingénieurs et autres diplômés fuient (oui fuient) l’Algérie pour les raisons que tous les Algériens connaissent ! salaires bas, manque de considération, manque de moyens, incompétence à tous les niveaux, corruption… Pendant ce temps de nombreux pays, comme la France et le Canada héritent de ces compétences à moindre frais.
C’est dire qu’il faut faire bien plus que ces mesures timides annoncées par le département de la Santé pour garder nos médecins.
L. M.