25 avril 2024
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Condamnation de Kamira Naït Sid : défendre l’amazighité est-il un crime ?

Kamira Nait Sid

La main lourde de la justice algérienne dans le procès de Kamira Naït Sid, co-présidente du Congrès Mondial amazigh (CMA), vient de confirmer la politique anti-amazighe, menée en contre sens de l’histoire, par « l’Algérie nouvelle ».

Rappelons que le CMA est une ONG qui a été créée en 1995 par des associations culturelles amazighes de plusieurs pays, Algérie, Maroc, Tunisie, Libye, Niger, Îles Canaries et celles de la diaspora qui est particulièrement nombreuse en France. Cette ONG a pour but la défense et la promotion des droits politiques, économiques, culturels et linguistiques des Amazighs dans le monde. Des congrès sont tenus régulièrement dans les pays où vivent des peuples amazighs (Îles Canaries, Maroc et Tunisie) à l’exception de l’Algérie qui a toujours refusé de l’accueillir malgré de multiples demandes.

En 2008, le Tribunal de Tizi Ouzou a même été saisi en référé pour obtenir l’autorisation de la tenue de l’assemblée générale du CMA en Algérie, en vain. Rappelons également que cette organisation n’a jamais fait l’objet d’une interdiction formelle de la part des autorités algériennes et qu’elle avait été invitée officiellement à participer au Forum des ONG euro-méditerranéennes, organisé en 1999 à Tlemcen.

D’après ses avocats, le dossier judiciaire de Kamira Nait Sid est vide. Elle n’a fait qu’assumer les responsabilités pour lesquelles elle a été élue et l’essentiel des faits qui lui sont reprochés relève d’un fonctionnement normal d’une ONG de reconnaissance internationale.

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Avec cette peine lourde et des plus sévères dans ce procès inique, dépassant ainsi les peines habituelles pour délit d’opinion de cette justice répressive, Kamira Nait Sid est-elle victime, en sus de la répression de sa liberté d’expression de son féminisme militant, de la nouvelle politique adoptée envers le fait amazigh ?

À ce sujet, il est important de souligner l’incontestable régression dans la politique algérienne en direction de la réhabilitation de l’identité et de la langue amazighe depuis juin 2019.

Ainsi, l’Algérie qui était le premier pays d’Afrique du Nord à entamer la reconnaissance constitutionnelle de l’identité et de la langue amazighes est devenue le seul pays où l’emblème identitaire amazigh a été interdit et dans lequel le panarabisme idéologique exclusiviste fait un grand retour.

Outre la promotion et l’impunité d’un discours raciste anti-amazigh (notamment anti-kabyle), le tamazight, langue nationale et officielle, est délibérément occulté dans les annonces officielles d’événements organisés par l’Algérie, absent des nouveaux billets de banque, difficilement utilisable dans les tribunaux et oublié du financement de sa promotion dans la loi de finances 2023, ce qui impactera son enseignement de plus en plus aléatoire.

Il s’agit manifestement d’un recul sur les quelques acquis de cette cause, d’une atteinte grave à l’identité profonde et première de l’Algérie ainsi qu’à sa langue autochtone parlée par des millions d’Algériennes et d’Algériens.

Les droits fondamentaux de Kamira Nait Sid, femme de courage, militante de la cause amazighe et des droits des femmes, n’ont pas été respectés depuis le 24 août 2021, jour de sa disparition. Le mode de son arrestation en violation du Code pénal algérien et des traités internationaux, sa détention provisoire abusive et les graves chefs d’inculpation à son encontre, tombant sous le coup de l’article 87 bis, ont fait réagir le groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire.

Dans un avis publié le 1er octobre dernier, cet organisme de l’ONU, qualifiant Kamira Nait Sid de défenseuse des droits humains, avait jugé les accusations portées non fondées, sa détention non justifiée et a appelé le gouvernement algérien, conformément aux textes internationaux ratifiés par l’Algérie, à procéder à sa libération immédiate et inconditionnelle, en la réhabilitant dans ses droits avec réparation des préjudices subis.

Que cesse cette intolérable injustice et que Kamira Nait Sid retrouve au plus vite les siens et sa liberté pour continuer sa mission légitime de défense et de promotion du fait amazigh.

Liberté pour Kamira et pour tous.tes les détenu.e.s d’opinion !

Premières signataires :

 Sonia ABBES (militante des droits humains); Sanhadja AKROUF (militante féministe); Soad BABA AISSA (militante féministe); Malika BARAKA (militante RPK, membre du groupe « Action-détenus »); Tassadit BAOUZ (retraitée,  ancienne membre de la Fédération de France); Nora BELMOKHTAR (membre du Réseau Féministe « Ruptures »); Ouerdia BENMAMAR (militante des droits humains, Secrétaire Générale de Riposte Internationale); Monique DENTAL (présidente fondatrice du Réseau Féministe « Ruptures », ancienne militante pour l’indépendance de l’Algérie); Nacira DUTOUR (présidente du Collectif des Familles de Disparus en Algérie (CFDA)); Lila MANSOURI (militante des droits humains, présidente du Bureau de Paris-Riposte Internationale); Nadia MOKRANI (militante des droits humains-Riposte Internationale); Chafia OUTERBAH (militante démocrate); Fatiha RAHMOUNI (avocate , militante des droits humains); Atika SIDANE (militante des droits humains-Riposte internationale); Fatima TAGAOUA (militante FFS France -Nord)

5 Commentaires

  1. Très bonne initiative. Il faut indiquer aux personnes intéressées d’ajouter leur signature, comment vous joindre.
    Et étendre la pétition aux autres prisonniers qui sont tout aussi innocents.

  2. Quand sur ta terre natale ancestrale tu es interdit de vivre librement, opprimé dans son identité quotidiennement sur tous les plans en particulier l’absence de ta langue maternelle dans l’école et l’administration en plus de la misère économique et sociale, cela ressemble bien à une occupation avec sa politique colonialiste. Les Kabyles le savent que très bien et une prise de conscience collective commence à émergée vers la seule voie de l’indépendance qui de fait s’impose pour se libérer définitivement du colonialisme. La doctrine du pouvoir Algérien est connue, à l’endroit de la Kabylie elle est carrément fasciste mais savent ils seulement que toutes cette repression qui ne date pas d’aujourd’hui est le carburant de l’indépendance de la Kabylie. Les Kabyles ne vont jamais oublier vos injustices OULACH SMAH OULACH.
    FORCE ET COURAGE A TOUS LES MILITANTS DE LA LIBERTÉ VICTIME DU RÉGIME CRIMINEL ALGÉRIEN

  3. « Les droits fondamentaux de Kamira Nait Sid, femme de courage, militante de la cause amazighe et des droits des femmes, n’ont pas été respectés depuis le 24 août 2021, jour de sa disparition ». Nuance, depuis le 24 août 2021, jour de son ENLÈVEMENT par des barbouzes hors-la-loi aux ordres de la paire des haggarine Tebboune/Chengriha. Quant à la question qui est posée (titre de l’article), elle n’a qu’une seule et unique réponse: OF COURSE! De plus, depuis le 87-bis, de facto, défendre l’amazighité fait de vous un terroriste bon qu’à jeter au cachot pour aussi longtemps que possible sans nul besoin de la moindre preuve par la grâce d’une (in)justice du téléphone ayant vendu son âme aux diables d’El Mouradia et des Tagarins. De maa3za oua laou tarat, on passe à l’ère de terroriste même si tu incarnes son antinomie flagrante.WE ARE THE LAW est le message limpide que ces diables nous transmettent. À bon entendeur, salut!

  4. IDENTITE BERBERE AMAZIGH EST UNIQUE AXE CENTRALE DU AFRIQUE DU NORD QUI DERANGE IDEOLOGIE CRIMINEL ARABO-ISLAMIQUE QUI IMPOSE PAR CES PIRES BATARDS DES OUMAYADES QUI RESSEMBLES A DES CRIQUETS OU ILS PASSENT RIEN QUI POUSSENT

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