Le journaliste et détenu d’opinion, El Kadi Ihsane, a été condamné aujourd’hui, 02 avril 2023, par le tribunal de Sidi M’hamed, Alger, à 05 ans de prison dont 3 ans de prison ferme et à 700 000 dinars d’amende.
Dans la foulée de cette terrible mais prévisible condamnation, le tribunal a également prononcé la dissolution de la société Interface Media, la confiscation des biens saisis et 10 millions de dinars d’amende à l’encontre de la personne morale et un million de dinars de dommage et intérêt au profit de l’Arav.
Le parquet près le tribunal de Sidi M’hamed, Alger avait requis à l’encontre du journaliste El Kadi Ihsane 05 ans de prison ferme assortis d’une amende de 700 000 dinars avec la confiscation de ses biens et ses fonds ainsi que 05 ans de privation de fonction publique dans le domaine objet de poursuites et 10 000 000 dinars d’amende à l’encontre de la personne morale, l’entreprise qui dirige l’interface médias, éditrice de Radio M et de Maghreb-Emergent.
La partie civile, en l’occurrence l’ARAV, représentée par Amar Benjedda, a demandé 2 000 000 dinars de dédommagement. Une partie civile instruite qui ne savait de quoi il s’agit jusqu’à confondre son rôle en exigeant « une amende », pas un dédommagement.
Tout en observant le silence et à ne pas répondre aux questions du juge, Kadi Ihsane a accusé, lors de son procès, Abdelmadjid Tebboune, qui l’a diffamé et qui n’a pas respecté le principe de la présomption d’innocence. C’est l’une des raisons motivant sa position d’observer le silence et celle des avocats de la défense en décidant de boycotter l’audience et en adoptant le principe de rupture.
À la veille de son procès, le journaliste Kadi Ihsane a tenu à partir de sa cellule, à la prison d’El Harrach, de réitérer sa position, déjà exprimée le 12 mars 2023, la date initiale prévue de son procès avant son report, d’observer le silence lors de son déroulement.
Ses avocats ont également rappelé leur position de principe de boycott de l’audience et cela, à cause de l’absence des conditions d’un procès équitable en s’appuyant sur les violations flagrantes constatées et commises à l’endroit du journaliste et à son droit à la défense tout au long de la procédure، depuis son arrestation jusqu’à son emprisonnement.
Le procès du journaliste Kadi Ihsane, détenu à la prison d’El Harach depuis la fin de décembre 2022, au niveau du tribunal de Sidi M’Hamed, à Alger.
Il a bénéficié, lors de son procès le 26 mars, d’un non-lieu partiel décidé par le juge d’instruction près de ce tribunal, en abandonnant les charges criminelles et ne retenant que le délit en lien avec les articles 95 et 95 bis du code pénal.
Son procès prévu le 12 mars 2023 a été reporté afin de permettre son extraction et la présence de toutes les parties impliquées dans le dossier. Il ne s’attendait pas qu’il allait être jugé via Skype et il a fait savoir à la juge : « Je ne m’attendais pas que j’allais être jugé à distance, mais je vous réitère ma décision de boycotter le procès et de faire grève de parole ».
Le rapport du département d’Etat américain, rendu public le 20 mars, s’est montré très critique sur la situation des Droits de l’Homme en Algérie, sur le recours abusif à la détention provisoire et sur la répression qui s’abat sur les journalistes, les défenseurs des droits humains et sur les associations et les partis politiques portant une voix divergente avec celle du régime.
La partialité de cette justice n’est plus à démontrer et ce n’est qu’un simulacre d’un procès, dont l’issue est déjà connue. Les faits sont là pour le prouver.
Les collectifs de défense national et international énumèrent dans deux déclarations distinctes toutes les violations et les atteintes entachant ce procès, de l’arrestation en passant par la détention arbitraire et la mise sous scellés des locaux de Radio M et Maghreb-Emergent jusqu’aux manœuvres de la chambre d’accusation et à la campagne médiatique calomnieuse orchestrée et organisée en plus haut niveau de l’Etat.
Le directeur du pôle éditorial interface médias, Radio M et Maghreb-Emergent, Ihsane El Kadi, a été arrêté dans la nuit du 23 au 24 décembre chez lui à Zemmouri, dans la wilaya de Boumerdes, aux environs de minuit 30′, par six éléments en civil appartenant à la Direction Générale de la Sécurité Intérieure ( DGSI).
Il a été conduit aux locaux de la caserne Antar, le centre opérationnel et d’investigation situé à Ben Aknoun, à Alger.
Il avait reçu deux heures auparavant un appel téléphonique des éléments de la DGSI le sommant, comme la dernière fois, le 27 novembre 2022, de se présenter à leurs locaux à Antar. Kadi Ihsane leur a expliqué qu’il se trouvait en dehors d’Alger et il serait impossible de répondre à leur « invitation ».
Six éléments de cet organisme militaire à bord de deux véhicules se pointent par la suite chez lui, à Zemmouri, et lui demander de les suivre. Depuis, il n’en est pas ressorti.
H. A./Cnld