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Conférence de Berlin sur la Libye : un manque flagrant de fermeté 

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Conférence de Berlin sur la Libye : un manque flagrant de fermeté 

Les participants à la conférence de Berlin pour une sortie de crise en Libye, ont appelé, dans leur déclaration finale, «à pérenniser la trêve », à arrêter les attaques contre les champs pétroliers, à former des forces militaires libyennes unifiées, et à respecter l’embargo sur les armes.

Ce sommet, qui a réuni dimanche 19 janvier des délégations de onze Etats et de quatre organisations internationales – Nations unies (ONU), Union européenne (UE), Ligue arabe et Union africaine (UA) –, s’est conclu par l’adoption de cette  déclaration commune dans l’espoir d’un apaisement sans circonscrire avec précision les lignes rouges à ne dépasser par les belligérants.

En effet, les deux principaux rivaux du conflit, à savoir Fayez El Sarraj, premier ministre du Gouvernement d’Accord National (GAN) reconnu par la communauté internationale et le Marechal Khalifa Haftar qui contrôle plus de 80% du territoire Libyen et dont les troupes sont aux portes de Tripoli ont refusé de se rencontrer.

A plusieurs reprises déjà lors de cette rencontre de dimanche, le maréchal a tenté de gâcher la fête, chère à la chancelière allemande en sortant de la salle en choisissant le moment des tentatives de rapprochement avec son concitoyen du GAN comme il l’a fait le 13 janvier à Moscou en quittant cette capitale sans signer un projet de cessez-le-feu qu’ont concocté les Russes et les Turcs, au demeurant sans conviction.

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Même les deux initiateurs de cette conférence, Angela Merkel et Antonio Guterres ont été modestes dans leur conférence de presse en qualifiant l’événement «d’un petit pas en avant » alors que le maréchal Khalifa Haftar a asphyxié sans rival en s’emparant des champs pétroliers bloquant les exportations au profit du GAN qui est actuellement en grandes difficultés.

De l’autre côté, la veille soit le samedi 18 janvier, l’Union européenne (UE) a mis en garde la Turquie contre tout forage illégal d’hydrocarbures en Méditerranée orientale, notamment dans les eaux de Chypre, avant l’ouverture de cette conférence internationale de Berlin le lendemain pour tenter de pacifier la Libye. Le ministère turc des Affaires étrangères a pourtant annoncé dimanche l’arrivée d’un bateau, le Yavuz, au sud de l’île pour y mener des activités de forage. 

«Tous les membres de la communauté internationale doivent s’abstenir de toute action susceptible de porter atteinte à la stabilité et à la sécurité régionales», a rappelé le porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell dans son communiqué et de poursuivre « l’intention de la Turquie de lancer de nouvelles activités d’exploration et de forage dans l’ensemble de la région va malheureusement dans le sens opposé ».

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, prenant la parole lors de cette conférence de Berlin, a rejeté les « ultimatums » de l’Union européenne. Il a rappelé que la Turquie abritait quelque quatre millions de réfugiés, en majorité syriens, et qu’elle pourrait leur ouvrir les portes vers l’Europe. Une menace qu’il brandit à chaque fois face à l’UE.

Il a montré ainsi et il ne le cache pas que l’implication turque dans le conflit en Libye est dictée par des facteurs géopolitiques et par des motivations d’ordre économique.

Ainsi, des gisements d’hydrocarbures en Méditerranée orientale aiguisent l’appétit de la Turquie mais aussi celui d’autres pays riverains comme la Grèce, l’Egypte, Chypre et Israël. Rappelons par ailleurs que la Tunisie dont son président Kais Saied à reçu dans la soirée du dimanche à l’issue de cette rencontre à Berlin un appel téléphonique du président français Emmanuel Macron  qui lui a fait part qu’il comprenait la position de son pays d’être absent à cette conférence pour avoir reçu l’invitation à la dernière minute.

Est-ce un désaveu du président français de sa collègue allemande ? Toujours est-il Kaïs Saïed lui a rappelé que la Tunisie est le pays le plus touché par la situation en Libye compte tenu de sa position géographique indiquant que cette guerre a un impact direct sur la situation en Tunisie sur tous les plans et essentiellement sur le plan sécuritaire. Maintenant sur le plan diplomatique le ministère des Affaires étrangères Tunisien a annoncé la non-participation officielle de la Tunisie à la conférence de Berlin prévue dimanche 19 janvier en raison de l’invitation trop tardive ainsi que de la non-participation aux réunions préparatoires de la conférence qui se tiennent depuis plus de quatre semaines. Pourtant, la solution efficace de l’avis de nombreux observateurs ne pourrait venir que des pays frontaliers de Libye : Egypte, Algérie, Tunisie. Les autres se préoccupent plutôt des leurs.
 

Auteur
Rabah Reghis

 




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