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Contre l’intolérance et l’inquisition : soutien à Saïd Djabelkhir

SOLIDARITE

Contre l’intolérance et l’inquisition : soutien à Saïd Djabelkhir

En condamnant Saïd Djabelkhir, chercheur islamologue à trois ans de prison, le régime algérien et sa justice s’illustrent une nouvelle fois par la répression, l’intolérance et l’arbitraire.

Pour avoir émis une réflexion sur l’Islam, il se retrouve poursuivi et livré à la justice par une bande d’individus pour « atteinte aux préceptes et rites de l’Islam, susceptibles d’ébranler la foi des musulmans ». Bien évidemment, ces individus n’ont pas été capables de lui répondre par un écrit, préférant se réfugier derrière la justice et entériner de fait le refus de tout débat public sur l’islam, faisant régner la loi des charlatans au détriment du savoir et de l’intelligence. 

Après la cabale contre Yacine Mébarki, voilà que Saïd Djabelkhir est à son tour victime de cette nouvelle chasse aux sorcières. Dès lors, dénoncer les dérives de la pensée unique, et les collisions du système mafieux avec les salafistes- Soutenir Saïd Djabelkhir, Yacine Mébarki, la minorité chrétienne, les Ahmadis, et toutes les victimes de l’obscurantisme et de l’inquisition sont des devoirs de vigilance et de citoyenneté.

Ainsi la justice algérienne a retenu une plainte d’un groupe de personnes qui s’autoproclame défenseur de la morale et omniscient de la religion. La question qu’il faut se poser est de savoir sur quels arguments les autorités judiciaires ont-elles jugé recevable la plainte venant de citoyens sur une question relevant du débat public ? Au nom de quelle loi, quel principe M. Djabelkhir n’aurait-il pas le droit d’émettre un avis sur l’islam qui est du reste son domaine de compétences ?  Ce qui dans des pays « normaux » relève du débat public est assimilé chez nous à un délit !!!!!       

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L’islam serait-il devenu une propriété privée et qu’on a décrété que cette religion n’est pas soumise au débat à la réflexion. L’islam est une religion vieille de près de 14 siècles. Depuis son avènement, en 610 de notre ère, elle a toujours fait l’objet de débats, de publications, de réflexions d’analyses à la fois par les penseurs, juristes, universitaires, philosophes que par de simples citoyens. Ni l’intolérance ni la violence, ni les menaces ni parfois les exécutions de penseurs et de chercheurs ne sauraient empêcher le débat sur l’islam et de toute autre question sociétale.

Encore une fois la médiocrité, le fanatisme et le dogmatisme l’emportent sur la rationalité, l’intelligence et le savoir. Comme le rappelait précisément Mr Saad Djabelkhir, au-delà du procès qui lui est intenté c’est aux chercheurs, aux penseurs que l’on s’en prend. C’est une digue dressée contre la pensée et la rationalité pour préserver l’instrumentalisation de l’Islam et le commerce du fanatisme ambiant.   Il faut rappeler que ces mêmes personnages qui s’érigent en gardiens des valeurs islamistes, ont aussi déclaré que Yennayer (jour de l’an Amazigh est Haram). Rien que ça, ça paraîtrait ridicule si ce n’est le côté tragique.  

Ce tintamarre médiatique et ce procès sont autant de moyens de dissuader tous ceux et celles qui seraient tentés de débattre, de discuter, bref de repousser le dogmatisme et la pensée Salafiste, encouragée et soutenue par le pouvoir en place. Il est établi, et ce cas de Djabelkhir en est une nouvelle preuve de la collusion étroite entre les pouvoirs qui se sont succédé en Algérie et les salafistes. En réalité et depuis 1962, ce sont les deux faces de la même médaille. 

En effet, en livrant la société et l’école à l’islamisme, en imposant un islam rigoriste dans sa version la plus totalitaire, en imposant le code de la famille réduisant les femmes à des mineurs à vie, en érigeant une police des mœurs et de la morale, ce sont autant de gages que le pouvoir donne aux islamistes. Le deal de l’accord tacite entre le pouvoir et les Salafistes consistant en un marché de dupes : je vous livre la société et l’économie trabendisée et je garde le pouvoir.

Au lieu de s’évertuer à gérer les consciences, le pouvoir Algérien aurait été plus inspiré de gérer le pays et de s’inquiéter des dérives menaçant les fondements même de l’État, plutôt que de fracturer et de saper les fondements du pays.  Le patriotisme aurait amené les dirigeants à rassembler les Algériens, de jeter les bases d’un projet démocratique et de consolider la cohésion nationale. 

Mais l’espoir ne viendra certainement ni de ce régime finissant qui n’a rien à offrir aux algériens-nes, si ce n’est celle de gagner du temps et de faire du sur place, ni des salafistes qui ont été de tous temps les sous-traitants du régime. L’avenir appartient à ses millions d’algériens de toutes classes et de toutes générations qui se sont soulevés dignement et finiront par imposer l’alternative démocratique. Celle d’un État civil et non militaire restituant la parole au peuple pour reconstruire leur pays sérieusement abîmé par près de 50 ans de gabegie, de dogmatisme, de fanatisme, et de démagogie. 

Les écrits de M. Saïd Djabelkhir, la poésie de Md Tajadit, les chants du groupe de Ishem- Iwal de l’Aurès, de Chibane, les articles de Drareni, les combats de Dalila Touati, de Amina Bouraoui, de Yacine Mébarki et de tant d’autres sont les prémisses de cette nouvelle Algérie plurielle, diverse, démocratique, universaliste qui triomphera d’un régime condamné par l’histoire.

À Marseille le 18/04/2021

Le Collectif pour une alternative démocratique et sociale (CADSA) Marseille

 




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