La représentante du gouvernement allemand pour les droits de l’homme dénonce la situation en Égypte, alors que le pays accueille à partir de dimanche la Cop27. Plus de 40 000 détenus d’opinion croupissent dans les geôles égyptiennes depuis l’arrivée du maréchal Al Sissi au pouvoir suite à un coup d’Etat.
Peut-on raisonnablement parler de la planète dans un pays où les violations des droits humains sont quotidiens ? La tenue de la Cop 27 dans un pays où le respect du vivant est inexistant renseigne sur le fond de ces messes où experts et chefs d’Etat dissertent sans lendemains.
Cependant, cette fois, garder le silence sur les violations des droits humains pendant qu’on glose sur la planète relève d’une hypocrisie sans nom. Ce que dénonce la représentante du gouvernement allemand. D’autres devraient avoir le courage de lui emboiter le pas.
« La situation des droits de l’homme en Égypte n’est pas à la hauteur » de la «responsabilité particulière » de ce pays qui accueille à partir de dimanche la Cop27, a critiqué la représentante du gouvernement allemand pour les droits de l’homme, selon l’AFP. Pas moins 27 journalistes sont en prison pour leurs écrits. Des milliers de citoyens sont embastillés et les libertés mises sous cloche.
Elle demande notamment la libération du journaliste et activiste Alaa Abdel Fattah et de son avocat Mohammed El Baqer.
« Ce n’est que par un échange ouvert d’idées et d’approches que nous parviendrons à maîtriser la crise climatique », souligne la représentante du gouvernement allemand Luise Amtsberg, dans un communiqué.
« En revanche, lorsque la peur de la répression prédomine, l’engagement de la société civile ne peut pas exister à long terme », avertit le communiqué diffusé avant l’ouverture de la COP27 dimanche.
Soulignant que « l’Égypte assume une responsabilité particulière et un rôle de leader en organisant cette conférence », Berlin estime que cela « signifie aussi et surtout assumer la responsabilité de la protection des droits de l’homme ».
« Or, la situation des droits de l’homme en Égypte n’est pas à la hauteur ».
Avec 107 exécutions enregistrées en 2020, l’Égypte est devenue le troisième pays avec le plus grand nombre d’exécutions au monde. En 2021, ce rythme terrifiant s’est poursuivi avec pas moins de 83 exécutions connues, y compris à la suite de procès manifestement inéquitables comme on en voit dans les dictatures.
« Inacceptable »
L’Allemagne juge « inacceptable que des personnes qui veulent exprimer librement leur opinion et qui défendent ce droit soient punies par de longues peines de prison, parfois dans des conditions inhumaines ».
Le communiqué cite le cas d’Alaa Abdel Fattah, figure centrale de la « révolution » ayant mis fin au règne d’Hosni Moubarak en 2011 : il est détenu depuis 2019 et a été condamné fin 2021 à cinq ans de prison pour diffusion de « fausses informations ».
« La libération de M. Fattah, qui court un grave danger en raison de sa grève de la faim, ainsi que celle d’autres prisonniers politiques, serait un signe important que l’Égypte prend cette responsabilité au sérieux », souligne l’Allemagne.
Plusieurs campagnes internationales pour les droits humains ont été lancées à l’approche de la Cop27 à Charm el-Cheikh en Égypte, un pays régulièrement pointé du doigt pour avoir muselé opposition, presse et réseaux sociaux.
L’Egypte occupe la 166e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.
Près de 200 pays se réunissent du 6 au 18 novembre pour la 27e conférence de l’ONU sur le climat. Les droits humains, donc ceux du vivant, y seront-ils sacrifiés sur l’autel de discussions oiseuse sur une planète ?
L.M.
Et combien de prisonniers d’opinions en Algérie ?