Au vu d’une actualité oppressante et alarmiste, élevons-nous un peu et permettons-nous une pause pour retracer les grandes étapes qui ont marqué la conquête spatiale.
Nous sommes en 1958, en pleine guerre froide, l’URSS vient de réussir l’exploit d’envoyer un homme, Yuri Gagarine, dans l’espace et le ramener sain et sauf sur terre.
Les Soviets venaient d’humilier l’Amérique. Côté Est, ce furent des journées de jubilation sans pareille.
Le 12 octobre 1960, Nikita Khrouchtchev, au pouvoir à Moscou depuis 1953, fait le voyage en bateau jusqu’à New York, en tant que représentant de l’URSS pour participer à l’Assemblée générale des Nations unies.
Pour mieux montrer au monde la suprématie soviétique, et excédé par le discours du délégué philippin « fustigeant la tutelle de Moscou sur les pays de l’Est », Nikita Sergueïevitch Khrouchtchev retire une de ses chaussures pour frapper son pupitre avec le maximum d’effet en accompagnant son geste d’un niet ! niet ! niet ! catégorique.
Pour les USA, c’en était trop. Il fallait combattre l’ennemi sur le front spatial.
Le 5 mai 1961, Shepard pilote la mission Mercury-Redstone 3 et devient le premier Américain à voyager dans l’espace.
La fabuleuse conquête spatiale venait d’être lancée.
Le 12 septembre 1962, le président John Fitzgerald Kennedy prononce un discours sur l’effort américain dans le domaine spatial. Un discours qui restera gravé dans la mémoire collective américaine lorsque JFK expliquera pourquoi les États-Unis vont se rendre sur la Lune « non pas parce que c’est facile, mais bien parce que c’est difficile ». Il prend alors le pari d’envoyer un homme sur notre satellite et de le ramener sur terre avant la fin de la décennie 1960.
Pari réussi ! puisque Neil Armstrong pose le premier pas sur la Lune le 21 juillet 1969, prononçant sa célèbre phrase “un petit pas pour l’Homme, un pas de géant pour l’humanité”.
Entre l’URSS et les USA les rôles sont désormais inversés. Il le demeure à ce jour, la Russie étant à la traîne.
L’on connaît la suite, puisque d’autres missions sur la lune ont été accomplies par les Américains durant la première moitié de la décennie 1970.
Rappelons qu’en ces temps où notre pays jouissait encore des bonnes grâces du monde, y compris de la part des USA, nous avions eu droit à une exposition de roches lunaires à la Bibliothèque nationale d’Alger.
Retracer toutes les épopées de la conquête spatiale en une seule chronique est un pari perdu d’avance. Contentons-nous de rappeler l’essentiel.
Le premier satellite géostationnaire, Syncom 3, a été lancé le 19 août 1964.
Plus de 300 satellites sont en orbite géostationnaire dont au moins 90 % sont des satellites de télécommunications. C’est grâce à ces satellites que les chaînes télés sont diffusées à travers toute la planète et que le GPS est devenu un outil incontournable de navigation terrestre et maritime.
12 avril 1981, premier vol spatial d’une navette (STS-1) : lancée de Cape Canaveral, Columbia effectue 36 révolutions autour de la Terre avant d’atterrir à Edwards le 14 avril ; la mission a duré 2 jours, 6 heures, 20 minutes et 53 secondes.
Depuis, une série de plusieurs autres navettes, avec chacune une mission précise, ont été construites.
Mais c’est sans doute l’observation de l’espace avec des télescopes de plus en plus performants qui suscite l’engouement du grand public.
En 1990, on observe les premières exoplanètes grâce au radiotélescope d’Arecibo. Elles gravitent autour du pulsar PSR B1257+12 situé dans la constellation de la Vierge. Ce système abrite quatre exoplanètes.
Au 1er juillet 2021, 4 777 exoplanètes ont été confirmées dans 3 534 systèmes planétaires, dont 785 systèmes planétaires multiples.
De nos jours, on découvre en moyenne une exoplanète par jour.
Ces avancées remarquables ont été rendues possibles, notamment grâce au télescope Hubble lancé en 1990, et encore opérationnel, non sans avoir subi quelques ajustements et autres améliorations au fil du temps.
Ce 30 janvier 2022, le télescope James Webb vient d’atteindre sa destination finale, mais sa moisson d’observations ne sera effective que dans 6 mois environ.
Qu’attend-t-on de nouveau de cette misison ?
- Détecter la lumière des premières galaxies, apparues peu après le Big Bang.
- Étudier la formation et l’évolution des galaxies.
- Mieux cerner la naissance des étoiles, ainsi que les exoplanètes.
- Mieux comprendre notre propre système solaire.
Avec un pouvoir de résolution cent fois supérieur à Hubble, James Webb sera capable d’analyser l’atmosphère des exoplanètes les plus proches (quelques années-lumière quand même !) et détecter la présence éventuelle de vapeur d’eau, et pourquoi pas de traces d’éléments biologiques ?
Pour autant, ces analyses répondront-elles à la question qui taraude l’homme depuis qu’il lève les yeux vers le ciel avec une curiosité, souvent mêlée d’effroi “sommes-nous seuls dans l’Univers ?”. Cela dépend de ce que l’on entend par cette question. S’il s’agit de renvoyer à l’homme sa propre image, d’aucuns seront certainement déçus. James Webb ne nous enverra pas de clichés d’ET. Mais si l’on admet que le moindre petit microbe suffit pour nous convaincre que la vie existe bel et bien ailleurs que sur Terre, il sera permis d’extrapoler que des formes de vie plus complexes et peut-être bien plus intelligentes que l’Homo-Sapien doivent se balader quelque part dans la voie lactée, laquelle contiendrait plus de 200 milliards d’exoplanètes.
Il n’est donc pas interdit de rêver !
Nous reviendrons sur ces considérations en temps opportuns !
Kacem Madani