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Dédicace… au régime algérien

TRIBUNE

Dédicace… au régime algérien

Si j’emploie le mot «régime», en dépit de son caractère abscons, c’est qu’il n’y en a pas un autre pour désigner le gouvernement et à sa tête le président de cette République qui n’aura jamais été ni démocratique ni populaire ! Et si j’emploie expressément ce terme de «régime», c’est que l’Algérie n’en a toujours pas changé. 

Promettre le changement, tout en enfermant des citoyens coupables d’avoir réclamé justice et liberté, cela signifie que le régime s’est simplement contenté d’un clonage qui ne trompe personne, sinon l’attentiste de tous bords. 

Le régime croit avoir retenu les leçons de Machiavel : 

il se croit machiavélien, il n’est que machiavélique.

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Or, le citoyen, qui a fini par le comprendre, n’est plus à duper : 

il sait désormais que lorsque le régime montre du doigt 

la main de l’étranger, c’est pour empêcher le même citoyen 

de voir ce que cache la main qui montre !

Ici, la métaphore du doigt qui montre la lune n’est plus qu’un leurre. 

En l’occurrence, depuis le 22 février 2019, c’est le doigt que le citoyen préfère regarder, car c’est le doigt d’une main d’aigrefin dans un gant aux couleurs nationales. Quand on connaît l’amour de l’Algérien pour son drapeau, on pense qu’il suffit d’envelopper un mensonge dans une couverture aux couleurs nationales pour que ce mensonge apparaisse drapé de toutes les vertus de la vérité ! 

Pendant que les membres des gouvernements précédents montraient du doigt la main de l’étranger, les mêmes tiraient parti de l’autre main du même étranger : en France, en Suisse ou dans quelque paradis fiscal ! 

Aujourd’hui, l’avènement du Corona qui a quasiment coïncidé avec l’avènement d’un nouveau pouvoir n’est qu’une ruse de l’Histoire. 

Le 22 février 2019, le destin du pays avait atteint un point de non-retour : « Notre salut est un et notre délivrance est une », disait solennellement la Proclamation du 1er novembre 1954.  

Non, rien n’est redevable à ce régime ! Pas même le respect, parce qu’il en a manqué lui-même à l’égard du citoyen et de la citoyenne. Voilà pourquoi la désobéissance civile risque de devenir demain un droit et un devoir : le citoyen ne fait que réclamer le respect des engagements de Novembre, comme ceux du congrès de la Soummam ! Et si le régime n’a toujours pas intériorisé ces engagements, les voici pour mémoire :

1er novembre 1954

(Extrait de la Proclamation du déclenchement  de la Guerre d’indépendance) :

«Notre salut est un et notre délivrance est une… Peuple algérien, pense à ta situation humiliante (…), à la condition de misérable surexploité par une classe dominante et égoïste qui ne cherche que son profit. Si à tous ces malheurs il faut ajouter la faillite de tous les partis politiques qui prétendaient te défendre (…) »

13 août 1956 

(Extrait de la charte du Congrès de la Soummam) :

« La Révolution algérienne veut conquérir l’indépendance nationale pour installer une république démocratique et sociale garantissant une véritable égalité entre tous les citoyens d’une même patrie, sans discrimination ».

Comment les gouvernements précédents n’en avaient jamais ressenti de honte, face ces mots qui semblent dater de leur temps : « Peuple algérien, pense à ta situation humiliante (…), à la condition de misérable surexploité par une classe dominante et égoïste qui ne cherche que son profit ! »

Je vous le dis ouvertement, gens du gouvernement : maintenir en prison des citoyens et des citoyennes qui n’auront fait que demander justice et appeler à une Algérie « démocratique et sociale », c’est comme si les mots ci-dessus, ceux du 1er novembre 1954, s’adressaient aujourd’hui à vous ! 

N’est-ce pas la pire des hontes qui vous poursuivra tant que vous n’aurez pas rendu justice au peuple et la liberté aux détenus.es du Hirak.

Auteur
Salah Guemriche

 




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