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La femme et ses bourreaux 

REGARD

La femme et ses bourreaux 

Faire taire une femme est insuffisant, la cloîtrer entre quatre sombres murs, ce n’est pas trop, la voiler, c’est encore chouia, et même l’assassiner, c’est peu, car les index des bourreaux la suivront même dans son caveau. 

Sous d’autres cieux, la femme est une égérie et une muse, mais chez nous, elle est associée à la ruse. Même intelligente, elle est obtuse. Pour les ignares qui diffusent, tous les mensonges qui l’accusent voient même dans ses cheveux soyeux des serpents semblables à ceux de Méduse. 

Tinhinane Laceb a succombé à ses blessures, elle est partie avant l’heure, ses deux filles, ces deux fines fleurs, à qui vont-elles crier leur immense douleur ? 

Qui les élèvera dans le maternel amour ? 

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Dans quels bras vont-elles verser leurs pleures ? 

De quoi vont-elles rêver dans leur lit sans chaleur ? 

Certes, on jugera et condamnera le tueur, mais y a-t-il réellement qu’un seul tueur ? 

L’école est ses cours, la mosquée et ses prêcheurs, les médias et leurs discours, la société et ses réflexes pour le soi-disant honneur, sont tous des tueurs.

Si on doit juger, ne doit-on juger que le bourreau ? 

Que celui qui a saisi la hache de l’exécution ?  

Non, ces crimes sont prémédités, ils sont enseignés, prêchés et bénis. 

Tant que ne demeureront dans cette voie, tant que la femme restera sans voix, tant que ce sont les despotes qui imposeront leurs lois, tant que les ignares parleront au nom du tout-puissant, d’autres Tin Hinanes suivront, d’autres enfants pleureront chaque fois que du cimetière nous revenons. 

« La femme représente la pierre angulaire » ou encore « le paradis est sous les pieds des mers », chantent sur tous les toits ceux qui la font taire. Rien que de l’hypocrisie dans leurs paroles et leurs discours, même les aguicheurs et les violeurs appellent leurs victimes par « Sœurs ».

Le drame, c’est que même certaines femmes se liguent contre d’autres femmes. Elles justifient le crime pour conquérir l’estime de ceux qui les briment, elles croient à leurs éloquentes maximes et que c’est réellement la loi de l’être suprême. 

Non, tout ce qu’il raconte ce déraisonnable ne sont que des fables. Tu n’es pas un être faible ni l’amie du diable. Pour ses pulsions minables, tu n’es nullement coupable. Ce charme et cette beauté agréables sont un cadeau de cet être louable.

Secoue tes vêtements de la poussière et du sable et dis-lui : As-tu oublié que tu es né des entrailles d’une femme qui me ressemble, minable ?

Auteur
Rachid Mouaci

 




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