Les propriétaires des locaux à usage commercial et de service et des immeubles privés à usage commercial et d’habitation situés dans la zone de glissement de terrain du centre-ville de Ain El Hammam, dans la wilaya de Tizi-Ouzou, sont sur les dents.
Leurs biens visés par une décision de démolition, prise par l’État, viennent de recevoir l’ordre officiel d’évacuer les lieux, à partir de dimanche 16 octobre 2022. Une décision que tous les propriétaires ont refusé de signer.
Sont concernés par cette décision un groupe de 26 immeubles dont 14 construits dans le cadre d’une convention APC- CNEP et neuf blocs où sont localisés 28 locaux à usage commercial appartenant à des particuliers. Tous ont des justificatifs. Ils n’appartiennent pas à ce qu’on appelle communément aux constructions illicites.
Au total, ce sont 310 locaux commerciaux et 128 logements APC/Cnep en plus des habitations situées au niveau des neuf immeubles privés qui sont concernées par cette décision prise par le ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville. Ce dernier a ordonné aussi la réalisation d’une étude pour le confortement du boulevard Amirouche et toutes la zone de glissement localisée au centre-ville de Ain El Hammam.
Dans sa réponse à un élu, lors de la session ordinaire de l’APW de la semaine dernière, le wali annonçait déjà cette perspective.
Le chef de l’exécutif était catégorique, la démolition des immeubles classés « rouge » est la seule solution viable pour parer à tout danger sur la vie des occupants de ces espaces habités et commerciaux.
Tout en alertant sur le caractère irréversible du glissement de terrain, Djillali Doumi, wali, insistera sur l’urgence de procéder à l’évacuation des occupants de toutes ces bâtisses en question avant de procéder à leur démolition.
Dans son intervention, le wali s’est dit disponible à prendre en charge « des cas qui auraient été oubliés » dans le cadre de l’opération de relogement des résidents évacués. « Je suis prêts à procéder un autre recensement pour intégrer les personnes qui seraient oubliées dans le décompte précédent », dira Djillali Doumi, selon Le Soir d’Algérie.
S’agissant de l’indemnisation des propriétaires des locaux commerciaux se trouvant dans la zone affectée par le mouvement du sol, le chef de l’exécutif a annoncé qu’il est prêt à agir auprès des autorités centrales, dans la limite de ses prérogatives et de la réglementation pour une solution éventuelle (indemnisation ou recasement), rapporte encore le même journal.
Cependant cette déclaration par ailleurs évasive ne convainc aucun concerné à Aïn El Hammam. Car elle ne contient aucune solution concrète claire et précise pour ces « sinistres ».
« Nous voulons être indemnisés au juste prix »
Si les déclarations du wali laissent entrevoir une mince lueur d’espoir pour les propriétaires de locaux commerciaux APC-CNEP, il en va autrement pour les propriétaires d’édifices privés à usage résidentiel et commercial.
Pour Rachid, cardiologue dont le cabinet est situé dans l’un de ces bâtiments dits publics, et qu’il a acquis il y a plus d’une vingtaine d’années, rapportent nos confrères « les propriétaires des locaux situés dans les immeubles APC-CNEP ne demandent qu’une chose : être indemnisés au juste prix ou recasés dans des conditions convenables ».
Cachant difficilement leur détresse et leur colère, les propriétaires privés des édifices à usage commercial et d’habitation ne veulent pas céder au fait accompli de la démolition de leurs biens, se déclarant prêts à repousser cette option « même au prix de leurs vies ». C’est dire que la situation est explosive.
Dans ses déclarations recueillies par nos confrères du Soir d’Algérie, Lyazid Benyahia, coiffeur et propriétaire d’un local situé dans une bâtisse privée de plusieurs étages, se dit prêt à toutes les éventualités pour défendre ce qu’il considère comme l’investissement de tout une vie et le gagne-pain pour lui et les autres pères de familles qui travaillent avec lui.
« Je n’accepterai jamais la démolition de mon locale même si je dois mourir ou être emprisonné », dira le jeune coiffeur pour qui l’opération de démolition qui se profile est « une véritable tragédie » sur le plan économique et humain.
« Ce local représente mon passé et mon avenir. Où vais-je aller si on me force à évacuer cet atelier qui fait vivre plusieurs familles ? », s’interroge-t-il. Une colère et une angoisse que partagent tous les commerçants de cette ville qui a connu déjà une évacuation d’autorité de locaux commerciaux en 1973. Sans que les commerçants ne soient indemnisés.
La détresse est perceptible aussi dans les propos de T. Sidi Saïd, propriétaire d’un magasin de meubles qu’il exploite dans un local situé dans l’une des 9 bâtisses familiales de plusieurs niveaux se trouvant à l’extrémité ouest du boulevard Amirouche.
« Trois générations, mon père, moi-même et mon frère et nos enfants ont participé à la construction de l’immeuble que nous avons entamé dans a la fin des années 1970 sur un terrain que nous avions acheté en 1973. Nous nous sommes privés de tout pour bâtir cette demeure où vivent ma famille et celle de mon frère », a-t-il confié.
« Il faut situer les responsabilités »
Ancien menuisier converti en marchand de meubles, le septuagénaire se dit prêt à user de toutes ses forces pour empêcher la démolition de sa propriété.
« Je préfère mourir que d’accepter cette injustice », jure-t-il. « Je n’accepterai ni recasement ni indemnisation », finira-t-il par lâcher dans un soupir de colère et d’une détresse mal contenue, avouant que même sa femme souffre comme lui à en perdre le sommeil à cause de la situation qu’ils vivent.
« Aussi, suggère-t-il encore, il faut trouver des solutions aux eaux pluviales et de ruissellement provenant des hauteurs de la ville et qui se déversent dans cette zone s’infiltrant dans le sol en raison de la défectuosité du réseau d’assainissement »
« Ces eaux constituent un facteur qui accentuent la fragilité du sol », expliquent les protestataires pour qui la situation qui prévaut dans l’ex-Michelet est la conséquence de mauvaises décisions prises par les gestionnaires successifs de la ville.
« Il faut situer les responsabilités et demander des compter à tous ceux qui ont participé à la décision de construire des bâtiments en R+5, alors quil y a quelques années, les autorités ont décidé d’arrêter la construction du marché couvert (aujourd’hui complètement rasé) situé sur ce terrain qualifié d’instable. En vertu de quelle étude technique les services d’urbanisme et toutes les autorités concernées ont autorisé la construction de tous ces immeubles avec un tel niveau de surélévation? », lancent-ils en guise d’interpellation des autorités qu’ils accusent d’être fermées au dialogue avec les propriétaires de ces biens.
A la négligence manifeste des autorités d’hier et qui a abouti au chaos que vit leur ville, ces propriétaires disent subir le mépris des représentants des pouvoirs publics aujourd’hui. « A part le maire et le chef de daïra qui sont dépassées, le wali refuse de discuter avec nous », déplore Lyazid Benyahia.
Cet homme et tous autres propriétaires refusent la fatalité de la démolition. Ils s’accrochent à l’espoir ténu de voir les autorités renoncer à cette opération. « Des solutions transitoires existent : traiter les immeubles en R+5 en démolissant les étages en surélévation, réparer le réseau d’assainissement de la ville et attendre deux ou trois ans pour voir si le sol se stabilise. Si seulement à partir de là qu’on peut déterminer s’il y a réellement danger », suggère Lyazid Benyahia.
Ces commerçants ne comprennent pas comment les autorités décident de leur enlever leurs biens qu’ils ont payés rubis sur l’ongle sans leur proposer de solutions à hauteur de leur drame
Samia Aït Iqbal.
« …Djillali Doumi, wali, insistera sur l’urgence de procéder à l’évacuation des occupants de toutes ces bâtisses en question avant de procéder à leur démolition ».???? Est-ce à dire que la démolition sans évacuation préalable pourrait être envisageable? Dans un pays où les gardes côtes ont, semble-t-il, maintes fois ouvert le feu sur des haraga en détresse en pleine mer, il faut s’attendre à tout … et surtout au pire. Allah yestar!
L’urbanisation anarchique « à la papa » dont soufre la Kabylie depuis le début des années kater-vingt est une conséquence directe du boomerang de l’émigration et du concept architectural qui s’en est suivi : « garages en dessous et appartemmas (1 pour caque garçon) au dessus ».
Le résultat est pour ainsi dire, catastrophique sur toute la ligne :
objectif de logement= zirou la gérération d’après à pris le large avec enfants et bagages laissant tous ces bunkers au vents.
objectif esthétique= ne reste que nos yeux pour pleurer.
objectif environnemental=danger toutes les collines de cette région sont, à terme, menacées de s’écrouler.
Bref, seule une démolition intégrale et pas qu’à Michelet de ces laideurs architecturale peut réhabiliter sa beauté d’antan.
Mwa, j’ai une proposition à faire aux citoyens (en dehors du cadre de l’état algérien, cela va sans dire) : dégager tout ce béton armé pour en faire des barrages et retenue d’eau (les vallées ne manquent pas) et reconstruire des maisons traditionnelles modernisées.