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Éducation nationale : les vraies questions

Le secteur traverse une crise multiforme

Éducation nationale : les vraies questions

Pour apprécier les réflexions de cette contribution, il est nécessaire d’avoir en tête ou de lire l’interview auparavant faite à Bachir Hakem, responsable syndical du secteur de l’éducation nationale.

Alors, on peut et doit poser la question fondamentale : qui cause réellement les problèmes : les travailleurs grévistes qui dépendent de ce ministère ou, au contraire, le ministère qui gère  ces travailleurs en grève ?

Certains renvoient dos-à-dos les deux parties, les accusant d’un même « refus du dialogue ». Quant à la chargée de ce ministère, tout le mal vient des grévistes.

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Or, Bachir Hakem, dans son interview, explique clairement que les diverses tentatives raisonnables pour rappeler au ministère les problèmes subis par les travailleurs de l’éducation, ces tentatives sont restées vaines. Et que ces travailleurs ont été contraints de recourir au moyen ultime : la grève illimitée.

Il faut être inconscient ou jouir de privilèges aveuglants pour ne pas admettre les problèmes évoqués par Bachir Hakem, pour critiquer cette grève illimitée et la résolution des grévistes à la maintenir tant que, finalement, tout au moins une partie fondamentale de leurs problèmes ne voit pas de solution de la part du ministère.

Cette institution est allé jusqu’à proposer comme « solution » aux problèmes non pas de les résoudre ou de commencer à le faire réellement, mais… d’interdire la grève et de… radier les grévistes !

Est-ce raisonnable ? Est-ce logique ?… Voilà un ministère qui gère mal le secteur, notamment ses travailleur-se-s, et quand ces dernier-ère-s, après avoir essayé toutes les voies de conciliation, se voient contraint-e-s au recours ultime, c’est encore elles et eux qui sont pointé-e-s du doigt pour être puni-e-s ! Et de quelle manière ? Par l’arbitraire qui nie le droit à la grève et le droit au travail dans des conditions dignes.

Or, dans tout système un tant soit peu raisonnable et logique, la grève est un instrument social adéquat pour les travailleurs quand d’autres moyens se révèlent inopérants à satisfaire leurs légitimes droits. Posons donc la question : ces droits ne seraient-ils pas légitimes ?… À lire les déclarations de la représentante du ministère, ils ne le sont pas ; à lire le représentant syndical, ils le sont. Or, depuis que l’espèce humaine existe, quand a-t-on vu un « responsable », privé ou public, avoir raison contre ses salariés ?

Dès lors, selon raison et logique, qui devrait être radié de son travail pour incompétence ? Les travailleurs de l’éducation ou la/les personnes chargées de gérer ce secteur de manière à ne pas provoquer de grèves légitimes ?

Voici une autre question dérangeante. Certains critiquent non pas les représentants du ministère mais les… grévistes pour le risque d’une année « blanche » en ce qui concerne les élèves.  Oui, certes, ce risque est réel. Mais demandons-nous qu’est-ce qui est le pire :

– une année « blanche » des élèves, mais qui contraindra les représentants du ministère à commencer à régler les problèmes des travailleurs du secteur, de manière à ce que dorénavant le travail éducatif se déroule dans des conditions satisfaisantes, du moins minimum ;

– ou une année mal faite, qui sera suivie par d’autres années aussi mal faites, comme c’est le cas jusqu’à aujourd’hui ?

Rappelons à notre mémoire et surtout à celle des « responsables » étatiques de ce secteur dit éducatif. Nous sommes dans l’année du cinquantenaire du mouvement social de mai 1968 en France. Quelle fut la cause qui le déclencha ?… Le refus des autorités universitaires de laisser les garçons se rendre dans les… chambres des filles. Comme disait quelqu’un : attention à ce que l’étincelle ne mette pas le feu à la plaine !… Et si cela arrive, la responsabilité ne revient pas aux travailleurs en grève mais aux « responsables » qui les y ont contraints. Car il faut ignorer complètement le monde du travail, ou être un fieffé hypocrite, ou, encore, être aveuglé par ses propres privilèges de membre d’une caste, pour croire que des travailleurs recourent à la grève uniquement pour « causer des problèmes ». N’est-ce pas totalement irresponsable et arbitraire que d’ignorer les revendications légitimes de ces travailleurs, et, comble de l’imposture, de les menacer d’interdire leur droit à la protestation par la grève, et de les licencier de leur travail ? Ce comportement autoritaire, pour ne pas dire dictatorial, est-il preuve d’ « éducation » ou, plutôt, de mal-éducation, pour ne pas dire de malédiction dont sont victimes les travaileur-se-s et les élèves de ce secteur ?… L’actuelle ministre s’était distinguée par l’effort de rendre l’institution éducative moins obscurantiste dans son contenu. Mais brandir la menace d’interdiction de grève et celle de radiation des grévistes est-il moins obscurantiste ?

Enfin, au sujet des problèmes du secteur de l’éducation, la raison et la logique doivent-elles porter les élèves et leurs parents à en accuser les grévistes ou, au contraire, les personnes dont la mauvaise gestion les a ont contraints à la grève ? S’il faut absolument radier, qui devrait l’être : les travailleur-se-s qui veulent simplement des meilleures conditions pour exercer leur mission, où les personnes qui gèrent mal ces conditions ?… Élèves et parents d’élèves ne devraient-ils pas  manifester le plus clair et ferme soutien aux travaileur-se-s de l’éducation, pour qu’enfin l’activité dans ce secteur méritasse le terme par laquelle elle est désignée ?

K. N.

Emailkad-n@email.com

Auteur
Kadour Naïmi

 




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